Discours prononcé par M. Alain Simard
Président-directeur général de l'Équipe Spectra
Le 10 décembre 2002
LA CULTURE ET LES COMMUNICATIONS COMME AXE DE DÉVELOPPEMENT POUR MONTRÉAL
Oui, le monde a changé depuis 25 ans, et il va continuer de changer, pour le meilleur ou pour le pire
Chez Spectra, même si ça peut sembler naïf, nous avons toujours eu comme motivation première, le désir de partager notre passion pour la culture, d'élargir les horizons du monde, de leur faire découvrir de nouveaux artistes venus de partout, en offrant au grand public des contenus culturels novateurs et de grande qualité. Et on croit encore que ça vaut la peine de faire notre petite part pour faire évoluer le monde.
Vous savez, il y a 25 ans, quand j'organisais des spectacles «underground» depuis ma «commune hippie», j'étais loin de me douter que je développais de nouvelles approches marketing pour rejoindre une clientèle qui deviendrait bientôt très convoitée : «les babyboomers». Puis quand nous nous sommes diversifiés, un peu instinctivement, dans le disque, la télévision, les produits dérivés et les salles de spectacles, c'était d'abord et avant tout pour contrôler la qualité artistique de nos projets et leur distribution... on n'avait jamais entendu le mot «convergence» ! Mais ce dont je suis le plus fier, c'est d'avoir contribué à bâtir une nouvelle industrie du divertissement et de l'événementiel en développant de nouveaux créneaux inexploités, en inventant souvent de nouvelles formules, plutôt que de concurrencer ce qui existait déjà, et en partageant le fruit de nos succès avec nos partenaires et employés.
Il faut savoir que L'Équipe Spectra amène de l'eau au moulin à toute l'industrie culturelle avec qui elle fonctionne en complémentarité avec une éthique irréprochable : nous louons nos salles aux autres producteurs qui seraient normalement nos compétiteurs; nous engageons leurs artistes dans nos festivals ou nos émissions télé, et jamais, en 25 ans nous n'avons été accusés de maraudage, de favoritisme ou de conflit d'intérêt. Nous avons d'ailleurs depuis nos débuts un code d'éthique rigoureux, dont l'application est vérifiée par la SODEC, et qui régit toutes les transactions de l'Équipe Spectra avec les festivals qui sont des organismes à but non lucratif. Et j'aimerais en profiter pour remercier aujourd'hui tous les partenaires qui nous ont appuyés depuis 25 ans car on n'aurait pas pu bâtir ça tout seul : on avait peut être la foi qui transporte les montagnes, mais pas le porte-monnaie
C'est sans doute grâce à cette passion authentique que nous avons pu développer une vision et une crédibilité qui nous ont mérité l'appui des médias, des pouvoirs publics et des commanditaires sans qui nous n'aurions jamais pu réaliser nos rêves les plus fous.
Je dois dire qu'on n'était quand même pas les seuls à rêver il y a 25 ans ! Combien d'autres lançaient à cette époque soit une troupe de danse ou une troupe de théâtre, (ou même un cirque !), soit une compagnie de production télévisuelle ou de cinéma, soit un magazine, une nouvelle station FM, une maison de disques ou d'édition, un projet multimédia, un atelier de décors, une galerie d'art, un studio de son, une petite agence de publicité, un cinéma parallèle, un café d'artistes ou un restaurant nouvelle cuisine.
Il y a 25 ans, alors que tous ces jeunes profitaient des loyers modiques d'un centre-ville au marché immobilier à tout le moins morose, qui aurait pu imaginer que l'effervescence culturelle qui en découlerait deviendrait un jour un avantage stratégique dans le positionnement international de Montréal et que sa personnalité festive deviendrait le symbole de sa qualité de vie, à tel point que d'autres grandes villes, comme Toronto, deviendraient jalouses de son «indice bohémien» !
Depuis trois ans, presque tous les grands magazines internationaux, de National Geographic Traveler à Wallpaper Magazine en passant par Condé Nast et Travel & Leisure, ont classé Montréal dans leur palmarès des villes les plus «trendy» de la planète, à cause de sa qualité de vie, de ses festivals et de son activité culturelle. On compare son dynamisme à celui de Barcelone ou de San Francisco
C'est un fait que le centre-ville de Montréal bouillonne aujourd'hui d'activités diverses, démultipliées grâce à son bilinguisme et son multiculturalisme : nous avons ainsi accès à un choix inouï de productions aussi bien locales qu'américaines ou européennes de même qu'à une foule de lieux et d'activités pour agrémenter nos sorties.
Lors d'un récent sondage auprès de ses clients, Destination Centre-Ville, l'association des marchands de l'artère commerciale la plus achalandée au Canada, la rue Sainte-Catherine, découvrait que le divertissement est la motivation première de cet achalandage, et ce, dans 51 % des cas. Ce sont donc les spectacles, les cinémas, les festivals, les restaurants et les bars qui attirent la majorité des gens qui en profitent pour magasiner
Si l'on veut préserver et maintenir cette effervescence propre à l'expérience montréalaise, il faut aujourd'hui prendre des mesures pour protéger et stimuler le milieu de la création culturelle qui est à l'origine de cette personnalité distinctive. Pour ce faire, il faut bien sûr augmenter significativement le budget du Conseil des arts de Montréal, tel que promis par l'administration municipale, ce qui lui permettrait de s'impliquer davantage dans la création d'uvres originales dans les institutions du centre-ville, notamment dans le cadre des grands festivals qui doivent constamment offrir des contenus culturels crédibles pour conserver leur couverture de presse internationale et ce n'est pas le rôle des subventions de développement économique ou des commandites privées de leur donner la marge de manuvre pour le faire.
Il faudra aussi trouver la façon de compenser pour la «gentrification» croissante de l'arrondissement Ville Marie et la hausse de sa valeur locative, histoire de ne pas évincer les artistes et créateurs qui auront contribué à son succès
Il importe donc de prévoir des mesures incitatives pour favoriser l'accueil ou la relocalisation des petits organismes culturels et des créateurs pour retenir et favoriser leur concentration dans le secteur.
C'est pour cette raison que je proposais, lors du récent Sommet de Montréal, de prioriser le domaine de la culture et des communications comme axe de développement pour l'est du centre-ville, en y incluant la «Cité des Ondes» (SRC, TVA, TQ), le quartier Latin et ses institutions du savoir, le futur «quartier des spectacles» et le Vieux Montréal avec sa vocation patrimoniale, muséale et touristique.
Voilà une avenue naturelle pour le développement du centre-ville de Montréal où sont déjà concentrés 80 % des emplois du domaine de la culture et des communications au Québec, soit plus de 100 000 personnes qui en façonnent la personnalité, d'autant plus que la plupart des autres grands secteurs économiques comme l'industrie pharmaceutique, les biotechnologies ou le secteur de l'aérospatiale sont généralement localisés en périphérie. En outre, cette stratégie est des plus structurantes pour l'industrie touristique qui crée, ne l'oublions pas, plus de 64 000 emplois principalement concentrés dans le centre-ville. Il faut savoir qu'à Montréal, les hôteliers paient annuellement près de 200 millions de dollars en taxes foncières et 100 millions de dollars en TPS et TVQ. N'oublions pas qu'il s'agit d'argent neuf dans notre économie, parce qu'il provient des touristes venus d'ailleurs
.Tout ça pour dire que ces secteurs économiques constituent certainement la base sur laquelle peut se construire l'avenir de l'arrondissement Ville Marie et de Montréal.
Pourtant, il y a 25 ans, la culture, le divertissement et le tourisme étaient souvent considérés comme les parents pauvres de la «grande industrie» et du monde de la finance, avec des emplois jugés précaires et sans avenir
Qui aurait cru que ces secteurs deviendraient des locomotives de l'économie de l'an 2000, selon l'Organisation mondiale du commerce.
Lors du colloque «Tourisme et divertissement» organisé le mois dernier par la Chaire de tourisme, on apprenait que la tendance touristique en plus forte croissance dans le monde sont les séjours urbains de courte durée et qu'ils sont intimement liés à l'expérience culturelle et à l'ambiance que peut offrir une grande ville. On y démontrait que les festivals et événements de même que les complexes thématiques de divertissement, les casinos et les musées contribuent à positionner une ville sur l'échiquier international, «favorisant la venue d'investisseurs, la tenue de congrès, l'arrivée de nouveaux citoyens et enfin la revitalisation et la prospérité de la cité». Selon Robert Sprazzichino, expert européen en matière d'aménagement urbain, «la culture, le tourisme et les loisirs sont aujourd'hui considérés comme des facteurs essentiels et même comme des moteurs de régénération et de redynamisation urbaine».
Montréal n'a peut-être pas de Statue de la Liberté, de tour Eiffel ou de Disneyworld, mais elle jouit maintenant d'une réputation enviable, celle d'être la «Ville des festivals». Et cette «marque de commerce», cette personnalité distinctive exploitée avec succès par Tourisme Montréal depuis quelques années, a permis cet été à Montréal de «surclasser» pour la première fois Toronto et Vancouver, à la fois pour le nombre de touristes étrangers et pour le tarif moyen des chambres d'hôtel. Après les événements du 11 septembre, nous étions la seule ville canadienne à connaître une augmentation du taux d'occupation des hôtels !
Il y a 25 ans, quand j'écrivais, dans une demande de subvention pour la création du Festival International de Jazz de Montréal «qu'un jour, cet événement attirera des milliers de touristes américains», je peux vous dire que j'ai sérieusement fait rire de moi
et ça a pris 5 ans avant de finalement toucher une première subvention de 10 000 $ !
Même moi, je n'aurais jamais cru que ce projet quelque peu utopique puisse devenir un jour l'un des plus importants festivals au monde avec 1,7 million de participants, et même être choisi par Attractions Canada comme l'une des 8 principales attractions touristiques au pays, avec les chutes Niagara et les Rocheuses !
Depuis plusieurs années, un participant sur cinq au Festival de Jazz vient de l'extérieur de Montréal, la moitié en provenance des États Unis, soit une personne sur dix. Le plus remarquable, c'est que 86 % des visiteurs du Québec et 80 % des touristes étrangers sont venus à Montréal spécifiquement à cause du Festival de Jazz! Et, selon l'étude effectuée par KPMG en 2001, ces seuls touristes venus au Festival de Jazz ont dépensé à Montréal 44,5 millions de dollars, générant 10 millions de dollars de recettes fiscales pour le gouvernement du Québec et 7,2 millions de dollars au fédéral - toujours de l'argent NEUF dans notre économie et près de 10 fois ce que le Festival a reçu en fonds publics !
Même les FrancoFolies, un événement en croissance qui touche principalement les jeunes et les communautés culturelles, à qui nous voulons donner le goût de la musique francophone, rejoignent maintenant 18 % de touristes dont les 2/3 proviennent de l'extérieur du Québec, avec un total de 700 000 visiteurs en dix jours. Quand on y ajoute le Grand Prix de Formule Un qui démarre la saison d'été en lion, La Feria du Vélo, Juste Pour Rire, Le Mondial SAQ, les Internationaux de Tennis du Canada et le Festival des Films du Monde qui vient clôturer «l'été des festivals», on obtient une masse critique d'événements qui assurent un rayonnement international ininterrompu pour Montréal pendant trois mois, avec des télédiffusions multiples dans des dizaines de pays à longueur d'année.
Et souvent, les événements montréalais ont ceci d'unique au monde qu'ils ont la capacité d'accueillir des centaines de milliers de spectateurs avec des activités d'animation urbaine gratuites, dans les rues du centre-ville fermées à la circulation automobile, alors qu'ailleurs ils se limitent à des sites fermés et souvent payants.
Il faut savoir qu'en conséquence les organisateurs sont souvent seuls à couvrir tous les coûts d'aménagement, de programmation, de sécurité, de nettoyage et de publicité pour des activités qui rapportent à tous sauf à eux. De là le besoin d'un apport indispensable des commandites privées et des aides gouvernementales pour assurer la survie de cette jeune industrie typiquement québécoise, souvent subventionnée à moins de 20 % de son budget alors que ses concurrents internationaux le sont souvent de 40 % à 60 %, grâce à des taxes dédiées à l'hébergement, comme à la Nouvelle Orléans, Chicago ou Edimbourg.
Une récente étude de KPMG pour le compte du REMI (Regroupement des Événements Majeurs Internationaux) démontre que ces dix-neuf événements représentent globalement une activité économique de 300 millions de dollars, créant plus de 7000 emplois annualisés au Québec qui génèrent directement plus de 58 millions de dollars de recettes fiscales pour le gouvernement du Québec, et ce, sur les seules dépenses des touristes, en plus des 10 millions de dollars encaissés à même les dépenses des événements eux-mêmes!
C'est pourquoi il faut saluer la vision du gouvernement du Québec pour avoir créé, il y a trois ans, un fonds de 10 millions de dollars par année pour soutenir cette industrie et l'aider à développer son produit, un investissement qui a donc profité à toute la société, ayant provoqué une croissance des retombées touristiques de 23 % en seulement deux ans! De plus, chaque dollar investi dans les événements a été multiplié par cinq grâce à l'effet de levier qu'il a donné aux organisateurs pour aller chercher plus de commandites et de revenus du grand public!
C'est pourquoi il est indispensable pour les événements que soit renouvelé ce fonds triennal qui échoit cette année, histoire d'en conserver leurs acquis et maintenir leur potentiel de croissance. Il est de plus impératif que le gouvernement fédéral (qui touche lui aussi près de 40 000 000 $ d'argent neuf chaque année) reconnaisse enfin cette activité économique et touristique florissante, même si elle est surtout concentrée au Québec. Les événements souhaitent évidemment qu'Ottawa crée un programme normé pour aider à financer leurs infrastructures temporaires, en remplacement du programme quelque peu controversé des commandites
Il faut se rappeler que si d'aucuns ont questionné les modalités d'attribution de ces programmes gouvernementaux, personne n'a jamais remis en question la pertinence d'investir des fonds publics dans les grands événements populaires et touristiques. Il faudrait donc faire attention de ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain
Fort de ce succès, nous avons devant nous un défi pour maximiser l'impact des événements à longueur d'année pour Montréal : la désaisonnalisation. C'est donc pour consolider l'image de la «Ville des festivals» comme destination culturelle et gastronomique, même dans la saison creuse d'hiver, que nous avons créé en collaboration avec Tourisme Montréal et les trois paliers de gouvernement, le Festival MONTRÉAL EN LUMIÈRE.
Ce projet, retenu comme une des priorités du Sommet économique de 1996, regroupe au sein de son conseil d'administration les représentants des milieux économique, touristique et culturel, dont la Chambre de commerce, l'Association des Hôteliers et la Place des Arts.
Après seulement trois ans, déjà près d'un demi-million de visiteurs, dont 15 % venus de l'extérieur de Montréal, étaient comptés l'hiver dernier aux différentes activités des trois volets de l'événement : la Fête de la lumière Hydro Québec, les Plaisirs de la table SAQ et les Arts La Financière Sun Life.
En association avec les Productions l'Entracte (à qui l'on doit le récent défilé du Père Noël), nous nous attaquons maintenant à la saison automnale en collaboration avec les marchands du Vieux Montréal et le Vieux Port : dès octobre prochain, «La Grande Mascarade, la fête de l'Halloween» transformera ces sites historiques en des lieux magiques et mystérieux qui pourront accueillir de grandes foules avec de multiples activités gratuites aussi amusantes qu'épeurantes
Cette nouvelle fête populaire possède un énorme potentiel de croissance et vise à moyen terme à devenir l'un des événements majeurs entourant l'Halloween et la fête des Morts en Amérique du Nord, une autre façon de confirmer la réputation festive et ludique de Montréal à longueur d'année.
Dans la foulée de cet objectif qui fait largement consensus, il faut retenir deux grandes tendances qui se sont imposées au colloque Divertissement et tourisme (où je prenais d'ailleurs la parole, en compagnie de Normand Legault, du Grand Prix de Formule Un, et Daniel Lamarre, du Cirque du Soleil) : la création de mégacomplexes culturels et de divertissement, de même que la «thématisation» comme stratégie de «branding» pour consolider le positionnement d'une ville comme destination internationale. Comme ils répondent à ces critères déterminants, j'ai choisi pour terminer mon exposé de vous parler brièvement de projets qui me tiennent particulièrement à cur : le Complexe Spectrum, la future Place des festivals et le Quartier des spectacles.
Il y a 20 ans exactement, quand nous avons lancé le Spectrum dans l'ancien cinéma Alouette (là-même où mon père m'avait amené voir Bambi pour ma première sortie au cinéma), jamais nous n'aurions imaginé que cette salle pourrait devenir ce lieu mythique du spectacle montréalais, encore moins qu'elle serait un jour au cur de la revitalisation de la rue Sainte Catherine.
Après avoir déménagé le Festival International de Jazz de Montréal dans ce secteur pour profiter de ses nombreux terrains vacants et de la proximité d'une dizaine de salles de spectacles, je peux vous dire que je connais ce quadrilatère situé entre Bleury et Jeanne Mance comme le fond de ma poche. Depuis 20 ans, je rêve de voir revitalisé ce no man's land, avec ses quatre stationnements à ciel ouvert et ses deux terrains vagues qui coupent encore la Place des Arts et le Complexe Desjardins du reste du centre-ville. C'est d'ailleurs là que se situe la véritable démarcation entre l'Est et l'Ouest de Montréal : aussi bien les anglophones que les francophones s'y sentent chez eux, que ce soit au Spectrum ou au Festival de Jazz.
Construit sur un terrain d'un acre situé angle Bleury et Sainte Catherine, le Complexe Spectrum comprendra l'actuelle salle de spectacles ainsi qu'un club de jazz, quatre nouvelles salles de cinéma Ex Centris et neuf salles de cinéma Alliance Atlantis, des restaurants, une librairie / disquaire ainsi qu'une billetterie centrale, ouverts tous les soirs. Jouxtant la future Place des festivals et en face du nouveau Complexe de 280 millions de dollars annoncé par le gouvernement du Québec (comprenant les Conservatoires de Musique et de Théâtre ainsi que la future salle de l'OSM), nous voulons faire du Complexe Spectrum le vaisseau-amiral du Quartier des spectacles, un haut lieu de la culture populaire montréalaise, toujours dans la mire des caméras de Musique Plus et de Musimax, situés de l'autre côté de la rue Bleury.
Incidemment, cet investissement de 40 millions de dollars, réalisé par l'Équipe Spectra en partenariat avec Daniel Langlois d'Ex Centris et la SGF, générera suffisamment de nouvelles taxes foncières pour permettre à la Ville de Montréal de recouvrer son investissement de six millions dans la Place des festivals en seulement quatre ou cinq ans. Ce projet d'agora publique, annoncé par le maire de Montréal et le premier ministre Bernard Landry le printemps dernier viendra compléter cette revitalisation du centre-ville tout en assurant la pérennité du plus beau site d'animation urbaine au monde. Ce nouveau lieu public, qui pourra être utilisé comme patinoire l'hiver, servira à tous les Montréalais à longueur d'année et deviendra une attraction touristique à la façon du Rockfeller Plaza, à New York, ou encore de la Place d'Youville, à Québec.
Il faut se réjouir de voir tous ces projets qui vont transfigurer le centre-ville de Montréal d'ici cinq ans, avec des investissements évalués à 350 millions de dollars. Mais on est loin du milliard déjà engagé par Toronto pour en faire la «capitale culturelle du Canada».
Pour garder un de nos rares avantages stratégiques de Montréal, je crois qu'il faut se retrousser les manches et se donner en priorité comme objectif commun de concrétiser l'aménagement du Quartier des spectacles, une des pistes d'action principales issues du Sommet de Montréal. La beauté de ce projet de l'ADISQ, c'est qu'il vise d'abord à consolider des acquis et des équipements culturels qui n'ont jamais été mis en valeur comme un tout : il existe dans l'axe de la rue Sainte Catherine, entre Bleury et Saint Denis (et sur Saint Laurent), une masse critique de 25 salles de spectacles et théâtres qui totalisent (avec la nouvelle salle de l'OSM) 28 000 sièges, alors que Broadway en compte 46 000 à New York. Il s'agit donc de structurer, de revitaliser et d'embellir ce quartier aussi connu comme le site des grands festivals, en le «thématisant» officiellement comme «quartier des spectacles» pour maximiser son pouvoir d'attraction au moyen d'une intervention urbanistique prévoyant une signalisation propre, un mobilier urbain et un plan d'éclairage spécifique, ainsi que des services d'entretien et de sécurité accrus.
Pour en exploiter tout son potentiel de développement touristique, il faudra relier le Quartier des spectacles par des axes piétonniers invitants avec le Palais des Congrès, le Vieux Montréal, la Cité internationale et le Quartier des affaires. Tourisme Montréal et les organismes culturels travaillent déjà à créer une billetterie centrale accessible aux touristes et congressistes séjournant dans les grands hôtels pour prolonger leur séjour et avoir un impact à long terme dans la forfaitisation de la destination.
Le momentum est mûr pour une action collective et concertée, à l'heure où d'autres projets structurants sont à l'horizon, dont l'agrandissement du Musée Pointe à Callières, la revitalisation de La Ronde par Six Flags et surtout l'investissement de 470 000 000 $ dans le Casino pour en faire un équipement de classe internationale afin d'en augmenter la vocation touristique.
De la même façon que nous avons réussi la revitalisation du Vieux Montréal et du Vieux Port depuis 10 ans, puis du Quartier international qui s'apprête à voir le jour avec un Palais des congrès agrandi (qui nous permettra de garder notre titre de 4e ville de congrès dans le monde - encore de l'argent neuf !), nous devons concrétiser aujourd'hui nos énergies dans l'aménagement et la mise en valeur de ce Quartier des spectacles, investir encore plus dans la création culturelle pour renforcer la personnalité festive et ludique du centre-ville, locomotive du développement économique, social et culturel de la région métropolitaine.
C'est un investissement à la fois pour la qualité de vie de tous les citoyens, et un acte de foi dans l'avenir de Montréal comme métropole culturelle internationale et l'une des grandes destinations de la planète.