Texte intégral signé par Isabelle Hudon, présidente et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, et publié dans Les Affaires.
Le 22 juin 2006
Québec, investisseur privilégié dans la réussite des grands festivals
Les grands festivals tels que le Festival International de Jazz de Montréal, les Francofolies de Montréal, le Festival Juste pour Rire ou le Festival d'été de Québec, pour n'en nommer que quelques-uns, font indéniablement partie des grandes réussites que connaît le Québec. Non seulement ces événements génèrent-ils de très importantes retombées économiques : ils en sont venus à définir un large pan de notre personnalité touristique.
Si ce modèle d'événement populaire, accessible à toute la population à travers d'imposants volets gratuits, a été un modèle un peu partout dans la province, c'est notamment parce que les grands festivals ont su s'établir et qu'ils ont reçu le soutien approprié pour le faire.
Au moment où le gouvernement du Québec amorce une réflexion sur le financement de ces événements, l'idée d'appuyer de nouveaux joueurs qui voudraient eux aussi faire leur place et contribuer à l'attrait touristique du Québec est, à première vue, tout à fait louable. Ce qui l'est beaucoup moins, serait d'amputer le soutien aux grands festivals « matures » pour y arriver.
Les gouvernements du Québec et du Canada occupent une position unique d'investisseur en matière de festivals bien plus, à vrai dire, que les organisateurs eux-mêmes. En effet, les gouvernements, à travers les revenus de taxation, engrangent directement les retombées de ces grandes manifestations populaires. Et le rendement sur l'investissement est presque aussi spectaculaire que les spectacles eux-mêmes. Dans le cas du Festival International de Jazz de Montréal, par exemple, Tourisme Québec assume 5 % du budget de l'événement, ce qui correspond à un dépense de 2 $ pour chaque touriste que le festival attire. Or, le revenu que la présence de ce touriste génère pour le gouvernement du Québec est de
46 $ !
Le gouvernement du Québec s'est fixé comme objectif d'atteindre, d'ici 2010, des recettes touristiques de 13 milliards $. S'il est sérieux dans la poursuite de cet objectif, il saura garder en tête l'important retour sur l'investissement que lui procurent les grands festivals du Québec. Il n'oubliera pas non plus que l'expertise développée par ces grands festivals est celle qui nourrira et qui contribuera à la naissance de nouveaux événements. Et par-dessus tout, il maintiendra son appui aux grands festivals pour qu'ils continuent d'être, de grands événements exceptionnels : parce que ce sont eux qui consolident notre renommée culturelle sur la scène internationale et que c'est justement en étant ce qu'ils sont qu'ils peuvent attirer des touristes de partout dans le monde et générer des revenus qui profitent à tout le Québec.