Le nom d’Alex Harper est-il évocateur pour vous? Cet ancien président du Montreal Board of Trade, qui publiera dans quelques semaines ses mémoires, s’est dévoué pour la communauté montréalaise et a œuvré dans plusieurs dossiers marquants de l’histoire de notre métropole. Retour sur un parcours remarquable.
La fusion de deux organisations majeures pour la communauté d’affaires montréalaise
Alex Harper est au cœur de la fusion entre la Chambre de commerce du Montréal métropolitain et le Montreal Board of Trade, qu’il préside alors. Il a une connaissance intime de l’organisation : à son service depuis trente ans, il y occupe d’abord les fonctions de secrétaire de comité et de gérant de section; en 1977, il en devient le directeur général adjoint; en 1982, le directeur général; en 1991, le président, puis le vice-président exécutif.
« J’arrive au Board of Trade en 1963 dans un contexte où le directeur général de l’époque, Harry Gould, souhaite une augmentation de l’usage du français au sein de l’organisation », explique M. Harper.
« Cet objectif m’incombe, continue-t-il, et se traduit par l’embauche de personnel bilingue, des conférences données dans les deux langues et la publication de documents à la fois en anglais et en français. En 1964, je remets à la Ville notre document Operating a business in Montréal avec, pour la première fois dans l’histoire de l’organisation, 10 000 exemplaires en français. Dix ans plus tard, c’est au tour de notre bulletin de devenir bilingue. »
La question de la fusion entre ces deux organismes est récurrente. « Mais ce n’est jamais le bon moment et les exigences de part et d’autre sont trop grandes », explique M. Harper. Il poursuit : « Témoin de ces vaines tentatives, je recense les quatre ou cinq conditions sine qua non à une fusion. Luigi Liberatore, alors premier président du conseil du Board of Trade, me relance sur cette idée en 1992. Il amorce des discussions avec son homologue à la Chambre, Jean Guibault. Un document de base est établi : il met l’accent, d’une part, sur le respect des traditions et des programmes de chaque organisation et, d’autre part, sur l’importance d’offrir de bons services à la communauté d’affaires montréalaise, et ce, dans les deux langues. »
Ce document est accepté par les comités exécutifs de chaque organisation et leurs membres. Les deux entités fusionnent donc en 1992 en conservant leurs deux noms : « Board of Trade of Metropolitan Montreal » en anglais et « Chambre de commerce du Montréal métropolitain » en français.
Le programme Info-Crime
Autre dossier majeur dont s’occupera Alex Harper : le programme Info-Crime.
En 1986, Alex Harper se retrouve délégué principal du Board of Trade au congrès de la Chambre de commerce du Canada, qui se déroule à Toronto. Au cours d’un repas, ses voisins de table, venant des quatre coins du pays, s’enthousiasment pour le programme Crime Stoppers. Celui-ci a pour mission d’encourager les citoyens à donner de l’information relative à des crimes non résolus. « Je comprends que la condition de l’efficacité d’un tel programme est l’appui total du chef de police, au vu des efforts que son service devra déployer », dit M. Harper.
Percevant dans cette initiative un bénéfice pour la communauté montréalaise, M. Harper s’empresse, à son retour, de proposer l’idée au comité exécutif du Board of Trade. Celui-ci l’accepte. M. Harper prend alors contact avec le directeur du Service de police de la Communauté urbaine de Montréal (SPCUM), Roland Bourget. Coïncidence : ce dernier vient de se familiariser avec Crime Stoppers au cours d’un congrès au Texas qui réunissait les policiers d’Amérique du Nord. M. Bourget, qui souhaite rapprocher les citoyens de la police, partage l’avis de M. Harper : un tel programme pourrait contribuer à améliorer la qualité de vie à Montréal puisque son but est de faire échec aux actes d’intimidation et de violence.
C’est ainsi que le Board of Trade et la police procèdent, pendant quatre mois, à l’élaboration de ce projet, qui voit le jour en 1987 et qui porte un nom bilingue : Info-Crime.
« Info-Crime repose sur la confidentialité et l’anonymat, explique M. Harper. Les appels ne sont pas enregistrés. Les gens donnent de l’information aux policiers, qui sont à même de reconnaître s’il y a une piste à suivre ou non. Un code est remis à chaque personne pour lui permettre d’obtenir une récompense si ses propos mènent à une arrestation. »
Info-Crime fête cette année son trentième anniversaire. Pourtant, malgré le soutien de la communauté pour faire connaître le programme, des progrès sont encore à faire, estime M. Harper. « Le citoyen ne croit pas qu’il possède l’information nécessaire pour aider la police. Or, souvent, c’est un petit détail qui peut faire la différence », explique l’ancien président du Board of Trade.
Fort de son engagement dans Info-Crime, M. Harper a été nommé en octobre 2016 membre du Temple de la renommée de la Division du renseignement du SPVM.
À l’écoute des autres
Au regard de son parcours, M. Harper reste humble. Il se perçoit comme un homme qui ne parle pas beaucoup, mais qui sait écouter, une qualité primordiale lorsqu’on travaille dans une chambre de commerce, selon lui.
Voilà un homme profondément montréalais, qui s’est toujours donné pour leitmotiv d’agir pour le bien de sa communauté.
(1) Ancienne appellation du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM)
À venir : publication des mémoires d’Alex Harper, fin janvier – début février.