« Radio-Canada, c’est exactement comme le privé, mais… en un peu plus compliqué. » Ce sont les mots employés par Michel Bissonnette, vice-président principal de Radio-Canada, lors de son passage à notre tribune, pour parler du rôle du diffuseur public aujourd’hui, à l’ère du numérique.
Des enjeux de culture et d’identité
Pour Michel Bissonnette, le rôle de Radio-Canada à titre de diffuseur public est d’abord de se faire le gardien de la culture et de l’identité francophone. Il rappelle qu’il y a encore peu de temps, la réglementation permettait d’assurer la production et la diffusion de contenu original canadien et francophone. Les quotas imposés par le CRTC ont ainsi permis à plusieurs générations de Québécoises et Québécois de se voir et de se reconnaître dans ce qui était diffusé à la télé ou à la radio. Toute une industrie de production indépendante s’est ainsi formée, et son expertise rayonne aujourd’hui ici et partout dans le monde.
Pour le vice-président principal de Radio-Canada, cette époque est révolue. Le numérique a fait disparaître une barrière physique, ce qui permet maintenant aux contenus de circuler sans égard aux frontières.
La seconde barrière, celle de la langue, tend également à disparaître, tout particulièrement chez les jeunes. En effet, aujourd’hui, plus de 55 % des francophones de 18 à 34 ans sont abonnés au géant Netflix! Selon M. Bissonnette, ce chiffre démontre que, pour la jeune génération, la langue et l’origine du contenu sont des critères qui perdent en importance.
La concurrence des géants internationaux
Amazon, Netflix, Apple… La montée de ces géants a de quoi préoccuper. Ils sont de plus en plus nombreux à venir s’installer au Canada, avec des budgets extraordinaires qu’un diffuseur public ne peut malheureusement concurrencer. Les conséquences? Un impact sur les revenus et, de ce fait, sur la capacité de l’industrie à financer du contenu original francophone.
« Notre seule arme pour nous défendre, c’est notre créativité »
Pour le défenseur de la culture et de l’identité francophones qu’est Michel Bissonnette, le contenu original constitue le nerf de la guerre. La préservation et la promotion de notre culture ne concernent pas que le gouvernement : ils doivent être notre affaire à tous. Ainsi, Radio-Canada pourra continuer d’assurer son rôle de diffuseur public, qui est d’informer, d’éclairer et de divertir, même à l’ère du numérique.
Innovation, collaboration et création
En plus d’investir dans du contenu original et d’encourager la production indépendante, il importe de développer au sein de l’industrie de nouveaux réflexes qui permettront de se maintenir à l’ère du numérique. Il faut faire autrement et travailler ensemble! C’est ainsi que, en décembre dernier, Radio-Canada a mis en place trois mesures pour aider les producteurs indépendants à pénétrer les marchés mondiaux :
- La négociation d’alliances stratégiques avec 4 distributeurs canadiens et internationaux
- L’investissement de 2,5 millions de dollars pour soutenir le développement de projets destinés à l’international
- Le lancement d’une plateforme en ligne visant à faciliter l’exportation de contenus documentaires
Devant la montée des fausses nouvelles, Radio-Canada continue de miser sur sa force journalistique et sur la rigueur de ses pratiques. Le diffuseur public entend également continuer de faire preuve d’innovation et de renouvellement en utilisant les nouveaux outils technologiques et communicationnels afin de produire un contenu toujours plus original, engageant et pertinent. En continuant de s’imposer comme une référence autant pour son contenu que pour son contenant, le diffuseur public s’assure ainsi de demeurer au service du citoyen.
« Pour rester forte, Radio-Canada doit continuer de réaliser son mandat d’informer, d’éclairer et de divertir les Canadiens, mais à l’ère du numérique. Et c’est dans l’équilibre de ces trois piliers que réside notre force. »