Le 30 mai, le maire de Québec, Régis Labeaume, s’est adressé à un parterre de gens d’affaires de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain pour la première fois en 10 ans de mandat. Ne manquant pas de sujets et avec la vigueur qui le caractérise, M. Labeaume voulait envoyer le signal que Québec vit une période de changements afin d’inciter le milieu des affaires montréalais à regarder ce qui se passe « au bout de la 20 ».
Ville comptant jadis un employé fonctionnaire sur six, Québec a su au fil des ans diversifier son économie locale, ce qui a contribué à réduire ce ratio à un sur dix.
Avec l’annonce récente de la mise sur pied du Réseau structurant de transport en commun, un projet de tramway de 3 milliards de dollars, qui comptera 56 km et 38 stations, Québec mettra prochainement en branle le plus important chantier de son
histoire. Il s’agit d’un gros test pour la ville, croit le maire, et un signe qu’elle évolue rapidement.
Voici trois messages marquants de son discours.
En mode séduction des immigrants
L’immigration est le sujet politique de l’heure, tant à Montréal qu’à Québec. Avec les nombreux postes vacants à pourvoir partout dans la province, Régis Labeaume s’est lancé dans une opération de charme pour convaincre les immigrants de s’établir dans la Vieille Capitale.
Selon le maire, Québec est appelée à se métisser. Sa ville comptant actuellement 37 000 immigrants (7,6 % de sa population), il espère voir ce nombre augmenter rapidement pour aider à pourvoir les 17 000 postes vacants actuellement à Québec, qui affiche un taux de chômage famélique de 3,3 %.
Rappelant la belle qualité de vie à Québec et insistant notamment sur la sécurité, le maire croit que l’avenir économique de sa ville est en jeu. Son séjour dans la métropole comptait d’ailleurs un détour au Salon de l’immigration de Montréal pour convaincre les nouveaux arrivants de s’établir à Québec.
Des ambitions entrepreneuriales
Si la capitale se détache de sa réputation de « ville de fonctionnaires », c’est d’abord parce que l’intention d’entreprendre y est à la hausse, affirme Régis Labeaume. Québec a doublé depuis cinq ans, et le maire estime que les entrepreneurs sont ouverts à prendre davantage de risques, car ils voient le potentiel de la ville.
Le maire a énuméré bon nombre d’innovations développées dans sa ville dans les secteurs de la santé, de l’intelligence artificielle et des industries créatives. Cette capacité d’innover contribue à la modernisation de Québec et de l’image qu’elle projette, selon le maire.
Ce dernier ne veut cependant pas s’arrêter là. Il désire que dans cinq ans, Québec soit la ville la plus entrepreneuriale au pays. Il mise sur l’action concertée de son administration, des entreprises et des universités pour y parvenir.
Un appel à la collaboration pour le commerce maritime
La maire Labeaume a conclu son discours sur une note qu’il estime lui-même plus délicate, en abordant le projet de terminal de conteneurs de Québec. Alors que le Port de Montréal développe son projet d’agrandissement du terminal de Contrecœur, le maire veut que Québec puisse mettre à profit ses avantages géographiques, notamment le fleuve, pour développer son activité portuaire.
Il a lancé un appel à la collaboration entre les ports de Québec et de Montréal, afin que le commerce maritime international se développe dans la province au même rythme que les ports concurrents de l’est des États-Unis. Il estime que d’allier les forces sera profitable pour tous les acteurs.