Premier de classe quant aux dépenses publiques et privées en recherche et développement, le Québec peine à tirer profit de ses efforts en matière d’innovation. Cependant, le gouvernement souhaite renverser la situation. Pour ce faire, il a mené cet automne des consultations sur l’élaboration de la nouvelle Stratégie québécoise de la recherche et de l’innovation. La Chambre y a participé et a envoyé un message clair : pour stimuler l’innovation au Québec, il faut s’assurer de soutenir l’innovation dans son ensemble, de l’éducation de nos jeunes à la commercialisation de nouveaux produits en passant par la création de modèles d’affaires novateurs. Voici, cinq stratégies proposées par la Chambre pour y parvenir.
1. Développer des programmes de soutien à l’innovation compréhensifs, flexibles et efficaces
Réfléchissons aux innovations marquantes des dernières années. Que ce soit dans notre façon de consommer, de nous déplacer ou d’écouter de la musique, il est indéniable que nos habitudes quotidiennes ont passablement changé. Ces innovations sont souvent le produit d’avancées technologiques issues de la recherche et du développement (géolocalisation, Web mobile, commerce en ligne). Toutefois, force est de constater que leur application dans notre vie quotidienne est généralement le résultat de nouveaux modèles d’affaires novateurs. L’innovation, loin de se limiter aux laboratoires et aux centres de recherche universitaire, se trouve au contraire dans tous les aspects du processus de production et de l’offre de services.
Nos programmes de soutien à l’innovation doivent refléter cette réalité. Ils doivent être élaborés de façon à répondre à un besoin ou à un objectif, et non seulement à pousser une idée. Il est nécessaire que les programmes mis en place par le gouvernement soient flexibles et adaptés aux réalités des entreprises, tout en assurant un décaissement rapide qui évite de mettre une pression inutile sur le flux financier des entreprises.
2. Soutenir l’ensemble du processus d’innovation : de l’idée à la commercialisation
Lorsque nous jetons un coup d’œil au nombre de brevets déposés au Québec et au nombre d’entreprises créées ici, nous remarquons que le Québec obtient un rendement de l’investissement assez faible. Il importe de corriger la situation.
Le gouvernement du Québec doit donc apporter son soutien à l’ensemble des formes d’innovation, ce qui inclut la commercialisation et l’acquisition de nouvelles technologies. D’une part, le gouvernement doit faciliter les transferts de connaissances des établissements d’enseignement supérieur vers les entreprises. De l’autre, il doit cibler l’acquisition rapide des innovations par nos PME. Enfin, il est essentiel que la commercialisation soit au cœur des programmes d’innovation destinés aux entreprises, et ce, dès les premières étapes de soutien.
3. Faciliter l’accès des PME aux programmes d’innovation
L’écosystème d’innovation de Montréal s’appuie sur un système de grappes industrielles qui a fait ses preuves. Grâce à l’avantage concurrentiel considérable qu’elles procurent, les grappes permettent aux entreprises de toutes tailles d’innover.
Cependant, la majorité des dépenses en recherche et développement au Québec sont effectuées par une poignée de grandes entreprises. Pour accroître la place des PME en innovation, il faut que le gouvernement du Québec adopte des pratiques qui prennent en compte la situation dans laquelle se trouvent les plus petites entreprises. Un exemple à suivre serait celui du programme américain Small Business Innovation Research. Divisé en trois phases distinctes, ce dernier permet de faciliter la transition entre les étapes de recherche et de commercialisation d’une innovation tout en garantissant des résultats concrets pour le gouvernement.
4. Miser sur les talents
On n’innove pas sans réfléchir. Une main-d’œuvre éduquée est donc une condition nécessaire à l’édification d’une société innovante. Pour créer de l’innovation, il faut donc concevoir des programmes d’études qui incitent au développement des idées et qui fournissent des outils de gestion pour le faire. Toutefois, il arrive que la création et l’adoption de processus et de produits innovants requièrent des connaissances très spécialisées introuvables au Québec. Dans cette optique, le gouvernement du Québec doit faciliter la venue de travailleurs spécialisés et implanter un environnement qui favorise l’attraction des talents.
5. Développer une fonction publique innovante et tournée vers le changement
Dans le but d’encourager le développement d’une culture de l’innovation, il est essentiel que l’administration publique adopte une position de leader en matière d’innovation. Il lui faut donc se doter d’un plan d’action dont l’objectif ultime serait la création d’une fonction publique ouverte et flexible. Dans son mémoire, la Chambre propose plusieurs pistes de solutions : création d’un poste de responsable de l’innovation; implantation d’une veille sur les pratiques innovantes en collaboration avec une ou des universités; et recours aux appels à l’innovation pour la livraison des services gouvernementaux.
Recommandations de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain portant sur la Stratégie québécoise de la recherche et de l'innovation