Texte signé par un collectif des milieux économiques, sociaux et environnementaux, et publié dans La Presse+. La liste des signataires suit le texte.
Les temps inédits que traversent le Québec et le monde entier ont amené les citoyens que nous sommes à revoir et à redécouvrir les besoins humains fondamentaux qui sont à la base de nos existences. Les anges gardiens de notre système de santé, les professionnels de l’éducation et les commis d’épicerie, pour ne nommer que ceux-là, n’avaient plus occupé l’espace médiatique collectif de la sorte depuis belle lurette et il était temps que nous les reconnaissions pour ce qu’ils sont : fondamentaux.
Les récentes directives de distanciation physique et de confinement à la maison nous ont également fait redécouvrir quelque chose que bon nombre d’entre nous tenaient pour acquis : la valeur d’avoir un chez-soi. L’importance de pouvoir compter, en temps de pandémie comme en temps normal, sur un toit sous lequel se sentir en sécurité. Le besoin essentiel de pouvoir offrir à notre famille un espace de vie digne, un logement où nous retrouver pour échanger, pour partager, pour nous rassurer, pour nous aimer.
Bref, pour se confiner chez soi, il faut avoir accès à un chez-soi ! Imaginez comment se déroule une période de confinement pour celles et ceux qui n’ont pas de toit sous lequel s’abriter… Comment passer dignement à travers une situation déjà assez anxiogène lorsqu’une même famille partage les quatre murs d’une seule pièce insalubre ? Que peuvent faire les milliers de femmes pour qui le confinement est source d’abus et de violence ? Face à la peur permanente, elles ont besoin d’un refuge.
Selon les chiffres du Recensement de 2016, 305 590 ménages locataires québécois vivent en ce moment dans un logement inadéquat ; imaginez un peu la détresse que procure un confinement obligatoire.
Les valeurs de solidarité et de résilience, glorifiées et encouragées dans le combat contre la COVID-19, sont essentielles pour la nation québécoise.
Nous n’avons pas le droit de fermer les yeux sur l’immensité des besoins en logements sociaux une fois la reconstruction entamée.
D’autant plus que la situation économique des ménages québécois est déjà durement affectée et que cela accentuera la demande en logements abordables.
Pourquoi ne pas faire d’une pierre deux coups en érigeant la construction de logements sociaux en véritable pilier des efforts de reconstruction de notre économie ? C’est un chantier qui sera générateur d’emplois, de richesses, de bien-être et une garantie que le Québec sera mieux préparé pour affronter les effets de la crise actuelle et celles à venir. Il s’agit d’ailleurs d’un élément important parmi les mesures récemment proposées au gouvernement du Québec par 15 leaders des milieux économiques, sociaux, syndicaux et environnementaux pour une relance solidaire, prospère et verte.
En effet, assurer un toit décent à tous les Québécois, surtout aux plus vulnérables de nos concitoyens, doit être plus qu’une simple possibilité, ce doit être un véritable projet de société !
Comme lors de maintes crises, le secteur de la construction sera une des clés de la relance économique post-COVID-19. S’engager pleinement à répondre aux besoins importants de logements dignes et abordables pour la population québécoise est une stratégie qui pourrait s’avérer extrêmement payante ! C’est prouvé, chaque dollar investi dans le développement du logement social et communautaire génère 2,30 $ en activités économiques et crée de l’emploi à l’échelle locale pour de multiples professionnels et entreprises associés à la construction immobilière.
Dans le contexte actuel, il serait plus qu’à propos que des investissements gouvernementaux importants soient faits dans la construction de nouveaux logements sociaux et communautaires par l’intermédiaire du programme AccèsLogis Québec. Une entente entre les gouvernements fédéral et du Québec dans le dossier du logement constituerait aussi un levier supplémentaire.
De plus, d’un point de vue environnemental, ces nouveaux investissements seraient l’occasion de construire des unités d’habitation communautaires écoénergétiques à proximité des projets structurants de transports collectifs. Dans les régions plus rurales, ces efforts de construction de logements sociaux constitueraient une occasion en or de revitaliser les noyaux villageois, des quartiers plus favorables à la marche, et d’encourager l’économie de proximité.
Conjuguer à des mesures de relance favorisant une économie sobre en carbone, l’achat local et l’innovation, l’investissement dans le logement social et communautaire nous semble un complément important pour bâtir une société plus résiliente et mieux équipée pour relever les défis d’aujourd’hui et de demain.
Les signataires :
Alain Marcoux
Président
Association des groupes de ressources techniques du Québec (AGRTQ)
Michel Leblanc
Président et chef de la direction
Chambre de commerce du Montréal Métropolitain (CCMM)
Béatrice Alain
Directrice générale
Chantier de l’économie sociale
Charles Milliard
Président-directeur général
Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ)
Mélanie Kéroack
Présidente et chef de la direction intérimaire
Chambre de commerce et d’industrie de Québec (CCIQ)
Garry Lavoie
Président
Caisse d’économie solidaire Desjardins
Christian Savard
Directeur général
Vivre en Ville
Colleen Thorpe
Directrice générale
Équiterre
Karel Mayrand
Directeur général Québec et Atlantique
Fondation David Suzuki
Martin Vaillancourt
Directeur général
Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec (RNCREQ)
Sylvain Gariépy
Président
Ordre des urbanistes du Québec
Isabelle Lizée
Directrice générale
Carrefour action municipale et Famille
Jean-Marc Chouinard
Président
Fondation Lucie et André Chagnon
Jacques Plante
Président
ALTIUS
Antoine Chaloub
Architecte propriétaire
Atelier Chaloub Architectes
Fouad Geara
Président
Groupe Module
Maxime Laporte
Directeur du développement, ventes et marketing
Groupe Quorum
Mark Owen
Associé principal
MONDEV
Mélanie Robitaille
Vice-présidente directrice générale
Rachel Julien
Marco G. Virone
Sidcan
Martin Montreuil
Président
Technic Développement