Texte intégral signé par Isabelle Hudon, présidente et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain et Dinu Bumbaru, directeur des politiques, Héritage Montréal, et publié dans La Presse du 11 janvier 2008.
Griffintown : pour une volonté d'amélioration plutôt que d'opposition !
Le projet Griffintown, qui fait l'actualité ces jours-ci, nous donne l'occasion de revoir collectivement notre attitude et notre implication face aux grands projets urbains. Avant tout, il s'agit tant pour les organismes experts ou communautaires, la communauté des affaires, la population que pour les médias d'intensifier positivement leur implication afin que les débats publics que nous souhaitons avoir sur de tels projets se concluent au bénéfice de la métropole.
Réaliser des projets majeurs dans un environnement existant implique inévitablement sa part de défis à relever. C'est tout à fait normal et un projet d'une ampleur de 1,3 milliard de dollars comme celui du promoteur Devimco ne fait évidemment pas exception. Toutefois, si nous voulons donner la chance à Montréal de développer son plein potentiel et de revitaliser des secteurs où les besoins en investissements sont criants, nous avons le devoir de démontrer un esprit d'ouverture face aux promoteurs qui, à leur façon, ont les moyens et l'obligation de poursuivre l'uvre de bâtir Montréal. Sans négliger les intérêts légitimes des investisseurs, nos organisations accordent aux promoteurs le bénéfice d'une « présomption positive » quant à leur désir de participer au développement durable de Montréal, et ce, tant au plan économique qu'urbain ou culturel.
Bien sûr, parce que la trame urbaine d'une ville constitue un « écosystème » économique, environnemental et social, vivant mais aussi fragile, nous avons la responsabilité collective de nous assurer que les projets soient élaborés, réalisés puis gérés dans le respect d'une approche intégrée d'aménagement urbain durable. C'est d'autant plus important que l'échelle des grands projets actuels dépasse largement celle des réalisations des bâtisseurs d'autres époques.
Comprendre et prendre en compte la personnalité des quartiers ou les dimensions patrimoniales qui distinguent Montréal parmi les grandes métropoles relève autant de la réglementation que de notre attitude en élaborant et en analysant les projets. Respecter le patrimoine ne signifie pas muséifier la ville. Au contraire, même modeste, le caractère patrimonial d'un lieu doit être vu comme une valeur ajoutée à tout grand projet. Le véritable défi pour les bâtisseurs de notre métropole consiste donc à conserver l'âme, l'ADN des quartiers qu'ils souhaitent transformer, et ce, dans l'esprit d'un développement urbain et architectural de qualité, novateur et humain.
Pour réussir à transformer une vision en action, il est impératif de maintenir un climat propice aux échanges. Malgré un cadre municipal fragmenté et complexe, le promoteur Devimco a contribué à ce climat en se mettant à l'écoute des préoccupations exprimées par les acteurs locaux ou métropolitains dont la Chambre et Héritage Montréal. Déjà, le projet initial a évolué en se rapprochant des attentes de la communauté et du Plan d'urbanisme exemplaire dont s'est dotée Montréal. Ce travail doit se poursuivre et nous souhaitons vivement que les consultations prochaines par l'arrondissement du Sud-Ouest y contribuent.
Depuis sa fondation, Montréal se bâtit par des projets animés par un pari sur l'avenir. Contribuer positivement à cette réussite ne veut pas dire abandonner tout sens critique. On peut être rigoureux, positif et ouvert. Autant la méfiance négativiste que la complaisance nuisent au développement de la métropole. Nous nous engageons donc à fournir l'effort nécessaire pour trouver ensemble des solutions pour que ce projet majeur et d'autres à Montréal contribue au développement de notre prospérité collective et à la revitalisation réelle des quartiers et du cur vivant de notre métropole, une métropole qui va de l'avant
Une métropole de gagnants !