À la conclusion du dernier trimestre de 2018, plus de 117 000 postes étaient vacants au Québec. Il s’agit d’un sommet au Canada qui freine la croissance des entreprises de la province et que Claude Gagnon, président, Opérations, de BMO Groupe financier, Québec, n’a pas manqué de souligner lors de son passage à la tribune de la Chambre, le 22 janvier.
Venu partager ses réflexions sur l’économie du Québec et le leadership des acteurs économiques en cette période qu’il qualifie de « très particulière », le nouveau dirigeant de BMO au Québec depuis avril 2018 a dévoilé le projet d’un nouvel instrument pour mesurer la qualité des emplois dans la province.
La pénurie de main-d’œuvre est le changement le plus important et brutal de notre économie depuis quelques années, selon M. Gagnon, qui estime que l’enjeu est souvent plus marqué en région que dans le Grand Montréal.
Ayant travaillé plusieurs années dans le service des ressources humaines durant sa longue carrière chez BMO, Claude Gagnon affirme que les enjeux de talents et de main-d’œuvre sont au cœur de ses préoccupations.
Selon lui, nous entrons dans une nouvelle phase où la création nette d’emplois sera déterminée par le nombre de travailleurs disponibles, un contexte où recruter des travailleurs voudra bien souvent dire déplacer des emplois.
Avec la robotisation qui s’ajoute aux déplacements des emplois, comment déterminer quels sont les emplois les plus pertinents et les plus importants à conserver et quels sont ceux que nous acceptons de voir remplacer par des robots? L’indice que BMO désire mettre de l’avant, en partenariat avec l’Institut du Québec (IDQ), a pour but de déterminer les emplois qui génèrent un plus grand bénéfice économique et social afin de les protéger le plus possible.
Comme M. Gagnon l’a expliqué lors de son passage à la Chambre, l’indice de qualité d’emploi BMO-IDQ cherchera à « chiffrer le subjectif et quantifier le qualitatif » et à sortir les économistes de leur zone de confort. En d’autres mots, faire de la prospective plutôt que de la perspective.
Claude Gagnon est ainsi convaincu qu’il faut de nouveaux instruments d’analyse pour avoir un plus juste regard sur la nouvelle réalité du marché du travail. De tels instruments permettraient notamment de découvrir si le Québec peut augmenter la part des emplois qui contribuent au progrès économique et social, tout en procurant une satisfaction élevée à ceux qui les occupent.
Qu’est-ce qu’un emploi de qualité? Pour un individu, c’est un emploi valorisant dans une entreprise privée ou une institution publique, comme salarié ou travailleur autonome, plus payant que la moyenne, assorti de bonnes conditions et offrant de bonnes possibilités d’avancement.
Par ailleurs, pour la société, un emploi de qualité répond également à des critères tels que :
- contribuer à une économie verte ou à une faible empreinte carbone,
- améliorer les services aux citoyens,
- prôner l’inclusion et la valorisation des personnes,
- valoriser le savoir-faire et les ressources locales,
- faire appel aux qualités humaines.
BMO et l’IDQ visent une première publication au printemps 2019, puis chaque année à la fin du premier trimestre. 2018 sera « l’année zéro ». C’est un dossier à suivre!
En marge de son allocution à la tribune de la Chambre, Claude Gagnon a fait valoir deux autres éléments importants.
L’importance du partenariat entre Montréal et les régions
Claude Gagnon a fait le tour des régions du Québec au cours des derniers mois, visitant Sherbrooke, Trois-Rivières, Québec, Saint-Georges de Beauce, Saguenay et Drummondville. Il a profité de ses arrêts pour visiter des entreprises en tout genre : PME ou multinationales, établies ou plus récentes, dirigées par des hommes ou des femmes. Il a également rencontré les élus locaux et des représentants des peuples autochtones.
Il affirme avoir commencé sa tournée avec une intuition et la terminer avec une certitude : c’est tout le Québec qui est en transformation, et pas seulement Montréal. Qualifiant la métropole « d’étoile montante parmi les plus prometteuses en Amérique du Nord », il affirme que cette confiance, cette audace et ce goût de relever des défis se trouvent heureusement partout au Québec.
À ce titre, il a profité de sa tribune pour rappeler l’importance du partenariat entre Montréal et les régions. Il a demandé aux gens d’affaires de Montréal de valoriser davantage les relations avec les entreprises des régions et les a encouragées à chercher des fournisseurs et même des investissements régionaux. Bref, qu’elles assument un « rôle de leadership dans la communauté d’affaires métropolitaine ».
Promouvoir l’engagement social des entreprises
Claude Gagnon a rappelé quelques-uns des principaux atouts du Québec, comme son énergie propre à bon prix et en abondance, ses ressources naturelles, ses secteurs de pointe et son système d’éducation publique parmi les meilleurs au monde. Selon lui, de tels attributs viennent avec des responsabilités. Il souhaite que les gens d’affaires du Québec se lèvent et exercent un leadership qui va au-delà de leurs entreprises et qu’ils prennent conscience de leur influence dans la communauté.
Le but n’est pas d’en faire une distraction, mais d’intégrer cette dimension à sa stratégie de croissance. Être un bon citoyen corporatif vient avec un rôle et une part de responsabilité, a-t-il lancé à son auditoire, rappelant que les bonnes affaires se font dans des communautés dynamiques et en santé.
À une époque de transformation des économies et des sociétés, il entrevoit des décisions importantes à prendre pour les années à venir. Les technologies, les données et leur traitement, les changements climatiques et l’intégration des immigrants sont tous des défis dans lesquels il souhaite voir les entreprises s’investir encore plus pour leur bien et celui de la société.