Montréal traverse une crise de gouvernance sans précédent. La commission Charbonneau révèle au grand jour des enjeux de collusion et de corruption inacceptables. Récemment, le rapport Léonard sur l’octroi des contrats municipaux et le rapport annuel 2012 du vérificateur général de la Ville ont fait ressortir le manque de cohérence et de cohésion, voire le dysfonctionnement, non seulement entre les arrondissements, mais également avec les services centraux.
Ces constats ne devraient pas nous étonner. On en retrouve l’esprit dans un rapport de l’OCDE de 2004 qui soulignait que la région de Montréal est l’une des plus fragmentées politiquement. Le rapport du Groupe de travail sur les enjeux de gouvernance et de fiscalité de Montréal que la Chambre a rendu public en mars 2010 décriait la même situation.
Une telle fragmentation du pouvoir ne sert pas la cause de Montréal. Elle se traduit par des délais indus dans la prise de décision, du retard dans la livraison de services et des règles du jeu ni claires ni prévisibles. Même lorsque des décisions sont prises, elles laissent la place à l’opposition de contre-pouvoirs locaux qui en retardent l’application.
Qu’il (ou elle) le veuille ou non, le prochain maire (ou la prochaine mairesse) de Montréal devra s’attaquer à ce problème. Toutefois, il aura besoin que le gouvernement du Québec autorise l’ajustement de la charte de la Ville pour renforcer les pouvoirs de la ville-centre, ce qui exigera en situation minoritaire l’engagement des élus d’au moins deux des trois principaux partis à Québec.
Le prochain maire aura-t-il la force de persuasion requise pour convaincre ses collègues des arrondissements de remettre à la ville-centre les véritables leviers décisionnels? Les élus à Québec auront-ils le courage de donner à l’administration municipale les pouvoirs dont elle a besoin pour relancer la métropole?
Nous commençons à recevoir des signaux positifs. Le mois dernier, François Legault, chef de la Coalition Avenir Québec a lancé le débat avec sa proposition de réduire le nombre d’arrondissements et d’élus et d’éliminer le titre de maire d’arrondissement. Certains ont tout de suite remis en question l’à-propos de ces réductions. Il aurait fallu discuter plus sérieusement de la seconde partie de la proposition caquiste : le renforcement de la ville-centre.
Cette semaine, le ministre Jean-François Lisée s’engageait publiquement à « bouger rapidement pour mettre en place les changements législatifs » qu’aura prônés le candidat élu à la mairie. Puis, lors d’une allocution prononcée devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, le chef du Parti libéral du Québec, Philippe Couillard, s’est montré ouvert au renforcement de la ville-centre.
L’élection municipale de novembre est cruciale pour l’avenir de Montréal. Parler de structure et de gouvernance est tout sauf séduisant. Néanmoins, il s’agit là d’un des premiers défis qui viendront tester le leadership du prochain maire.
Tout au long de la campagne, la Chambre interpellera les candidats pour qu’ils précisent leurs positions. Notre première question est claire : que proposez-vous, à titre de candidat à la mairie, pour que Montréal devienne une métropole reconnue autant pour l’efficacité que pour l’intégrité de sa gouvernance?