Discours - conférencier :M. Guy Fréchette, présidentDiscours du président élu à l'Assemblée annuelle des membres


Discours prononcé par M. Guy Fréchette
Président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain

Le 2 octobre 2001

Discours du président élu - Assemblée annuelle des membres

Remerciements

Mesdames et messieurs de la table d'honneur, distingués invités, chers collègues. C'est un plaisir et un grand honneur de vous livrer quelques réflexions à l'occasion de cette rencontre, qui constitue le lancement de la saison 2001-2002 des activités de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

C'est avec beaucoup de fierté que j'ai accepté la présidence de la Chambre cette année, au moment où une foule de nouveaux défis s'offrent à nous, Montréalais, à l'arrivée de cette nouvelle ville, le 1er janvier prochain.

Permettez-moi cette confidence : devenir président de la Chambre offre d'importants privilèges comme, par exemple, celui de se faire souhaiter une bonne année dès la fin de septembre…

Peut-être devrais-je commencer dès maintenant à transmettre mes vœux à chacun de nos 7 000 membres, car nous aurons, encore une fois, un agenda fort chargé.

Forte de ses 179 ans de tradition, la Chambre demeure la plus influente et la plus prestigieuse tribune du milieu des affaires de la métropole et cette année encore, elle aura plusieurs occasions de démontrer la pertinence de sa mission.

Nos objectifs visent bien sûr la représentation des intérêts de l'ensemble de la communauté d'affaires, mais aussi la promotion du développement économique de la grande région de Montréal et ce pour le mieux être de tous les citoyens.

Nous représentons tout autant les dirigeants d'entreprises que leurs employés ou les travailleurs autonomes qui sont de plus en plus nombreux à adhérer à la Chambre.

Je profite de cette occasion pour saluer mon collègue Normand Legault, le président sortant, et souligner l'importance de ses réalisations. Au cours de l'année qui se termine, la vision de Normand et ses interventions nous auront permis de contribuer à la démarche entreprise par le gouvernement du Québec, en vue de doter Montréal des outils nécessaires à sa réussite.

Normand, tu nous a insufflé un vent d'entrepreneurship qui s'est traduit par des décisions rapides et éclairées. Des décisions qui auront marqué la Chambre et qui orienteront son avenir.

Personnellement, j'ai beaucoup apprécié te côtoyer. Ton calme, ta bonne humeur et ta façon positive de voir les choses sont contagieux. Par dessus tout, tu as le don de bien saisir les enjeux et de faire dominer le gros bon sens.

Je souligne également l'importante collaboration de l'équipe du conseil d'administration et de son président sortant, Pierre Laferrière. Pierre, ta crédibilité, ta rigueur et la justesse de ton jugement et de tes interventions ont été un atout majeur au service de la Chambre.

De même, je ne pourrais passer sous silence l'importante collaboration de Luc Lacharité qui, durant plus de 15 ans, aura contribué aux réflexions et au succès de la Chambre.

Enfin, je veux aussi reconnaître publiquement l'équipe de permanents de la Chambre et leur nouveau vice-président exécutif, Benoit Labonté.

Benoit connaît bien la Chambre de par ses cinq années à la tête du World Trade Centre Montréal, et nous sommes certains qu'il saura répondre aux multiples attentes de la communauté d'affaires de la région métropolitaine, et adapter la Chambre aux défis et enjeux économiques importants de ce début de 21e siècle.



Un nouvel environnement


Au moment où s'amorce la reprise des activités à la Chambre, jamais Montréal n'aura connu une telle conjoncture politique et économique, tant au niveau régional qu'à l'extérieur de nos frontières.

Il s'agit d'une occasion exceptionnelle, doublée d'un devoir civique pour l'ensemble de la communauté, de préparer l'avenir de notre ville-région, d'influencer son expansion et de prendre en main sa destinée.

Cela doit se faire dans le contexte et dans une perspective d'internationalisation très rapide et irréversible des relations politiques, économiques, commerciales et culturelles entre les villes-régions de la planète.

Malgré les événements tragiques qui ont frappé New York et Washington au début de septembre, et qui auront des répercussions importantes comme nous le voyons déjà, le commerce entre les villes-régions ira en s'augmentant. L'avenir de Montréal et de sa région, au cours des 10 à 15 prochaines années, sera en très grande partie déterminé par sa capacité à s'adapter à cette tendance.

Si l'économie de la région de Montréal demeure fragile, elle aura tout de même connu certains progrès au cours des dernières années. Des progrès liés à la diversification de son économie et qui, espérons-le, permettront à Montréal de tenir le cap malgré les fluctuations présentes de l'économie mondiale. Et c'est justement en période de resserrements économiques que les gagnants se démarquent par leur capacité de s'adapter et de réagir vite et fort.

Montréal est désormais une ville de culture et de tourisme, une ville de biotechnologie, mais aussi une ville du haut-savoir avec ses quatre universités, et une ville d'exportation autant de ses produits, que de ses services et de ses compétences.

Et j'ajouterai aussi une ville de grands virages : je parle ici, bien sûr, de la création de la nouvelle ville de Montréal qui, au terme d'une longue période de réflexion, en est maintenant à l'étape de construction. La nouvelle ville est désormais une réalité.

Au cours des prochains mois, la nouvelle administration aura d'importants défis à relever pour concrétiser le travail amorcé par le comité de Transition de Montréal.

D'ailleurs, nous ne pouvons que souligner l'énergie déployée et la très grande qualité du travail effectué par l'Équipe de Monique Lefebvre et les encourager à garder le cap pour le sprint final.

Mais le Comité de transition n'est pas le seul joueur. Il en dépendra de la concertation de tous les intervenants et de l'ajustement de leurs attitudes, leurs manières de faire et leurs politiques pour que cette nouvelle ville devienne un plein succès.

En ce sens, la Chambre tient à réaffirmer qu'elle collaborera avec l'ensemble de ces intervenants, qu'ils soient des gouvernements fédéral, provincial et municipal, du milieu syndical ou d'organismes sectoriels de représentation.

Les attentes et les besoins sont multiples et variés selon qu'ils proviennent d'un citoyen du centre-ville ou d'un arrondissement plus éloigné, d'un promoteur immobilier ou d'un futur exportateur.

La Chambre a d'ailleurs identifié, à la lumière de ses préoccupations et de son mandat, les critères de succès qu'elle juge essentiels à la pleine réussite de la nouvelle ville et à sa compétitivité.

Je parle ici :

  • De l'organisation de l'agglomération, car il faut prendre en compte la satisfaction des citoyens;
  • Du leadership et des pouvoirs politiques accrus, qui favorisent une meilleure intégration des dynamismes locaux, ainsi qu'un développement économique et social plus harmonieux de la Métropole;
  • De la prestation de services et de l'organisation du travail qui doivent être à la fois efficaces et efficientes, exécutées au meilleur coût et misant sur un consensus au niveau des relations de travail ; et finalement…
  • Du partage des responsabilités entre la ville-centre et les arrondissements.

D'ailleurs, ces importantes questions seront soulevées auprès des candidats, messieurs Pierre Bourque et Gérald Tremblay, au cours du débat économique que la Chambre organise le 10 octobre prochain à l'hôtel Sheraton; et auquel vous êtes tous conviés.

Dans ce monde en mutation rapide, la santé économique de Montréal dépend encore plus largement de la cohérence de ses divers intervenants et de l'excellence des organisations qui l'animent.

La Chambre a un rôle à jouer dans la réussite de Montréal, en contribuant à maximiser sa compétitivité, en renforçant son poids politique et en la positionnant à l'échelle mondiale.

Car si c'est dans notre région que ces changements se vivent en ce moment, c'est à l'international que ça se passe désormais !



La ville-région et l'international


Plus que jamais, le développement économique – donc commercial - se passe dans et en fonction des agglomérations urbaines. Comme le disait récemment l'économiste Torontoise Jane Jacobs : « …les métropoles canadiennes sont au cœur même du succès économique du pays ».

C'est principalement au niveau des villes que les actions et les solutions les plus déterminantes pour le développement économique et social durable sont, dorénavant, plus susceptibles de prendre forme.

La Banque mondiale prévoit d'ailleurs que la population de la planète vivant en milieu urbain doublera d'ici
25 ans.

En cela, le rôle et l'impact de ces villes-régions, et Montréal sera du nombre, seront apparentés, dans leur version contemporaine, à ceux que jouaient les Cités-États à l'époque de la Renaissance.

Pour bien saisir cette dynamique, il faut comprendre que depuis 20 ans, c'est sans contredit le commerce entre les États – donc en majeure partie entre les villes-région – qui a soutenu la croissance économique mondiale.

Pendant cette période, la croissance du commerce international, avec un taux annuel de 6 % en moyenne, s'est révélée trois fois plus importante que la croissance moyenne des produits intérieurs bruts de tous les pays réunis; et la tendance est là pour demeurer. Aujourd'hui, c'est 45 % du PIB du Canada qui dépend des exportations.

À elle seule, la grande région de Montréal, forte de ses 3,5 millions d'habitants, regroupe environ 5 000 entreprises exportatrices, soit 71 % de l'ensemble des entreprises du Québec.

Depuis deux ans, près de la moitié des 86 000 emplois créés à Montréal sont aussi attribuables à l'excellente performance des entreprises de la région métropolitaine sur les marchés internationaux; et la Chambre a contribué à accroître le potentiel d'exportation des entreprises.

Dans ce domaine, la Chambre a une longueur d'avance non négligeable, par l'entremise de son affilié, le World Trade Centre Montréal, qui est devenu un intervenant incontournable dans la livraison de services à l'exportation au Canada.

Montréal est donc en train de se tailler une place de choix sur l'échiquier international. La région se doit d'exporter des produits et des services, bien sûr, mais en amont, elle doit surtout créer un plus grand nombre d'exportateurs.

Cette dynamique n'est pas un choix, c'est une réalité. Car Montréal est maintenant en compétition avec les plus grandes villes de la planète. Pour faire face avec succès à ces grands défis internationaux, la nouvelle ville de Montréal doit aussi rallier des ressources, des expertises et des forces qui se trouvent, en abondance, dans tout le bassin régional qui l'entoure.

Les enjeux de la nouvelle ville dépassent largement ses simples limites géographiques. Il faut favoriser l'émergence d'une communauté métropolitaine de Montréal forte et cohérente.

Montréal devra donc participer pleinement et rendre cohérente cette nouvelle structure qu'est la nouvelle Communauté métropolitaine de Montréal, qui englobe désormais les couronnes Nord et Sud.

Du logement social au transport en commun, en passant par l'aménagement du territoire, la CMM sera un élément majeur de la concertation des interventions économiques de la région.

Cette dynamique doit être comprise et appuyée par tous, tant des gouvernements, des administrations municipales que de l'ensemble des partenaires privés et parapublics.

Cette nécessaire vision régionale est un élément déterminant de nos succès futurs, tant chez nous que sur la scène internationale.

C'est pourquoi le plan de développement économique de la région que doit produire la Communauté métropolitaine de Montréal au cours des deux prochaines années revêt, dans ce contexte, une importance stratégique incontestable.

La Chambre insistera énergiquement pour que ce très important plan de développement économique soit élaboré et coordonné directement par ceux qui en seront responsables, c'est-à-dire les élus de la région de Montréal eux-mêmes.

La CMM devra être un organisme résolument dédié à la planification et à l'élaboration des grandes stratégies pour la région et c'est en son sein que cette expertise doit se développer et résider.

Quant à la livraison éventuelle des stratégies qui seront développées, nous ne pouvons qu'insister pour que la communauté métropolitaine de Montréal les confie aux organismes spécialisés que sont les Tourisme Montréal, le World Trade Centre Montréal et Montréal International de la région.

La Chambre appuie la Communauté métropolitaine de Montréal dans son rôle de planificateur et de coordonnateur du développement économique et s'y associera dans l'établissement d'une voix régionale forte, concertée et porteuse.



Un virage aussi pour la Chambre


L'année à venir constituera également, pour la Chambre, un moment de réflexion et de transition. Elle doit se questionner sur ce qu'elle sera dans les années 2000 et sur la nature des défis qu'elle doit relever.

La Chambre, toujours à l'écoute de ses membres, doit revoir son rôle, déterminer ses intérêts, réévaluer ses pratiques et recentrer ses actions.

Par exemple, nous travaillons présentement à revoir nos comités d'affaires publiques, de manière à resserrer nos interventions et à les rendre plus pertinentes et en faire des comités d'analyses stratégiques.

La Chambre bénéficie de la collaboration de membres experts dans leurs domaines respectifs et soucieux de l'avenir de Montréal, qui enrichissent de leurs réflexions et de leurs interventions, nos prises de position.

Et c'est avec eux que nous élaborerons ces prises de position, les projets de veille stratégique et les interventions sectorielles susceptibles d'appuyer le succès de la nouvelle métropole et de sa région.

Ces comités d'analyses stratégiques de la Chambre traiteront de développement économique; des finances publiques; du développement urbain; de tourisme et de la culture, ainsi que des affaire sociales.

Ne voyez pas ici que des changements superficiels : la Chambre doit axer ses orientations et actions là où elle peut offrir une valeur ajoutée.

Elle ne doit pas faire à tout prix, mais s'assurer que ce qui doit être fait le soit… et bien. Ce que nous réaliserons se fera dans le respect de notre mission et en concordance avec nos orientations.


Les grands enjeux




Cela dit, quels sont les grands enjeux actuels ? Nous sommes en mesure d'affirmer que nous connaissons bien notre environnement et les forces de la région métropolitaine de Montréal.

De rapport Picard en sommets, le milieu économique a continuellement identifié les mêmes secteurs d'activité moteurs de la région métropolitaine de Montréal qui sont, entre autres, les industries touristiques et culturelles, les télécommunications, les technologies d'information, l'aérospatiale, le transport et les biotechnologies. Ces thématiques sont pour la Chambre autant d'enjeux sur lesquels concentrer ses efforts.

Là aussi, nous disposons d'atouts non négligeables pour la communauté d'affaires de la région métropolitaine.

Que ce soit à travers nos comités d'analyses stratégiques ou par le biais du rapport privilégié que nous entretenons avec un affilié comme l'Institut du commerce électronique, la Chambre demeure au fait des besoins des entreprises reliés aux défis de la nouvelle économie.

Nous sommes en mesure d'offrir des solutions permettant de répondre aux attentes de la communauté d'affaires et d'aider l'entreprise québécoise à tirer le maximum des nouvelles technologies d'information.

Nous continuerons par ailleurs à travailler de concert avec nos partenaires naturels de la région que sont les autres chambres de commerce, le Conseil régional de développement de l'Île de Montréal, Montréal International, Tourisme Montréal, ainsi que ces grands développeurs que sont par exemple le Quartier international de Montréal, Aéroports de Montréal, et j'en passe..

Nous connaissons les enjeux et les forces de Montréal, nous ajustons notre manière de faire et nous identifions les leviers de croissance pour la région métropolitaine.

Ces leviers sont les ressources humaines, l'innovation, l'accès au capital, l'international, l'environnement socio-économique et la mobilisation des acteurs privés et publics.


Ressources humaines


Les fondements d'un développement économique durable d'une société, tel qu'on l'a réaffirmé au Sommet des Amériques de Québec, sont basés sur deux piliers : l'éducation et la démocratie et dans les deux cas, la Chambre a un rôle important à jouer.

En matière d'éducation, la Chambre a évoqué à maintes reprises sa préoccupation quant au fonctionnement du système d'éducation.

À cet effet, Pierre Laferrière, à cette même tribune il y a 2 ans, soulignait la démobilisation de l'État en matière de financement des infrastructures d'éducation et des universités.

Il rappelait aussi la nécessité de l'apport des fonds du secteur privé. Nous avons ici un important travail de mobilisation à poursuivre pour ce qui constitue la ressource naturelle première de notre société.
Montréal doit continuer à viser un meilleur rapport entre le milieu des affaires et celui de l'éducation.

Les résultats d'une récente enquête de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante démontraient l'importance : « …de bonnes écoles et d'une main-d'œuvre qualifiée » pour assurer la prospérité de l'économie locale et régionale.

Par ailleurs, une étude de Développement économique Canada soulignait qu'en 1999 : « … à peine plus d'une personne sur deux en âge de travailler détenait un emploi au Québec, comparativement à trois sur quatre aux États-Unis ». Un virage majeur s'impose !

Le taux de décrochage scolaire sur l'île de Montréal se situe à 34 % au niveau secondaire, ce qui est inacceptable dans la société du savoir où nous sommes.

La valorisation des jeunes du secondaire (je pense ici au projet Polyglobe) et la lutte au décrochage scolaire, par l'opération Retour à l'École, sont deux dossiers majeurs que la Chambre entend poursuivre.

Au-delà des refontes de programmes, il faudra aussi réinvestir dans les infrastructures physiques pour les rendre plus humaines ainsi que dans l'excellence du corps professoral.

Force est de constater que malgré la décision de Québec de réinvestir dans l'éducation, décision à laquelle nous applaudissons, nos universités montréalaises sont encore loin des autres universités canadiennes et américaines en ce qui concerne leur capacité à être compétitives pour recruter les professeurs de talent.

À cet effet, permettez-moi cette analogie avec le club de hockey le Canadien.

Comme pour la Sainte-Flanelle, il est révolu ce temps où nous avions des choix privilégiés territoriaux au moment du repêchage. Nous n'avons plus cet avantage d'avoir le premier choix dans le bassin des finissants des grandes facultés de Montréal ou de voir systématiquement revenir chez nous les meilleurs étudiants après des études à l'étranger.

Dorénavant, il nous faut compétitionner avec le monde pour les attirer.

Pendant combien de temps encore la région pourra-t-elle aspirer à la prospérité sans avoir les moyens suffisants pour former des diplômés de classe mondiale.

L'obstination de notre société à se refuser de remettre en cause un dogme comme le gel des frais de scolarité, réduit le potentiel de performance de nos universités, année après année, dans un monde de plus en plus compétitif.

Nous sommes pourtant tous parfaitement conscients que dans le monde d'aujourd'hui tout se joue au niveau du talent : des jeunes bien formés, dynamisés et prêt à relever les défis chez nous. Les solutions existent. Des provinces et des états autour de nous les ont trouvés.

Ayons le courage politique et la vision nécessaire pour rattraper le temps perdu. Le temps presse.

Un meilleur rapport entre le milieu d'affaires et celui de l'éducation, qui passe notamment par la formation continue, un financement universitaire suffisant et la lutte au décrochage scolaire, voilà des facteurs essentiels aux yeux de la Chambre pour exceller dans le monde d'aujourd'hui.

La valeur stratégique des travailleurs autonomes est une autre ressource sur laquelle la Chambre peut compter. À Montréal, c'est une force de 220 000 personnes qui représentent 61% de l'ensemble des travailleurs autonomes du Québec.

La Chambre devra continuer à rappeler aux gouvernements qu'à bien des égards, le maintien à Montréal des cerveaux et des entrepreneurs dépend largement des politiques et des législations qu'ils mettent en place.
Innovation et accès au capital

Je vous ai fait part un peu plus tôt de l'importance stratégique des nouvelles technologies d'information pour les entreprises et de ce que peut apporter notre affilié, l'Institut du commerce électronique, en cette matière.

Mais là ne s'arrête pas le défi de l'implantation de l'innovation. Les entreprises innovatrices profitent d'une croissance rapide et leur marché débordent rapidement nos frontières.

L'accès au capital de risque de source plus diversifiée et pour des montants beaucoup plus importants, ainsi que l'aide à la commercialisation, sont autant de facteurs de compétitivité qui doivent faire partie du quotidien, si nous voulons que nos entreprises aient des chances de gagner au niveau de l'Amérique du Nord et du monde.

Dans ce domaine, le Québec, et par le fait même Montréal, a toute une côte à gravir.

À titre d'exemple, une récente étude sur les tendances du capital de risque au Québec de la firme Macdonald & Associates indique que les entreprises établies au Québec attirent moins de capital étranger qu'ailleurs au Canada.

De plus, l'écart entre le Québec et le reste du Canada quant au montant du financement obtenu n'a cessé de s'accroître au cours des dernières années. Ici aussi, nous devrons donc revoir nos façons de faire.



International



En matière d'exportation, la Chambre a aussi plusieurs initiatives en cours. Nous examinons présentement la mise en place d'un corridor de commerce du Québec au Mexique, de concert avec plusieurs partenaires dont la Chambre de commerce du Québec.

Pour une province dont les exportations à l'international représente environ 40 % du P.I.B. – dont 85 % avec les États-Unis – il s'agit d'un projet clé.

Le Canada et les entreprises montréalaises peuvent être également parties prenantes de grandes initiatives mondiales de commerce.

Ainsi, le G-8 concluait les travaux de sa dernière séance en juin dernier en ouvrant la porte au concept d'un Plan Marshall adapté au continent Africain.

La prochaine réunion, qui aura lieu au Canada l'année prochaine devrait permettre de préciser les paramètres de cette initiative.

D'excellentes retombées commerciales pourraient en résulter pour notre région.



Environnement socio-économique


La Chambre se préoccupe aussi de l'environnement socio-économique de la région métropolitaine. La qualité de vie à Montréal est un avantage concurrentiel majeur dans l'implantation d'entreprises, ou tout simplement dans le recrutement et la fidélisation des travailleurs et des entreprises stratégiques.

Cette qualité de vie est étroitement liée au rayonnement culturel, au développement urbain harmonieux et planifiés ainsi qu'à une infrastructure de transport souple et moderne.

Le développement urbain sera par ailleurs au cœur même de l'élaboration des arrondissement de la nouvelle ville et plus spécifiquement de la ville-centre.

Cependant, de par sa taille, Montréal fait face à des défis uniques au Québec et grandissants en terme d'infrastructures sans pour autant disposer des ressources financières pour y faire face.



Mobilisation des acteurs «privé-public»


Je vous parlais plus tôt des deux piliers du développement soutenu d'une société que sont l'éducation et la démocratie.

Alors : Parlons démocratie !
Dans un article paru dans La Presse en juin dernier, deux chercheurs de l'École d'urbanisme de l'Université McGill parlaient des métropoles canadiennes en ces termes :

« … elles sont des lieux de créativité et d'innovation, des centres d'emploi de premier ordre… des plaques tournantes du commerce international. Et pourtant, elles sont restées mineures du point de vue politique ».

Montréal n'a pas le poids politique qui correspond à son poids économique, et même à sa population.

En juin dernier, la Commission de la représentation électorale déposait à l'Assemblée nationale une nouvelle proposition de délimitation des circonscriptions pour l'île de Montréal qui en réduit le nombre de 30 à 27.

Ainsi, si cette proposition va de l'avant, les députés de l'île de Montréal ne compteront plus que pour 21% des effectifs de l'Assemblée nationale alors qu'ils représentent 25% de la population québécoise.

De plus, les prévisions d'évolution démographique disponibles nous annoncent une détérioration de la situation pour la prochaine décennie.

Le résultat est prévisible : l'actuel déséquilibre qui existe entre la juste représentation du vote des montréalais et ceux habitant les autres régions ne fera que s'accentuer au cours de la prochaine décennie et ce, sans que rien ne puisse être fait, compte tenu de la législation actuelle qui prévoit que cette carte ne sera revue que dans huit à dix ans.

Au nom de quelle réalité du 21e siècle maintient-on cet état de chose ?

Le remaniement de la carte électorale s'avère à nos yeux une priorité. Mais il doit se conclure sur la base d'une représentation juste et équitable pour chacun des électeurs. C'est un principe démocratique incontournable !

La Chambre a d'ailleurs fait connaître cette position au ministre Guy Chevrette dans un mémoire qu'elle lui a transmis aujourd'hui même.
Le Québec ne possède qu'une grande métropole capable de rayonner à travers le monde. Il serait injuste et inefficace de ne pas lui reconnaître sa pleine représentativité politique.

Dans le même ordre d'idée, la part relative du gouvernement dans notre produit intérieur brut n'a cessé de croître depuis les 40 dernières années.

Le rôle d'intervention économique que s'attribue l'État doit être revu à la lumière de son impact sur la compétitivité de la région montréalaise.

Nous croyons aussi que la fiscalité corporative, longtemps un avantage compétitif pour le Québec, doit s'adapter à ce qui se passe dans plusieurs autres provinces canadiennes et aux U.S.A.. De même la fiscalité des particuliers a atteint un niveau abusif qui n'est plus adaptée à la réalité Nord-américaine et devient un facteur important de démotivation.

Nous devons donc collectivement avoir le courage de réagir de façon urgente et de jeter un regard critique sur le modèle québécois.

Il y a 40 ans, nous avons donné un grand coup pour améliorer notre système économique et social.

Cette démarche essentielle, reconnaissons-le, nous permettait simplement de rattraper un retard que notre société avait accumulé dans les décennies précédentes.

Aujourd'hui, à nouveau, nous nous laissons distancer par nos voisins de même que par les villes et les régions concurrentes. Il est temps qu'on se permette de jeter un regard neuf sur la situation.

Le changement peut être très stimulant ! Pourquoi ne pas nous offrir une autre période aussi exaltante que celle que nous avons connue durant la Révolution tranquille ?

La Chambre s'attend aussi à ce que le gouvernement du Canada fasse sa part au niveau des soins de santé et qu'il accorde aux provinces la marge de manœuvre requise pour répondre adéquatement aux besoins grandissants du système hospitalier.

Tout n'est cependant pas négatif, loin de là ! Nous avons plusieurs entreprises de classe mondiale telles que les Bombardier, Alcan, Bell, SNC-Lavalin, Hydro-Québec, le Cirque du Soleil et plusieurs autres dont nous avons raison d'être fiers.

Nous sommes une des grandes régions en matière de développement scientifique et technologique en Amérique du Nord.

Pensons aussi à l'Institut de neurologie, à l'Institut de cardiologie, à l'Institut de recherche clinique ou à l'Institut thoracique, des centres de recherche qui font partie des meilleures institutions du monde dans leur domaine respectif.

Ce sont des réussites qu'il faut soutenir et protéger jalousement. Ces institutions parviennent à attirer et à conserver des ressources humaines qui confèrent à Montréal son niveau d'excellence.

Nous vivons dans l'une des villes dotée d'un secteur de la nouvelle économie de tout premier plan. Nous avons aussi à Montréal de l'entrepreneurship et de la créativité à revendre.

Cette créativité se concrétise par exemple dans le secteur de la production cinématographique. En l'an 2000, le total des sommes dépensées pour les tournages dans la région métropolitaine de Montréal totalisaient plus de 800 millions de dollars, pour des retombées économiques de 2 milliards de dollars.

Montréal est une ville accueillante parce que nous sommes parvenus à créer une qualité de vie qui est apprécié tant des résidants locaux que des touristes. Pensons à nos musées et à nos grands parcs urbains que sont le Mont-Royal et le Vieux-Port et très bientôt le Canal de Lachine réouvert à la navigation de plaisance.

Montréal est aussi devenue la ville des grands festivals : Le Jazz, Juste pour Rire, Francofolies et Films du monde, sans compter les feux d'artifices et les nombreux événements sportifs tel que les Internationaux de tennis, le Grand Prix Air Canada de Formule 1 et, bientôt, un événement Cart grâce à la persévéra

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