Texte signé par Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, et publié dans La Presse+.
Le 28 septembre 2013
On ne se préoccupe pas assez de nos commerçants à Montréal. Que ce soit la boutique du coin, le magasin franchisé d’une grande chaîne nationale ou internationale, le café du quartier ou le resto branché, on les tient pour acquis.
Pourtant, le Montréal vif et bariolé qu’on apprécie a absolument besoin d’artères commerciales vibrantes et de commerçants, petits et grands, en santé.
Bien sûr, il faut se préoccuper de nos sièges sociaux au centre-ville. Toute la société bénéficie évidemment de l’attraction de nouveaux investissements majeurs dans l’immobilier comme dans le secteur manufacturier. Notre économie créative et notre économie du savoir sont également essentielles.
Mais la santé de nos commerces sur rue aussi est tout aussi cruciale, autant pour nos milieux de vie que pour notre économie.
Faut-il rappeler que le commerce de détail demeure un actif économique majeur pour Montréal et sa région? Plus de 230 000 personnes travaillent dans ce secteur. C'est un emploi sur dix!
Malgré cela, on néglige nos commerçants. Pire encore, dans certains quartiers de la ville, on semble se ficher éperdument de la détérioration de leur environnement d’affaires. On augmente les taxes locales, on impose des contraintes excessives sur les heures de livraison, on réduit l’accès au stationnement pour les clients et on en augmente le coût, on crée un véritable dédale de rues à sens unique…
Même quand la ville veut bien faire et qu’elle procède à des travaux de réfection urbaine (et ils sont nombreux!), on porte trop peu d’attention à l’incidence de ces travaux sur les commerçants. Regardons ce qui s’est passé sur le boulevard Saint-Laurent ou encore sur la rue Côte-des-Neiges… Les travaux se comptent en mois, les commerces se comptent en moins.
Comptez les boutiques fermées sur le boulevard Saint-Laurent, entre Sherbrooke et Mont-Royal... Voilà l’impact de la détérioration des conditions d’affaires pour les commerçants sur rue de Montréal. Il faut s’en inquiéter.
Chaque fermeture est un drame humain à petite échelle. Lorsqu’elles se multiplient, et surtout si elles persistent, elles sont les premiers signaux de l’affaiblissement économique d’un coin de la ville.
Il est temps de reconnaître et de valoriser la contribution fondamentale de nos commerçants à l’édification de notre métropole. Ce sont des entrepreneurs, souvent venus d’ailleurs. Ils prennent des risques, travaillent de longues heures et sont soumis aux aléas des modes et de la conjoncture.
Nos élus municipaux ont à cet égard une responsabilité directe. Le moins qu’ils puissent faire, c’est de mieux les comprendre et de leur faciliter l’existence. Pour ce faire, je pense que nous avons besoin d’un outil de suivi de l’état de santé du commerce de détail à Montréal. Nous devrions sonder régulièrement les propriétaires de commerce pour savoir ce qui peut être amélioré.
Il faudra être à l’écoute de leurs revendications : s’ils veulent plus de stationnements, alors trouvons des solutions. S’il faut améliorer le mobilier urbain, faisons-le. S’il faut doter la Ville d’un fonds de compensation durant les grands travaux de réfection urbaine, alors inspirons-nous des villes qui le font déjà.
Une métropole en santé a besoin de pôles de services dynamiques dans la périphérie, mais aussi de rues commerciales vibrantes dans la ville-centre. À nous de prendre soin de nos artères vitales et des boutiquiers et restaurateurs qui les animent. Développons des modèles urbains qui prennent en considération les besoins des propriétaires de commerce et les attentes des consommateurs.