Lettre ouverte cosignée par Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, et un collectif du milieu des affaires.
Depuis le début de la pandémie, les intervenants du milieu constatent une hausse majeure du nombre de personnes en situation d’itinérance, dont celles qui vivent dans la rue. Le milieu des affaires souhaite se mobiliser pour réduire l’itinérance de rue et y mettre fin.
Avant la crise sanitaire, la situation était déjà particulièrement difficile dans la région du Grand Montréal, où se concentre l’essentiel de l’itinérance de rue au Québec. Selon le dénombrement des personnes en situation d’itinérance sur l’île de Montréal de 2018, il y avait 678 personnes qui vivaient dans la rue, soit 269 personnes de plus qu’en 2015. La pandémie et les mesures sanitaires mises en place pendant deux ans ont eu un impact très négatif sur les personnes en situation d’itinérance, et ces chiffres sont probablement très sous-estimés.
Le milieu des affaires de la métropole se préoccupe des personnes en situation d’itinérance de rue. Ce sont des individus extrêmement vulnérables, qui vivent dans des conditions plus que précaires et qui sont marginalisées par la société. Ces personnes qui vivent littéralement dans la rue, sont très peu portées à utiliser les ressources disponibles en itinérance telles que l’hébergement d’urgence.
C’est avec la volonté d’agir ensemble en faveur de mesures spécifiques pour les personnes en situation d’itinérance de rue que nous nous sommes unis afin de former la Coalition d’affaires pour mettre fin à l’itinérance de rue (CAMFIR).
48,6 millions de dollars sur quatre ans pour mettre fin à l’itinérance de rue
Notre coalition demande l’attribution d’un financement additionnel de 48,6 millions de dollars pour la période 2023 à 2026 afin de venir en aide à 1500 personnes en situation d’itinérance de rue. Avec le Plan d’action interministériel en itinérance 2021-2026 (PAII), les décideurs publics ont déjà montré qu’ils étaient sensibles à l’enjeu de l’itinérance.
Cependant, les mesures proposées dans le PAII ne ciblent pas les personnes en situation d’itinérance de rue. Nous sommes fermement convaincus que l’allocation de sommes visant spécifiquement ces personnes est essentielle dans le cadre d’une approche globale.
Soyons clairs, il ne s’agit pas de réduire le soutien public accompagnant les autres formes d’itinérance, mais de s’inspirer de la science pour répondre aux besoins de cette clientèle particulière.
Cet investissement doit venir soutenir des projets ciblés de type stabilité résidentielle avec accompagnement. Ceux-ci ont fait la preuve de leur efficacité lorsqu’ils ont été déployés grâce à des offres de logement répondant aux besoins et aux choix des personnes. Les projets assurent un vrai suivi des personnes bénéficiaires et une synergie entre les établissements publics, les organismes en itinérance et des OBNL. Cette approche s’articule autour du modèle « Logement d’abord », qui a déjà prouvé son efficacité dans des endroits comme Toronto, Calgary, la Finlande, la Norvège ou encore la France.
Surtout, ces projets permettent une réaffiliation sociale des personnes en situation d’itinérance de rue et un sentiment d’appartenance à la communauté.
Nous considérons de la première importance d’ajouter des mesures pour solutionner l’itinérance de rue qui s’appuient sur l’expertise des spécialistes du milieu.
Nous recommandons également au gouvernement de désigner une instance publique capable de planifier et de coordonner les projets ciblés de SRA nouvellement financés. Pour Montréal, le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, du fait de son mandat régional en itinérance, nous semble être l’instance toute désignée. Les recommandations de la CAMFIR sont disponibles dans un rapport ici.
La collaboration et l’implication des acteurs du milieu et du gouvernement du Québec sont essentielles. Il y a urgence, et le milieu des affaires, par le biais de la CAMFIR, souhaite apporter tout le soutien nécessaire pour aider les personnes en situation d’itinérance. Le gouvernement doit se montrer à la hauteur du défi et faire preuve d’ambition et de détermination pour mettre fin à l’itinérance de rue au Québec.
Une relance inclusive, harmonieuse, à portée sociale et communautaire est au cœur des préoccupations et des priorités du milieu des affaires. C’est justement, l’affaire de tous.
Signataires :
Linda Carbone
Directrice générale
BOMA Québec
Glenn Castanheira
Directeur général
Montréal centre-ville
Jean-Marc Fournier
Président-directeur général
Institut de développement urbain du Québec (IDU)
Murielle Kwendé
Directrice générale
Groupe conseil en développement de l’habitation (Groupe CDH)
Yves Lalumière
Président-directeur général
Tourisme Montréal
Michel Leblanc
Président et chef de la direction
Chambre de commerce du Montréal métropolitain