La persévérance scolaire est un sujet qui mobilise notre communauté d’affaires. Pourquoi? Nous avons interrogé plusieurs entreprises à cet égard. Deux facteurs ressortent. D’une part, l’intérêt d’assurer une relève qualifiée, dans un contexte où, au Québec, 1 372 200 postes seront à pourvoir entre 2015-2024, dont 650 500 pour la période 2020 à 2024. D’autre part, la volonté de faire une différence dans la vie des jeunes et de s’engager, socialement, dans leur ville.
Assurer l’avenir
D’après les statistiques d’Emploi Québec, Montréal est la métropole aux besoins les plus forts en main-d’œuvre, pour la période 2015 à 2019, puisque la métropole représente 19 % de la demande totale au Québec[1]. Si l’on tient compte de la grande banlieue de Montréal, ce taux s’élève à 44 %[2]. Qu’en sera-t-il pour les années 2020-2024? Malgré l’absence de statistiques pour cette période, Montréal conservera, à n’en pas douter, sa première position.
Autre donnée intéressante d’Emploi Québec : les jeunes représenteront 56 % de la provenance de la main-d’œuvre au cours des années 2015-2024. Cette statistique met en relief l’importance de miser sur les prochaines générations qui occuperont nos postes et d’intervenir en amont de leur cursus afin qu’elles aillent jusqu’au bout de leur scolarité. C’est d’ailleurs ce que rappellent les Instances régionales de concertation sur la persévérance scolaire et la réussite éducative du Québec : « pour assurer la réussite d’une relève qualifiée, le décrochage requiert la concertation et l’implication de tous puisque l’avenir et le développement de nos régions, comme ceux du Québec, en dépend. »[3].
Des initiatives inspirantes
Programmes d’entreprises pour éveiller les jeunes à leur secteur d’activité, partenariat avec des organismes ou des projets liés à la formation de la main-d’œuvre et à la persévérance scolaire, sensibilisation dans les écoles… Les initiatives ne manquent pas, au vu de la grande variété d’acteurs qui s’impliquent.
Prenons l’exemple de Belairdirect. Selon Rémi Vuong, conseiller stratégique, Acquisition de talents, ressources humaines, « notre entreprise est consciente des besoins de la relève dans l’industrie de l’assurance et éprouve la responsabilité d’encourager les jeunes à persévérer dans leurs études ». C’est pourquoi Belairdirect s’est associé à deux organismes: Academos, qui connecte les jeunes de 14 à 30 ans avec la réalité du monde du travail, et Montréal Relève, expert en préparation de la relève et de la main-d’œuvre. L’engagement de l’entreprise s’est concrétisé par :
- le mentorat que font ses employés auprès de plus de 50 000 jeunes au Québec, sur la plateforme Academos. L’objectif est d’expliquer leur travail à des jeunes qui se questionnent sur leur avenir.
- sa participation au programme d’exploration de carrière Classes Affaires, de Montréal Relève. Chaque été, une équipe de quinze professionnels accueille quarante jeunes pour un stage de découverte de 35 heures. Depuis 2014, c’est plus de 90 jeunes qui l’ont réalisé.
D’après Belairdirect, ces programmes peuvent faire toute la différence dans un parcours scolaire, en renforçant la confiance d’élèves en difficulté et en les incitant à poursuivre leurs études supérieures ou une formation professionnelle.
Autre exemple, l’Université de Montréal (UdeM), qui soutient le développement des enfants en difficulté du quartier Parc-Extension à travers son projet L’extension. Celui-ci offre notamment des services en orthopédagogie, qui consistent à préciser, chez les écoliers, les problèmes qu’ils éprouvent sur le plan des connaissances, des stratégies et des processus cognitifs, principalement en lecture, en écriture et en mathématique[4]. Selon Mona Saint-Germain, enseignante dans cet arrondissement, « le centre favorise la réussite scolaire et la santé des élèves ». Or, qui dit réussite, dit progrès et renforcement de la confiance en soi.
Aspect intéressant de ce modèle: des étudiants de l’UdeM se portent volontaires pour faire des stages à ce centre. Encadrés par des professeurs, ils permettent aux enfants participants de recevoir gratuitement des soins en médecine dentaire et en optométrie. Cet apprentissage bénéficie tant aux étudiants qu’à la communauté.
Dernière illustration : les YMCA du Québec. L’organisation a créé plusieurs services s’attaquant aux multiples enjeux nuisant à la réussite scolaire, dont le YMCA Alternative Suspension. Celui-ci est destiné aux élèves suspendus et cherche à prévenir le décrochage scolaire en travaillant sur les problèmes de comportement qui mènent à une suspension, en partenariat avec les écoles et les commissions scolaires. Ce programme résulte d’une étroite collaboration avec les parents, les enseignants et les directeurs de plus de 100 écoles et 11 commissions scolaires québécoises ainsi que de la nation crie du nord du Québec.
De manière générale, dès lors que nous parlons de persévérance scolaire, nombreuses sont les entreprises qui confirment leur intérêt de s’impliquer, à l’image de David Barabé, cofondateur de DIX au carré : « Cette cause me tient à cœur. Je sais que certains jeunes peuvent manquer de moyens et de ressources pour réussir à l'école ou encore s’interroger sur leur place dans le système scolaire. Aussi, je vais étudier les possibilités d’agir à mon niveau. »
Rappelons que la persévérance scolaire est l’une des priorités régionales du Québec. Les efforts réalisés en la matière sont encourageants puisque le taux de décrochage scolaire est passé de 24,6 % en 2009 à 20,8 % en 2014, à Montréal. Continuons dans cette lancée!
Vous souhaitez faire une différence dans la vie des jeunes? Vous avez besoin d’être inspiré? Plusieurs entreprises, telles que le Cirque du Soleil, SNC-Lavalin, Arani…, vous partageront prochainement leur expérience. Restez à l’affût!
[1]
Le marché du travail et l’emploi par industrie au Québec, perspectives à moyen et long terme – Tableau 4
[2]
Le marché du travail et l’emploi par industrie au Québec, perspectives à moyen et long terme – Tableau 4 – « RMR de Montréal ».
[3]
http://www.perseverancescolaire.com/portrait-perseverances/
[4]
Selon la définition de l’Association des orthopédagogues du Québec