Est-ce que quelqu’un croit que le commerce, celui qui a pignon sur rue, est ennuyeux?
La dernière décennie a vu croître les Airbnb, Netflix, Amazon, Communauto, Uber, Expedia et autres, qui ont bouleversé le paysage commercial des grandes villes. Montréal n’y a pas fait exception.
C’est tout le tissu commercial qui a dû s’ajuster. Ça ne s’est pas fait sans grincements de dents. On a décrié la concurrence déloyale, les pratiques d’évitement – voire d’évasion – fiscal. La règlementation en place a souvent été foulée aux pieds.
Et pourtant, alors que s’amorce une nouvelle décennie, ces nouvelles entreprises sont toujours là.
Il y a une bonne explication. Leur offre, très imparfaite, répond à des besoins des consommateurs. S’il y a un adage qui compte dans le commerce, c’est que le client est roi. S’il est satisfait, il va revenir. Il va en parler autour de lui, et d’autres vont se présenter. Quelques mois plus tard, c’est tout le marché qui aura changé.
Nous sommes en pleine révolution commerciale. Les technologies numériques, l’automatisation, et bientôt l’intelligence artificielle, vont créer des occasions inouïes. Pas besoin de regarder bien loin pour déceler les tendances et les besoins à combler.
Le client montréalais change. Il devient chaque jour plus conscient de son impact sur l’environnement. Il trie ses déchets et veut du vrai recyclage, pas juste de la récupération. Il veut que sa voiture soit électrique… s’il veut encore en posséder une. Il est prêt à essayer de nouveaux modes de transport actif. Pas nécessairement du vélo en hiver, mais sûrement du Bixi, peut-être électrique, et pourquoi pas une trottinette pour voir.
Le client montréalais est de plus en plus métissé. Les milliers d’immigrants qui s’intègrent demandent une offre alimentaire et des services encore plus variés. L’arrivée de touristes en nombre record crée de nouveaux besoins d’hébergement. La connaissance des langues étrangères n’a jamais été aussi appréciée dans les commerces.
Le client consomme différemment. Il magasine en ligne et devient souvent un expert des produits qui l’intéressent. S’il se rend au magasin, il faut que ça vaille la peine. Il veut de plus en plus y vivre une expérience agréable. Il voudra tâter le produit, se le faire expliquer… et bien souvent, il retournera chez lui pour conclure son achat en ligne.
Le client montréalais se fait de plus en plus livrer ses emplettes. Il se casse la tête pour trouver des solutions pour déjouer les minables voleurs de colis sur les perrons. De plus en plus, il a mauvaise conscience quand il voit le suremballage qui accompagne chaque paquet.
Le client décide différemment de son prochain voyage. Il achète ses forfaits en ligne. Il aime bien l’authenticité qu’offre l’appartement qu’il réserve sur un site spécialisé. Évidemment, il rechigne si c’est le logement de son voisin qui attire semaine après semaine des touristes bruyants, qui, en plus, ne savent pas quel est le jour des déchets.
Le client montréalais, amoureux de culture, passe des soirées bien différentes de celles de ses parents. Bien sûr, il apprécie la nouvelle pièce, le concert ou même la rare sortie entre amis pour aller voir un blockbuster. Mais très souvent, c’est au chaud, à la maison, qu’il enfile trois épisodes de sa série favorite. Il a le choix, maintenant que le nombre d’applications de contenu vidéo se démultiplie.
Même lorsqu’il recherche l’amour, le client montréalais procède autrement. Si l’époque des grands sites de rencontres semble révolue, c’est maintenant l’ère des rencontres virtuelles et des applications de mise en contact en temps réel. On sort toujours, oui, mais pas besoin de passer des heures dans des bars sombres en espérant une rencontre miraculeuse.
Que les entrepreneurs se lèvent!
Les nouvelles idées pour satisfaire les consommateurs ne manqueront pas. Est-ce que ce sera la livraison par drone en mode juste-à-temps, la voiture autonome qu’on utilise à la demande, les robots dans les hôtels, des avatars qui nous renseignent partout et sur tout? Probablement qu’il y aura des solutions qu’on arrive difficilement à imaginer aujourd’hui.
Si un jeune me demandait dans quelle direction aller, je lui répondrais : « Cherche une offre plus écologique, plus rapide, plus personnalisée. Et profite de l’énergie de Montréal! »
C’est d’ici qu’émergeront de grands succès d’innovation commerciale, j’en suis convaincu.