Texte intégral signé par Benoit Labonté, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, et publié dans Le Devoir. Le 24 septembre 2004 Le Conseil d'agglomération : tel que Montréal en a besoin De tous les chambardements entraînés par les résultats des référendums du 20 juin dernier, la création prochaine du Conseil d'agglomération constitue, de loin, la conséquence la plus positive pour l'agglomération urbaine de Montréal. Prévu dans la Loi 9 par le gouvernement du Québec, le Conseil d'agglomération constitue la réponse tout aussi pragmatique que nécessaire , à la nécessité de préserver, dans un contexte de défusions, les fonctions stratégiques essentielles au développement d'une véritable métropole. Ainsi, c'est au Conseil d'agglomération que reviendra la responsabilité de gérer les « compétences d'agglomération », c'est-à-dire, les champs d'activité qui doivent être administrés à l'échelle de l'île pour qu'ils le soient de façon efficace, intelligente, visionnaire et équitable. De ces compétences, plusieurs sont fondamentales pour une grande métropole internationale : pensons, entre autres, au développement économique, à l'environnement et à la gestion des eaux, au réseau artériel, au transport en commun, au Conseil des arts, à la sécurité publique, à l'évaluation municipale et aux équipements et infrastructures d'intérêt collectif. Il s'agit donc d'un appareil qui, en l'absence d'une ville couvrant l'ensemble de l'île, a toute sa raison d'être. C'est par le Conseil d'agglomération que Montréal pourra se développer, assumer véritablement ses aspirations de métropole et faire face à la vive concurrence que lui font les autres grandes villes du monde. Et parce que cette instance a toute sa raison d'être, il est tout aussi impératif qu'elle fonctionne de façon optimale. Fort heureusement, le ministre des Affaires municipales, du Sport et du Loisir a fait preuve de beaucoup de discernement et de réalisme quant à la constitution du Conseil d'agglomération et évité de répéter les erreurs de l'ancienne Communauté urbaine de Montréal (CUM). En effet, la CUM a fait la démonstration de la difficulté de gérer des ressources communes quand chacun des représentants autour de la table n'a à cur que de défendre ses intérêts locaux. Avec le système de double majorité requise, la CUM s'est trouvée trop souvent paralysée par un mode de fonctionnement qui encourageait l'obstruction plutôt que le compromis et la vision d'avenir. | Dans les circonstances actuelles, le nouveau Conseil d'agglomération où les décisions seront prises à la majorité des voix représente l'instance décisionnelle la plus susceptible de permettre l'expression du leadership décisif, de la cohérence et de la cohésion dont Montréal a besoin. Et parce qu'il y représentera près de 90 % de la population de l'île, le maire de Montréal qui sera d'office le président du Conseil aura toute la légitimité voulue pour exercer ce leadership. Voilà pourquoi il est si important de donner vie au Conseil d'agglomération dans la forme prévue par la Loi 9. Montréal est à une période critique de son histoire : elle possède de nombreux atouts, mais des ressources limitées pour les mettre en valeur. Seul un leadership fort, sensible aux intérêts supérieurs de l'agglomération, permettra la prise de décisions difficiles permettant de maximiser la progression de Montréal une progression dont nous avons cruellement besoin. Déjà, la métropole se classe au 26 e rang sur 26 parmi les grandes agglomérations d'Amérique du Nord pour ce qui est de la richesse produite par habitant. Dans les années à venir, le ralentissement démographique touchera Montréal plus rapidement que la majorité de ses concurrentes. Il nous faudra donc, entre autres choses, exceller dans l'attraction et la rétention de talents. Et cela sera d'autant plus difficile à accomplir si Montréal ne combine pas une offre exceptionnelle de dynamisme économique, de vitalité culturelle et de qualité de vie et d'environnement. Parce qu'il s'agira d'une instance où les énergies pourront être mises en commun et les coûts partagés équitablement, où l'esprit de clocher et le saupoudrage de ressources trouveront difficilement leur place, où prévaudra enfin une vision d'ensemble du développement de Montréal, le Conseil d'agglomération constitue un véhicule susceptible, plus que tout autre, de permettre à Montréal de rattraper des retards criants, et ce, rapidement. C'est pourquoi il faut opposer un non catégorique à ceux qui souhaitent y apporter des changements. La simplicité de la mécanique du Conseil d'agglomération est justement le principal gage de son efficacité. Tant et si bien qu'un léger ajustement d'apparence cosmétique au fonctionnement du Conseil d'agglomération pourrait nous laisser avec un véhicule sur lequel il ne resterait plus que
le neutre et la marche arrière. |