Catherine Denault, fondatrice de Catherine Denault | Gestion de projets, nous a fait partager son expérience de jeune entrepreneure. À travers son parcours, découvrez de bons conseils sur les étapes inhérentes au démarrage d’entreprise, l’anticipation des risques et la manière de garder le cap.
Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) – Catherine, vous êtes à votre compte depuis tout juste un an. Qu'est-ce qui vous a amenée à vous lancer dans cette aventure?
Catherine Denault (C.D.) – Mon entreprise est très récente, mais mon expérience dans l’entrepreneuriat a débuté il y a près de six ans. En réalité, d’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours travaillé à mon compte, en parallèle avec un emploi ou des études, que ce soit pour donner des cours de musique au secondaire ou être à la pige pour le gouvernement fédéral pendant mes études universitaires. Puis, à l’été 2016, après avoir travaillé pendant dix ans en communication-marketing, j’ai souhaité mettre à profit mon expérience au service de clients variés pour des projets très diversifiés.
CCMM – Vous avez donc vraiment la fibre entrepreneuriale!
C.D. – Tout à fait! [rires] Et ce que j’aime dans l’entrepreneuriat, c’est qu’il y en a pour tous les goûts : actuellement, je suis travailleuse autonome, spécialisée dans la communication-marketing. Auparavant, j’étais associée : j’ai cofondé une compagnie de production vidéo.
CCMM – Il s’agit là de deux structures d’entreprise différentes. Qu’est-ce qui vous a plu dans le fait d’être associée?
C.D. – Le partage des joies, des craintes, des succès comme des expériences à améliorer. La complémentarité que j’avais avec mon partenaire, essentielle pour le bon fonctionnement de notre projet. La répartition des tâches s’est faite de manière tout à fait naturelle : je travaillais sur la stratégie et la compréhension de la marque tandis que mon associé, qui était vidéaste et réalisateur, se concentrait sur la partie créative. De cette manière, nous nous apprenions mutuellement et avons grandi ensemble. Je retiens également qu’il faut toujours garder son horizon ouvert, en acceptant une opportunité, en changeant de modèle d’affaires, mais sans jamais oublier quel était l’objectif premier de se lancer dans l’entrepreneuriat.
CCMM – Pour vous, l’objectif premier consistait à faire de la gestion de projets en communication et marketing?
C.D. – Exactement. Et je dirai qu’en trois années de production vidéo, on change, nos visions évoluent. À un moment donné, j’ai eu envie de me rétablir à mon compte, en touchant différents types de communication plutôt qu’exclusivement de la production vidéo. Ce que j’aime dans ce que je fais actuellement, c’est la variété des projets, qui se déclinent selon différents supports, allant de la pub télé à l’organisation de tournées de spectacles et de campagnes sur les réseaux sociaux. Vous rencontrez énormément de monde, découvrez différents environnements de travail et métiers… Des choses dont j’ai besoin pour évoluer professionnellement.
CCMM – Heureuse de ce nouveau départ?
C.D. – Oui. Catherine Denault | Gestion de projets est la troisième entreprise que je fonde, et je suis contente de mes précédentes expériences, qui m’ont rendue plus forte. Cette première année à mon compte a été très excitante. Je suis confiante vis-à-vis de la deuxième qui commence.
CCMM – Derrière chaque projet d’entrepreneuriat, il y a une prise de risque. Quel conseil donneriez-vous pour évaluer cette prise de risque et s’en protéger?
C.D. – Avant de se lancer, il est important de consulter des professionnels comme des comptables, des avocats. Non seulement ces ressources spécialisées vous conseilleront sur la structure d’entreprise la plus avantageuse pour vous, que vous soyez en solo ou associé à quelqu’un, mais elles vous présenteront aussi les types de situations plus délicates dans lesquelles vous pourriez vous retrouver. Ces scénarios vous permettront de mieux comprendre les risques que vous prenez et d’en limiter les éventuelles répercussions sur votre entreprise. Pour ma part, m’appuyer sur de telles ressources a été extrêmement sécurisant.
Ensuite, lorsque l’entreprise est démarrée, il est utile de prévoir un « coussin financier ». Ce coussin vous permettra de pallier les imprévus et de subvenir à vos besoins si, pendant deux mois, vous avez un peu moins de revenus (on le sait, il n’est pas toujours évident de planifier les projets qui nous sont confiés). Une telle prévoyance implique bien sûr une vigilance dans la gestion de vos dépenses quand, à l’inverse, vous enchaînez les contrats.
CCMM – Le plan d’affaires est-il nécessaire à tout projet d’entrepreneuriat?
C.D. – Oui. Bâtir un plan d’affaires prend du temps, mais cet exercice est essentiel pour définir votre entreprise à travers sa mission, ses valeurs, sa structure organisationnelle, ses objectifs de croissance. C’est un outil indispensable pour garder le cap, mais aussi pour obtenir du financement. Je l’ai particulièrement constaté lors de mon expérience avec la maison de production, puisque mon associé et moi-même avions besoin d’équipements coûteux et de main-d’œuvre temporaire que nous n’aurions pu payer sans financement externe.
CCMM – L’entrepreneur est-il seul dans cette démarche?
C.D. – Absolument pas. De nombreux organismes, tels qu’Acclr – services aux entreprises, YES Montreal ou encore le SAJE, existent pour le soutenir dans ce processus. Mon associé et moi-même avons eu recours à ces experts pour nous aider à réaliser notre plan d’affaires et, surtout, à apprendre à le présenter devant les financiers. Car il n’est pas toujours naturel pour un entrepreneur de faire un pitch de vente qui répond précisément aux attentes des investisseurs.
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CCMM – Comme vous le disiez, l’entrepreneur a plusieurs casquettes. Il fait aussi bien de l’opérationnel que de la prospection. Comment gérez-vous cet équilibre au quotidien?
C.D. – Difficile de répondre à cette question actuellement, car cette première année en tant que travailleuse autonome a été très occupée. J’ai donc fait peu de démarchage. Cependant, dans ma précédente expérience, la prospection était essentielle pour la pérennité de la maison de production. Il fallait aller chercher les contrats. Pour ce faire, j’utilise toujours la même méthode : j’entretiens le contact avec mes relations d’affaires et je tiens une liste recensant toutes les personnes avec qui j’ai déjà travaillé – même si la collaboration remonte à plus de dix ans. J’évalue ma charge de travail selon les mois à venir et, si j’estime qu’il y a des ouvertures, je cible dans ma liste les personnes qui présenteraient le plus d’opportunités selon l’entreprise dans laquelle elles se trouvent.
CCMM – Parlons du moment tant redouté où l’entrepreneur éprouve un creux ou une déception à la suite d’un projet. D’après vous, que faut-il comme qualités personnelles ou professionnelles pour poursuivre l’aventure?
C.D. – De la détermination et du courage. Dans l’entrepreneuriat, il ne faut pas avoir peur de se lancer et de se planter. L’échec, c’est normal et important, car c’est formateur. La vie vous met parfois des embûches qu’on ne peut pas prévoir, parce qu’il est impossible d’avoir le contrôle sur tout. L’important est d’en tirer des leçons afin de mieux vivre avec ces expériences-là. Aussi, il faut avoir beaucoup de confiance en ses compétences et ne pas tout remettre en question à la suite d’une déception.
L’entourage joue également un grand rôle dans ce type de situation. Ses encouragements vous aideront à rebondir. Quand je parle d’entourage, je parle bien sûr des proches, mais aussi des relations professionnelles. J’ai découvert un beau réseau de gestionnaires de projets qui se soutiennent, se donnent des conseils. Ces partages d’expérience, qui sont en fin de compte une forme de mentorat, m’ont été extrêmement bénéfiques, notamment lorsque je me suis lancée seule dans mon entreprise.
« Dans l’entrepreneuriat, il ne faut pas avoir peur de se lancer et de se planter. L’échec, c’est normal et important, car c’est formateur »
CCMM – Quel est votre défi de tous les jours?
C.D. – M’octroyer des moments de pause après avoir bien travaillé. C’est le plus compliqué : apprécier un après-midi où je n’aurai peut-être que deux heures de travail sans que l’anxiété embarque. Il faut savoir recharger ses batteries pour mieux redémarrer. Se donner cette latitude n’est pas évident.
CCMM – Comment imaginez-vous l’avenir? Y a-t-il un rêve que vous souhaiteriez réaliser?
C.D. – À court et moyen terme, je souhaite faire grandir mon entreprise. Et puis, un jour, j’aimerais avoir une boutique spécialisée en vins de petits producteurs, d’ici et d’ailleurs, avec également des produits d’artisans locaux qui s’accorderaient aux cépages présentés, et avoir pignon sur rue. L’idée serait d’offrir de courtes formations et des événements pour faire découvrir ces produits au public. C’est un rêve qui nécessite d’abord de trouver un partenaire et, plus précisément, un sommelier, étant donné que je ne possède pas de formation en la matière. Côté compétences, je me sentirai sereine, car beaucoup de ce que j’ai acquis au cours de mes précédentes expériences me servira : la gestion de projet, la comptabilité d’entreprise, les ressources humaines, etc.
CCMM – Pour conclure, quelles sont, selon vous, les principales aptitudes pour être entrepreneur?
C.D. – Selon moi, il faut être :
- passionné par ce qu’on fait;
- organisé, autonome et discipliné. C’est primordial. Fixez-vous des horaires, établissez des listes de tâches à faire et respectez-les;
- patient. Parfois, des projets de trois semaines s’étalent sur une période de trois mois ou alors des contrats se font attendre;
- capable de s’adapter rapidement à une situation, à l’environnement dans lequel vous vous retrouvez, aux façons de faire de vos interlocuteurs;
- curieux.