Marie Amiot, présidente-directrice générale de la Factry, et Andréane Martel, directrice, Forums stratégiques, Leaders internationaux et projets spéciaux à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, s’accordent toutes les deux pour le dire : c’est en positionnant la créativité au cœur des stratégies des entreprises que ces dernières survivront à la prochaine décennie. C’est dans cette perspective que l’École des sciences de la créativité, fondée il y a un an et mieux connue sous le nom de Factry, a lancé le programme « Leadership créatif ». Explications sur le but de cette formation, faite sur mesure pour des gestionnaires soucieux d’assurer la pérennité de leur entreprise.
La créativité : la compétence clé du leader d’aujourd’hui et de demain
Quand on demande à Marie Amiot si la créativité est une compétence clé du leadership, la réponse est affirmative et sans équivoque. Pourquoi? Parce que, selon elle, l’ère dans laquelle nous vivons est empreinte de changements continus, qui se succèdent à un rythme que l’homme n’avait jamais connu jusqu’à présent, en raison de la mondialisation et des technologies innovantes. Il en découle un besoin, pour les entreprises, de se réinventer, encore et toujours. La créativité est un moyen de remplir ce besoin. Pour la PDG de la Factry, la créativité transversale, à tous les niveaux et dans toutes les équipes, est une condition essentielle pour être en mesure d’innover; elle doit faire partie de la culture organisationnelle. Les entreprises ont donc besoin de gestionnaires qui sont à la fois des créateurs et des catalyseurs d’idées, aptes à mobiliser un éventail de collaborateurs afin de les guider vers un but commun.
« La créativité transversale, à tous les niveaux et dans toutes les équipes, est une condition essentielle pour être en mesure d’innover; elle doit faire partie de la culture organisationnelle. »
Comment développer une telle compétence?
En travaillant sur soi-même : « L’humain est au premier plan du programme Leadership créatif », relève Andréane Martel, participante de la deuxième cohorte. « En effet, les trois blocs du cours traitent beaucoup des relations interpersonnelles : dans le premier, nous abordons le « moi » et, plus précisément, les qualités du leadership; dans le deuxième, nous en venons à l’équipe, à la manière de mobiliser ses troupes et de choisir les bonnes idées; enfin, dans le dernier, nous activons la transformation en appliquant ce qui a été vu précédemment », confirme Marie Amiot.
Parce que la créativité nécessite de faire les choses différemment, elle est un vecteur de changement. Il faut donc que le gestionnaire se connaisse bien pour développer sa confiance en lui-même et vendre ses idées. Le point de départ est donc une prise de recul pour le leader. Le tout se fait avec une approche, bien sûr, transdisciplinaire, puisque chaque cohorte rassemble des entreprises issues de milieux aussi différents que le monde corporatif, les industries créatives, le secteur public ou le monde des affaires en général… Un maillage essentiel, selon Marie Amiot, qui permet aux participants de mieux se challenger et d’évoluer dans leur réflexion.
Exemples concrets
Nous avons demandé à Andréane Martel deux exemples concrets de ce qui l’avait marquée lors de sa formation.
Bloc I – Atelier sur l’écoute. Un exercice qui peut sembler simple, en apparence : écouter une personne parler pendant trois minutes, sans l’interrompre, puis observer une période de silence de soixante secondes. « Ce que j’ai réalisé : en tant que gestionnaire, nous pensons manquer de temps et nous souhaitons régler les choses rapidement. De ce fait, lorsqu’un employé vient nous parler d’un problème, nous avons peut-être trop tendance à avancer tout de suite une solution. Or, si vous prenez trois minutes pour l’écouter et le laisser aller dans sa réflexion, vous verrez que, bien souvent, il trouvera la solution par lui-même. »
Bloc II – Atelier sur les techniques pour valider les bonnes idées. L’innovation n’est pas l’apanage des gestionnaires, elle peut provenir de tous les échelons. À ce titre, le leader doit inspirer à ses employés le plus de confiance possible afin que ces derniers lui proposent des idées. C’est ensemble qu’ils détermineront lesquelles sont bonnes et lesquelles sont à retravailler, grâce à la technique suivante : « Vous demandez à votre collaborateur d’évaluer, sur une échelle de 1 à 10, le niveau de besoin auquel l’idée répond. Si la réponse est un 8, votre interlocuteur doit mettre en avant les points positifs de sa proposition et ce qui lui manque pour se rendre à 10 ». S’ensuit une technique de remue-méninges pour parvenir à ce 10.
La leçon à retenir
En donnant cette formation, la Factry a pour objectif de forger des esprits créatifs capables de trouver des solutions d’affaires nouvelles. Dans le quotidien, comment faire pour conserver cet esprit innovant? « En changeant, par exemple, sur chaque projet, une petite chose », répond Andréane Martel, qui conclut qu’en gestion de projet, il ne faut pas avoir peur de penser différemment et de faire des tests. La notion de prise de risque est inhérente à ce type de mandat. Il faut savoir l’intégrer sans que celle-ci devienne pour autant de l’entêtement si l’idée que l’on souhaite avancer semble ne pas fonctionner.
En savoir plus sur la Factry
À retenir du programme Leadership créatif : il se déroule sur six jours au total, répartis en trois périodes; il est transdisciplinaire, réunissant une variété d’entreprises; il s’adapte aux problématiques de terrain des entreprises; ses intervenants sont de calibre international.
La Factry met également sur pied d’autres programmes de formation, notamment sur la maîtrise des données massives, intitulé « Culture Data » (déjà offert); sur le commerce et les nouveaux modèles d’affaires (à venir); sur les communications et le « storytelling » (à venir).
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