Une hausse injustifiée de 60 % du péage sur l’autoroute 30 en deux ans

Texte signé par Michel Leblanc, président et chef de la direction, Chambre de commerce du Montréal métropolitain ; Marc Cadieux, président et directeur général, Association du camionnage du Québec; Martine Hébert, vice-présidente principale et porte-parole nationale, Fédération canadienne de l’entreprise indépendante; Éric Tétrault, président, Manufacturiers et exportateurs du Québec, et publié dans La Presse et La Presse+.

Le 26 janvier 2015

Une hausse injustifiée de 60 % du péage sur l’autoroute 30 en deux ans

À partir du 1er février prochain, franchir les postes de péage du pont Serge-Marcil de l’autoroute 30 coûtera 60 % de plus qu’à son inauguration, il y a deux ans. Une hausse aussi brutale heurte de plein fouet les automobilistes et les camionneurs.

La nouvelle A-30 reliant Vaudreuil à Candiac répond à un besoin bien réel. Chaque jour, 12 000 véhicules empruntent ce corridor routier. Depuis son ouverture, elle est devenue une véritable porte d’entrée et de sortie des marchandises pour le Québec, vers l’Ontario, les Maritimes et les États-Unis.

L’autoroute 30 a aussi eu pour effet de réduire les embouteillages et de rendre le réseau autoroutier métropolitain plus performant. Les camionneurs peuvent désormais contourner l’île de Montréal par la Rive-Sud, venant ainsi soulager la congestion considérable retrouvée sur les ponts Champlain et Victoria, entre autres. De plus, le pont Monseigneur-Langlois à Valleyfield bénéficie également d’une réduction importante de la circulation sur son axe routier.

Afin d’améliorer le taux d’utilisation de ce corridor par les usagers de la route, automobilistes comme camionneurs, et ainsi réduire la congestion sur les autres voies d’accès de la grande région de Montréal, les tarifs doivent être raisonnables et, évidemment, ne pas faire l’objet d’une hausse subite et vertigineuse.

Or, pour les véhicules lourds, les tarifs sont passés de 1,15 $ par essieu à 1,85 $. Ce qui signifie que pour un seul passage avec un camion à sept essieux, les frais sont passés de 8 $ en 2013 à tout près de 13 $ en 2015. Jumelée à l’entrée en vigueur cette année de la Bourse du carbone, à laquelle, faut-il le rappeler, seuls le Québec et la Californie participent, l’industrie québécoise du camionnage devient de moins en moins compétitive par rapport à ses concurrentes des provinces canadiennes et des États américains.

Sachant qu’environ 80 % des biens échangés entre le Canada et les États-Unis sont transportés par camion, l’ensemble des entreprises, et particulièrement les PME, verront leurs coûts d’exploitation grimper. Cette hausse aura inévitablement un effet sur le coût des produits de consommation.

Outre cet impact sur les PME et les entreprises de transport, la hausse de tarif diminuera l’attrait des usagers de la route pour ce tronçon névralgique. Ce fut le cas au début des années 2000 en Ontario, où les tarifs du péage de l’autoroute 407 ont augmenté de 200 % en cinq ans. Le résultat a été sans équivoque : les camionneurs et les automobilistes ont tenté d’éviter d’utiliser l’axe autoroutier.

La question du péage sera un enjeu important au cours des prochaines années. La décision de la hausse tarifaire appartient au consortium Nouvelle Autoroute 30, qui a réalisé le projet de prolongement de la partie ouest en mode PPP. Or, les deux ordres de gouvernement y ont investi 1,5 milliard de dollars. Ils doivent assurément avoir appris de l’épisode ontarien de la 407, et ils ont la responsabilité de s’assurer que le consortium Nouvelle Autoroute 30 n’abuse pas de sa position pour obtenir des tarifs excessifs.

C’est pourquoi nous demandons à la ministre fédérale des Transports, Lisa Raitt, ainsi qu’au ministre des Transports et ministre responsable de la région de Montréal, Robert Poëti, d’intervenir auprès du consortium pour qu’il annule cette hausse abusive. Comme il est suggéré aux alinéas 29.8 et 29.9 de l’entente de partenariat pour l’autoroute 30, une hausse selon le coût de la vie serait plus raisonnable.

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