En vue du Forum stratégique Montréal : animée par l’international, codéveloppé par la Chambre, Montréal International et Investissement Québec, nous avons voulu dresser le portrait de la métropole face à l’international. Quelles sont les forces et les faiblesses de Montréal? Comment pouvons-nous rendre son économie encore plus innovante, plus créative et plus compétitive? Nous avons rencontré Christian Bernard, économiste en chef et vice-président, communication marketing à Montréal International, le temps d’une entrevue.
CCMM - Montréal connaît aujourd’hui un important essor économique. Le contexte est favorable pour attirer des investisseurs et des talents étrangers. Quelle évolution Montréal a-t-elle connue en ce qui concerne sa capacité d’attirer des investissements et des talents au cours des dernières années? Quels sont les facteurs qui expliquent cette évolution?
Christian Bernard : Montréal n’a pas la taille d’une métropole comme Paris ou New York. Elle a donc dû se démarquer! Pour cela, elle a misé sur une approche sectorielle à l’international en devenant un leader mondial dans certains secteurs de pointe comme l’aérospatiale, les jeux vidéo, les effets visuels (effets spéciaux), l’intelligence artificielle, les sciences de la vie et les technologies de la santé.
Dans ces secteurs, Montréal est devenue très attractive et a ainsi su tirer profit de l’effet boule de neige : l’écosystème montréalais est devenu assez important pour attirer les gros joueurs internationaux ainsi que les investisseurs et les talents étrangers.
Trois facteurs expliquent également cette évolution. Premièrement, la qualité de notre dispositif de formation. Nous sommes reconnus comme étant la meilleure ville étudiante au monde. Ensuite, notre structure fiscale fournit des avantages importants quant aux coûts (un environnement d’affaires concurrentiel, diverses mesures d’aide gouvernementale, notamment les crédits d’impôt). Finalement, en raison de son positionnement géographique, Montréal est la première porte d’entrée sur le continent nord-américain pour les entreprises européennes et facilite donc l’accès aux marchés. Nous offrons également un accès au marché européen aux Américains grâce à l’Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne. De plus, nous avons des infrastructures de calibre international avec l’aéroport Montréal-Trudeau et le Port de Montréal, qui permettent de relier ces marchés et de favoriser l’attractivité de la métropole.
CCMM - Comment peut-on non seulement maintenir, mais également accroître l’attractivité de la métropole?
Christian Bernard : Tous les indicateurs économiques sont aujourd’hui au vert! Les secteurs technologiques sont en pleine croissance, nous disposons des meilleurs talents, notre ville est ouverte sur le monde. Toutes les conditions gagnantes sont réunies pour continuer sur notre lancée économique et attirer des investissements internationaux records.
Cependant, pour continuer sur cette voie, il faut élargir encore davantage le bassin de talents montréalais, ce qui permettra de pourvoir les nombreux postes disponibles au sein de nos entreprises. Nous devons continuer d’agir à l’international en intensifiant nos activités, toujours dans une perspective d’attraction, d’intégration et de rétention des talents. Nous avons un fort potentiel de rétention, que nous devons continuer à concrétiser en mettant par exemple ces talents en contact avec des employeurs montréalais. Il faut également miser sur la persévérance scolaire afin de mieux former et outiller les générations futures.
Que pouvons-nous améliorer? Notre notoriété économique! Montréal est surtout connue à l’international pour son charme touristique, sa gastronomie et sa qualité de vie, mais trop peu pour son économie et son environnement d’affaires concurrentiel. Seules quelques niches sectorielles font exception.
Environ 2 200 filiales étrangères sont installées à Montréal, ce qui représente 1 % des établissements d’affaires de la métropole, mais contribuent à 10 % de l’emploi et à 20 % du PIB. Ces filiales sont des employeurs qui offrent généralement des salaires plus élevés, utilisent des technologies de pointe, investissent plus en R-D, ont des gains de productivité plus importants et sont établis sur plusieurs grands marchés du monde.
CCMM – Comment expliquer les chiffres records de Montréal International de l’année 2017?
Christian Bernard : Montréal International a obtenu des résultats records en 2017 avec plus de 2 milliards de dollars d’investissements étrangers accompagnés. La présence d’une main-d’œuvre hautement qualifiée, l’accès à un marché de près d’un milliard de consommateurs et la structure de coûts concurrentielle expliquent en grande partie le niveau élevé d’attractivité de la métropole. Mais à cela on peut ajouter d’autres atouts comme la vitalité de l’économie de la région, la forte concentration de leaders mondiaux, des politiques d’immigration fluides et efficaces et la qualité de vie exceptionnelle de la métropole.
CCMM – Quel est le secteur d’activité qui exerce le plus d’attrait pour les investisseurs? Pour les talents étrangers?
Christian Bernard : Sur les 48 projets que nous avons accompagnés l’an dernier, 11 étaient des projets en l’intelligence artificielle! C’est une très bonne année pour ce domaine, mais également pour les autres secteurs dans lesquels nous sommes reconnus et que nous avons mentionnés précédemment. Ces secteurs connaissent une croissance importante à l’échelle mondiale. Ce sont des secteurs d’avenir, dans lesquels Montréal s’illustre, et nous tirons profit de ce positionnement concurrentiel pour attirer les investisseurs et les talents étrangers!
CCMM – De quelle façon les entreprises de la métropole parviennent-elles à attirer des travailleurs stratégiques étrangers?
Christian Bernard : En proposant des offres d’emploi concrètes, premièrement, mais aussi grâce à notre système d’immigration. Par exemple, de 30 à 40 % des travailleurs du secteur des effets visuels sont des travailleurs internationaux! Nous avons remarqué au cours des dernières années que l’attraction des talents et des investisseurs étrangers constitue les deux revers d’une même médaille : l’un attire l’autre. Grâce à des coûts moins élevés par rapport aux autres métropoles d’Amérique du Nord, l’approche fiscale à Montréal favorise le rapport qualité-vie et contribue à l’attraction des talents et des investisseurs.
Montréal est sur une lancée économique qui, selon les indicateurs d’attractivité, sera renforcée dans les années à venir. Vous voulez en savoir plus sur les échanges internationaux et l’importance de l’internationalisation pour Montréal?
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