Texte signé par Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, et publié dans La Presse et La Presse+.
Le 18 février 2015
Les métiers contre le décrochage
Nous le savons, le sujet de l’éducation soulève depuis toujours, au Québec, les passions. Depuis des années, nous cherchons un consensus qui permettra à la fois d’assurer l’accès aux études à un maximum d’étudiants et de répondre au sous-financement chronique de nos établissements d’enseignement supérieur. La question financière n’est pourtant pas la seule grande menace qui s’oppose à la réussite de nos jeunes.
En effet, malgré une amélioration récente du taux de diplomation, beaucoup de jeunes quittent encore trop tôt leurs études. À Montréal, un jeune sur cinq décroche avant d’avoir obtenu son diplôme d’études secondaires, et à peine 52 % des jeunes passeront directement du secondaire au collégial.
Il est vrai qu’au cours des dernières années, nous avons assisté à une belle prise de conscience collective quant à l’importance de la persévérance scolaire. Le discours public a changé, une multitude d’organismes de la société civile se sont attelés à la tâche et le secteur privé s’est engagé financièrement.
Depuis 2009, les taux de diplomation ont recommencé à grimper. Au cours de cette période, nous avons gagné 5,7 points de pourcentage. Nos efforts collectifs portent fruit. Bravo!
Malgré cela, on connaît tous, près de nous, un ou une jeune qui hésite à poursuivre ses études ou qui a même amorcé son décrochage. Que faire?
Je crois qu’une partie de la réponse réside dans la revalorisation des métiers. Je parle de tous ces emplois qui ne requièrent que quelques années de formation professionnelle ou technique et qui offrent des défis palpitants et valorisants. Ce sont des emplois recherchés, qui offrent une bonne rémunération et qui ouvrent la voie à des carrières stables et intéressantes.
Ces postes existent dans tous les secteurs – soins de santé, aérospatiale, administration, technologies de l’information et des communications, transport et logistique, etc. Exigeant une formation qui va du diplôme d’études professionnelles effectué en quelques mois au diplôme d’études collégiales obtenu en trois ans, ils mènent directement à un emploi stable et bien rémunéré. Mécanicien d’équipement lourd, technicien en génie civil, inspecteur en construction, technologue en radiation médicale, foreur et dynamiteur de mines à ciel ouvert, de carrières et de chantiers de construction, infirmier… Autant de métiers qui peuvent rapporter plus de 50 000 $ par année et pour lesquels les perspectives d’emploi pour les prochaines années sont favorables en raison des postes qui sont ou seront bientôt disponibles sur le marché du travail.
À l’occasion des Journées de la persévérance scolaire, rappelons-nous que la persévérance scolaire rapporte à la fois à la société et à l’individu. Si les causes du décrochage scolaire sont multiples, des études ont démontré que des encouragements soutenus exercent une plus grande influence sur les projets d’études d’un enfant que sa condition économique. Chaque jeune a besoin d’encouragements chaque jour.
Parce que la persévérance est l’un des plus importants gages d’une société prospère, j’invite cette semaine tous les parents, amis, conseillers et leaders d’opinion à valoriser l’éducation et à encourager chaque jour un jeune – qu’il s’agisse du leur ou non. Et devant un jeune découragé, qui pourrait être tenté d’abandonner, soyons plus nombreux à mettre de l’avant le cheminement vers les métiers. Notre avenir individuel et collectif en dépend.