Texte d’opinion signé par Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre et Hubert Bolduc, président-directeur général de Montréal International, et publié dans La Presse+.
Mise à jour économique à Ottawa : l’occasion de renforcer notre environnement d’affaires
À Ottawa, l’automne rime avec mise à jour économique. L’exercice de cette année est particulier. La mise à jour que le ministre Morneau présentera dans les prochaines semaines sera la première depuis l’importante réforme fiscale opérée par le gouvernement américain.
Il est vrai que l’économie de notre métropole connaît actuellement une performance exceptionnelle. En 2017, elle a enregistré la croissance la plus forte depuis le début du siècle. Le nombre d’emplois a augmenté de 3,5 %, ce qui en fait la meilleure performance parmi les 20 plus grandes métropoles du Canada et des États-Unis. En 2017 seulement, plus de 2 milliards de dollars d’investissement d’entreprises étrangères ont été injectés dans l’économie de la métropole – un record historique! À ceci s’ajoute la récente entente en principe sur un accord entre les États-Unis, le Mexique et le Canada qui lève l’incertitude entourant les relations avec notre plus grand partenaire commercial.
Il faut toutefois rester lucide : des menaces réelles plombent actuellement cette conjoncture, aussi favorable soit-elle. L’incertitude entourant les impacts de la récente réforme fiscale américaine et un possible ralentissement de l’économie mondiale causée par la montée du protectionnisme en sont quelques exemples bien concrets.
Un environnement fiscal concurrentiel : la clé du succès
Le fardeau fiscal des Québécois est l’un des plus élevés en Amérique du Nord; il s’agit d’un fait bien connu. Plus encore, la réforme fiscale américaine entrée en vigueur au début de l’année 2018 a entraîné une perte de compétitivité fiscale lorsque l’on compare le taux combiné d’imposition fédéral-provincial canadien avec le nouveau taux en vigueur dans plusieurs États américains. Si le Québec et le Canada ont déjà détenu un avantage fiscal sur les juridictions américaines, celui-ci s’est depuis complètement érodé.
L’heure n’est plus à la réflexion. Il faut maintenant passer à l’action. Il est essentiel d’abaisser le fardeau fiscal des entreprises ainsi que celui des particuliers afin de combler l’écart de compétitivité fiscale qui s’est creusé avec les États-Unis. Le gouvernement fédéral doit également procéder, à moyen terme, à une réforme en profondeur du régime fiscal canadien des particuliers et des entreprises pour l’adapter aux réalités du 21e siècle.
Pour une gestion de programmes plus rapide et plus agile
Le Grand Montréal est en concurrence directe avec plusieurs juridictions nord-américaines qui bénéficient d’importantes aides fiscales et financières pour appuyer les projets d’investissement privé. Elles sont reconnues pour leur capacité à proposer rapidement des offres personnalisées en fonction des besoins des entreprises.
Pour demeurer concurrentielles, nos entreprises doivent aussi pouvoir s’appuyer sur des programmes d’aide prévisibles et au moins aussi avantageux que ceux en vigueur aux États-Unis. Ces programmes doivent être simples et souples, de façon à ce que les investisseurs aient un minimum de démarches à mener et de délais à supporter. Une des façons d’y parvenir serait de mettre en place des processus efficaces de préapprobation des demandes d’aide. Ainsi, une entreprise aurait en main toutes les informations nécessaires avant qu’elle ne prenne la décision d’investir au Canada.
Mettre en œuvre une stratégie intégrée de développement économique
Le milieu des affaires a salué vivement la valeur stratégique de l’initiative des supergrappes d’innovation, qui vise surtout à regrouper des entreprises de toutes les tailles, les établissements d'enseignement et les organisations sans but lucratif afin de générer de nouvelles idées et de propulser la création d'emplois dans des secteurs de pointe. Cette initiative fédérale a stimulé l’émergence de projets innovants et prometteurs pour notre économie. Il faut cependant que les investissements publics se concrétisent sans attendre. Nous estimons aussi qu’il est possible d’aller encore plus loin en regroupant de façon cohérente l’ensemble des initiatives actuelles à l’intérieur d’une stratégie économique globale.
La mise à jour budgétaire que le ministre Morneau s’apprête à faire est l’occasion de renforcer l'environnement d'affaires de nos entreprises afin de favoriser l'investissement, la création d'emplois et notre compétitivité.