La Chambre de commerce du Montréal métropolitain donne la parole à ses cinq commanditaires piliers sur une diversité d’enjeux qui contribuent à l’élan économique de la métropole.
Cette entrevue a été réalisée auprès de Pierre Rodrigue, vice-président, Bell au Québec, chez Bell.
CCMM – Comment Bell a-t-elle contribué à l’innovation, fer de lance du développement économique de la métropole, au cours des dernières années?
Pierre Rodrigue (P. R.) : L’un des projets les plus récents de Bell est l’énorme déploiement de la fibre optique dans la région métropolitaine. Cet investissement de plus de 850 millions de dollars créera 2 700 emplois et des retombées économiques estimées à 2 milliards de dollars.
Plus d’un million d’entreprises et de foyers montréalais auront accès à un réseau ultra moderne qui leur permettra de contribuer directement à l’économie d’aujourd’hui et de demain. Nous mettons en place ce que nous pouvons appeler le « squelette de l’économie numérique » de Montréal, c’est-à-dire toute l’infrastructure essentielle au développement de la ville intelligente s’articulant autour de l’Internet des objets, de l’intelligence artificielle, de l’industrie des jeux vidéos, etc.
De plus, Bell soutient l’innovation en achetant chaque année des biens et des services d’une valeur d’environ 2 milliards de dollars auprès de partenaires québécois. Ces entreprises, de tailles très différentes, peuvent répondre à des demandes précises dans le cadre du déploiement de nos réseaux. Nous les encourageons constamment à innover, à créer de nouvelles techniques, à penser autrement, mais aussi à aller chercher l’expertise à l’extérieur de Montréal, partout au Canada ou à l’étranger.
Je pense à trois exemples en particulier.
- TRJ Télécom : Cette entreprise spécialisée dans le déploiement, la modernisation et l'entretien de réseaux de télécommunications à Montréal a dû créer un outil d’aéro-excavation pour nous permettre de déployer plus rapidement la fibre optique. Aujourd’hui, elle collabore à notre projet de fibre à Toronto.
- AddÉnergie : Cette entreprise de Québec, également installée à Montréal, fabrique des solutions de recharge pour véhicules électriques. Nous avons été l’un de ses premiers grands clients au Québec. Elle a par la suite déployé des bornes dans nos installations en Ontario.
- OtoData : Ce partenaire montréalais de l’internet des objets fournit des milliers de capteurs de réservoir qui, grâce au réseau mobile de Bell, fournissent à Supérieur Propane un outil de gestion pour réapprovisionner les stocks de ses clients au moment opportun, tout en réduisant ses coûts opérationnels.
Enfin, le siège social et les autres installations de Bell dans la grande région métropolitaine accueillent une majorité des quelque 14 000 membres de l’équipe de Bell au Québec. Nous sommes donc sensibles à l’écosystème numérique dans lequel nous vivons en plus d’être à l’écoute des besoins de nos partenaires dans le domaine de l’intelligence artificielle et des jeux vidéo, par exemples.
CCMM – En matière d’innovation, quelles sont les forces qui permettent à la métropole de maintenir son élan économique et de demeurer concurrentielle?
P. R. : Je suis Montréalais et c’est lorsque je voyage que je réalise à quel point notre offre mondiale est tout à fait distinctive!
Il est rare qu’une ville de la taille de Montréal accueille autant d’universités. Celles-ci offrent à la ville un poumon de jeunesse, une pulsion d’une génération âgée de 18 à 25 ans originaire du Québec, mais aussi de partout dans le monde.
De plus, Montréal est une ville diversifiée et le bilinguisme s’inscrit dans son ADN. Le fait que nous parlions couramment le français ET l’anglais nous distingue par rapport aux autres villes d’Amérique du Nord, aux villes européennes et au reste du monde.
Nous ne le rappellerons jamais assez : Montréal offre une qualité de vie unique et une diversité culturelle et récréative incroyable. Dans quelle autre grande métropole peut-on faire de la pêche urbaine? À Montréal, c’est le cas, car c’est une île!
N’oublions pas non plus notre infrastructure de télécommunications, à la fine pointe de la technologie, qui permet à nos entreprises montréalaises d’accéder en vitesse réelle à tous les réseaux à travers le monde.
CCMM – Comment l’innovation chez Bell a-t-elle permis de transformer un modèle d’affaires?
P. R. : On oublie souvent que Bell est née il y a 140 ans d’une invention : le téléphone. Bell a dû faire preuve d’innovation dès sa première vente. Celle-ci impliquait en fait une autre vente, puisqu’il n’était pas possible d’établir une communication avec un seul téléphone; il en fallait nécessairement deux.
Les premiers enjeux de Bell portaient, entre autres, sur les brevets, mais aussi sur le financement, parce qu’il fallait bâtir un réseau entier. Ce défi demeure, même si les réseaux sont différents. Aujourd’hui, la téléphonie résidentielle représente 8 % de nos revenus alors que 85 % sont tirés des services sans fil, médias et télévision et internet large bande. Quelle qu’elle soit, une entreprise n’a pas d’autre choix que d’être à l’écoute de ses clients, de se transformer et de se réinventer sans cesse. Depuis dix ans, nous investissons dans des réseaux permettant de développer l’Internet des objets et l’intelligence artificielle. Au cours des prochaines années, nous allons continuer à déployer des solutions pertinentes pour la sécurité et la robustesse de ces réseaux.
L’innovation passe aussi par les grands fournisseurs mondiaux de solutions qui n’hésitent pas à collaborer avec nous car nous sommes le plus important investisseur en réseaux du Canada. Bell est une grande entreprise dans le contexte canadien mais elle demeure relativement petite sur la scène mondiale si on la compare aux grandes entreprises de télécommunications indiennes, britanniques, allemandes ou chinoises. Ceci dit, son statut de leader au Canada lui permet d’établir des partenariats dans le monde entier avec de gros joueurs porteurs d’innovation.
CCMM – Comment Bell aide-t-elle les entreprises de la métropole à se développer grâce à l’innovation?
P. R. : Au-delà du fait que nos réseaux donnent aux entreprises la capacité de réaliser leurs ambitions, il faut rappeler que nous sommes au centre d’un écosystème d’innovation. Pour donner à nos clients les services dont ils ont besoin, nous encourageons nos fournisseurs à innover. Nos fournisseurs deviennent nos partenaires.
Ensuite, on parle souvent de la force et de l’agilité des start-ups, mais on oublie souvent que ces dernières ont aussi leurs limites. En plus de faire face à des enjeux financiers, une start-up n’a pas toujours la capacité suffisante pour déployer sa solution à plus grande échelle selon les besoins de ses clients. L’acheteur peut également craindre que l’entreprise disparaisse au bout de quelques années en raison de sa fragilité économique.
Et c’est là que nous entrons en jeu, car Bell intervient à la fois comme fournisseur du client et comme acheteur d’un produit ou d’une solution d’une start-up. La présence de Bell est généralement rassurante pour les deux parties, qui peuvent non seulement compter sur les ressources et l’expertise de l’entreprise, mais aussi sur sa solidité financière et sa pérennité. De cette manière, Bell peut repérer parmi ses fournisseurs la petite entreprise qui aura mis au point la technologie innovante permettant de répondre aux besoins du client et accompagner celle-ci dans son déploiement.
Il y a une différence entre le laboratoire et l’application; entre imaginer une solution, concrétiser l’invention et la déployer à très grande envergure, à l’aide d’une équipe terrain, dans un environnement extérieur parfois hostile, avec des températures variant de -40o à 40o Celsius.
C’est grâce à sa stratégie de développement fondée sur l’innovation que Bell contribue au développement économique de la métropole !