Présentation au comité ministériel sur la pauvreté, organisé par le CRDÎM Le 26 novembre 2001 - Le domaine de la lutte à la pauvreté et à l'exclusion n'en est malheureusement pas un où l'on s'attend habituellement à retrouver des représentants du milieu des affaires, que ce soit pour discuter de la situation ou participer activement à l'application de mesures concrètes. Pourtant, au delà des stéréotypes d'une communauté d'affaires recluse dans ses grandes tours du centre-ville et protégée de la conscience même de l'existence des problèmes aigus de pauvreté dans la région métropolitaine de Montréal, il existe de nombreux liens - souvent méconnus - entre le milieu des affaires et celui de la lutte à la pauvreté. Pour la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, il importe de faire connaître ces liens et de contribuer à en tisser d'autres. D'emblée, un point mérite d'être précisé : la Chambre ne représente pas que des patrons et des employeurs. Une grande partie de son membership - 7 000 personnes - est composée d'individus - travailleurs autonomes, simples salariés - qui ont à cur le développement économique de la région métropolitaine de Montréal; un développement économique qui, pour avoir les attributs souhaitables de durabilité, doit bénéficier à l'ensemble de la population. En ce sens, il est tout à fait naturel pour la Chambre d'être pleinement consciente de l'importance de travailler à ce que le développement économique profite à tous. Aussi la Chambre est d'avis qu'il est tout à fait dans l'intérêt de ses membres de s'intéresser et de se préoccuper du problème de la pauvreté et de l'exclusion à Montréal. Le récent processus de consultation mené par le Conseil régional de développement de l'île de Montréal (CRDÎM) et dont les conclusions ont été présentées au Gouvernement du Québec à l'intérieur d'un " Avis sur la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté ", a permis de dégager un ensemble de recommandations auquel la Chambre souscrit de façon générale. Parmi ces recommandations, la Chambre considère qu'il est de mise de mettre l'emphase sur la spécificité du problème de pauvreté sur le territoire de Montréal et sur le besoin d'apporter des mesures qui correspondent à cet état de fait. En effet, le problème de pauvreté à Montréal a une plus grande ampleur que partout ailleurs au Québec. Aussi, les types de pauvreté et les exclusions qu'on y retrouve par grands pans de sa population lui sont tout à fait particuliers. À titre d'exemple, mentionnons la pauvreté associée aux nouveaux arrivants - en provenance d'autres pays tout autant que des autres régions du Québec - à l'itinérance, ou encore le problème d'accessibilité à des logements décents, à coûts abordables. La reconnaissance de cette spécificité devrait se traduire par l'adoption et l'application de mesures tout aussi spécifiques. En insistant sur ce point, la Chambre met de facto en garde le Gouvernement contre la tentation d'appliquer les mêmes mesures, de style " mur à mur ", à l'ensemble du Québec. Au contraire, la Chambre est d'avis que l'éventuelle politique gouvernementale de lutte contre la pauvreté devrait être clairement caractérisée par des mesures régionales, émanant de perspectives et de décisions régionales, financées à partir de budgets régionalisés et administrées régionalement. | Dans le cas de Montréal, une telle perspective régionale impliquera l'adoption d'une approche tenant compte de l'ensemble de la grande région métropolitaine - l'équivalent du territoire couvert par la nouvelle Communauté métropolitaine de Montréal (CMM). En effet, si tous conviennent que Laval est politiquement distincte de Montréal, sur le plan économique, elle demeure intimement liée à l'île de Montréal; si bien qu'il serait naïf de croire que les problèmes de pauvreté et d'exclusion d'un côté de la Rivière des Prairies n'influencent pas le développement économique de l'autre. Un autre point auquel la Chambre accorde une grande importance et qui fait partie des axes d'intervention identifiés par le CRDÎM est celui de l'éducation et de la formation. D'emblée, la Chambre juge qu'il est urgent d'accroître - et de maintenir à un haut niveau - le financement du système scolaire du Québec, de la première à la dernière année; de la maternelle à l'université, en passant par la formation technique et professionnelle. Dans cet ordre d'idées, la lutte au décrochage scolaire est un domaine où la Chambre s'est fait un devoir d'être active, et ce depuis plusieurs années, à travers des initiatives telles que ses programmes Retour à l'école et Polyglobe. Ces programmes, qui s'adressent aux jeunes du secondaire de l'île de Montréal, permettent un rapprochement entre les étudiants et le monde du travail, tout en contribuant, nous l'espérons, à réduire le nombre de décrocheurs. La Chambre se donne également le mandat de sensibiliser et de mieux informer ses membres de l'ensemble du Montréal Métropolitain sur la situation de la pauvreté. Ainsi, dans son " Tableau de bord ", notre bulletin trimestriel sur les indicateurs économiques de la région de Montréal, la Chambre inclura désormais des indicateurs pertinents sur la situation de la pauvreté et, souhaitons-le, sur son amélioration. De plus, l'un des quatre nouveaux comités de la Chambre, celui sur les Affaires sociales, sera entre autres mandaté d'aborder les questions de pauvreté et d'exclusions et de réfléchir à d'autres actions concrètes et complémentaires pouvant être prises par la communauté d'affaires. D'une certaine façon, le monde du travail doit trouver le moyen non seulement de valoriser les individus qui le compose, mais aussi les entreprises qui s'impliquent et contribuent à la vie communautaire. Déjà, certaines entreprises produisent un " bilan social ". La Chambre leur suggère d'aller plus loin et d'y ajouter un " bilan communautaire ". Tant à travers sa participation active au CRDÎM que par ses autres implications, la Chambre compte maintenir ses efforts afin d'établir des ponts et de tisser des liens féconds et durables entre le milieu des affaires, les intervenants publics et les groupes communautaires et non gouvernementaux. Tant l'ampleur du problème de la pauvreté à Montréal que les bénéfices collectifs d'une réduction de l'exclusion justifient cette attitude de collaboration et de concertation. |