Des acquisitions justes (fair) et amicales. C’est ce qui a inspiré le nom de la société Fairfax Financial Holdings Limited au moment de sa fondation il y a 33 ans. Son président et chef de la direction est le milliardaire philanthrope Prem Watsa. Même si ce dernier n’est pas bien connu du grand public, son histoire mérite assurément d’être racontée, car elle offre une foule d’enseignements à quiconque exploite une entreprise ou envisage de se lancer dans un nouveau projet.
Né en Inde, Prem Watsa est arrivé au Canada il y a plus de 46 ans et a su se hisser au rang des hommes d’affaires les plus accomplis au pays. Après avoir réussi à amasser la mise de fonds initiale de 5 millions de dollars nécessaire à l’achat d’une compagnie d’assurance camionnage acculée à la faillite – de son aveu la tâche la plus ardue de sa vie –, il est parvenu à transformer son entreprise en un empire multimilliardaire employant des centaines de milliers de personnes dans le monde entier, dont 14 000 au Québec. À sa longue liste d’acquisitions figurent notamment le fleuron québécois St-Hubert – par le biais de la filiale de Fairfax, Cara (maintenant Recipe) – ainsi que les magasins Toys “R” Us et Golf Town. Plus d’un quart de siècle plus tard, Fairfax Financial est toujours une société florissante sur le marché boursier et hors bourse.
Même si on le surnomme souvent le « Warren Buffet » du Canada, M. Watsa fait rarement des apparitions publiques. C’est pourquoi, lors d’une récente visite à la Chambre, ce fut un plaisir de l’entendre raconter à l’auditoire ses expériences et les défis qu’il a dû relever pour se tailler une place parmi les grands. Il attribue la majeure partie de sa réussite aux valeurs que sa famille lui a inculquées et aux obstacles qu’il a dû surmonter en tant que nouvel arrivant au Canada.
« Traitez les autres comme vous voudriez être traité vous-même. » Voilà la règle d’or qui dicte la voie de la réussite de M. Watsa. Il a poursuivi en décrivant les sept principes clés à la base de la réussite d’une entreprise.
1. Avoir une vision à long terme. Toutes les affaires des entreprises doivent être pensées dans une optique à long terme et il faut éviter à tout prix de prendre des décisions prématurées. Fairfax ne fait aucune prévision à court terme et ne fait pas de publicité pour obtenir son 15 minutes de gloire.
2. L’entreprise n’est pas à vendre. Aucune offre n’est trop bonne pour être refusée. Les actionnaires savent que l’entreprise ne peut être vendue et les employés ont l’assurance de pouvoir se construire une carrière stable et à long terme. M. Watsa est même allé aussi loin qu’établir un plan pour son entreprise, à mettre en œuvre après le décès de son président…
3. Décentraliser et réduire la bureaucratie au minimum. La société de portefeuille dirigée par M. Watsa ne compte qu’une trentaine d’employés. Bien qu’il ait des milliers d’employés dans le monde entier, M. Watsa dit que l’on peut accomplir des choses extraordinaires en milieu de travail avec une bureaucratie réduite au minimum. Selon ses propres mots, le président est au bout du compte tenu responsable des actions de l’entreprise.
4. La réussite ne se fait pas au détriment de la famille. Il s’agit d’un point non négociable pour M. Watsa. La vie est parfois difficile et la famille doit toujours passer avant tout.
5. Toujours maintenir une approche axée sur l’équipe. Les personnes qui ont un ego démesuré et qui font preuve d’arrogance sont très malsaines dans un milieu de travail. Selon M. Watsa, tout est possible lorsque l’on n’accorde pas d’importance à qui revient le mérite au fil d’arrivée.
6. Faire des dons à des organismes de bienfaisance. « Pour faire le bien, il faut bien le faire. » Les entreprises de M. Watsa croient fermement qu’il faut redonner aux collectivités et verser de 1 % à 2 % de leurs profits à des organismes de bienfaisance. Au fil des ans, elles ont versé des dons totaux de 167 millions de dollars à des causes caritatives.
7. Ne jamais compromettre son intégrité. M. Watsa a raconté aux membres de l’auditoire que lors d’une récente acquisition, il a farouchement refusé de sabrer dans les régimes de retraite de ses employés pour augmenter son chiffre d’affaires. Il n’est jamais bon de profiter de personnes mises au pied du mur.
Selon M. Watsa, le Canada a été bâti par des entreprises et lorsque celles-ci prospèrent, tout le monde en tire profit.