Le 11 mai dernier, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain recevait pour la première fois à sa tribune Éric Lachance, président et chef de la direction d’Énergir.
À cette occasion, M. Lachance a abordé les tendances de fond et les transformations que connaissent les secteurs de la distribution et de la consommation d’énergie. Retour sur les moments clés de cette conférence.
« Nous sommes engagés à demeurer un énergéticien de référence qui agit afin de décarboner ses activités dans un contexte d’urgence climatique. On devra affiner nos approches et remettre en question les modèles d’affaires pour arriver à nos fins. » – Éric Lachance, président et chef de la direction, Énergir
Trois grandes tendances qui impacteront le milieu de l’énergie
L’énergie subit les soubresauts de la conjoncture mondiale. à l’image de la transformation induite par les technologies depuis les années 90, Éric Lachance a pointé la transformation importante du milieu de l’énergie qui serait à nos portes. Pour lui, ce changement repose sur trois tendances de fond.
La décarbonation
Selon Éric Lachance, il est toujours possible de limiter le réchauffement climatique. Cela dépendra toutefois de la façon dont est produite et consommée l’énergie. Par exemple, en matière de distribution, il recommande l’intégration de nouveaux modes de production tels que l’éolien et l’énergie solaire.
« On est chanceux au Québec, car notre énergie est déjà décarbonée. On s’attaque maintenant à des solutions que les autres provinces vont aborder dans 10-15 ans. »
La décentralisation
« On doit développer des modèles d’affaires où il devient possible d’intégrer des technologies décentralisées. »
Éric Lachance soutient que la décentralisation constitue une approche essentielle pour faciliter la transition énergétique. Selon lui, il faut favoriser des modèles où le consommateur devient un autoproducteur avec, par exemple, l’exploitation de panneaux solaires.
La numérisation
Tous les secteurs sont touchés par la numérisation. En combinant la décentralisation et la numérisation, il est possible de créer un environnement propice pour attirer de nouveaux acteurs. Éric Lachance cite notamment l’exemple de l’entreprise Tesla, qui crée et distribue de l’électricité au Texas. Tesla propose de rémunérer les propriétaires de panneaux solaires lorsqu'ils partagent leur surplus d'énergie sur le réseau.
« Le consommateur devient un acteur pour produire et gérer l’énergie, soit un gestionnaire du système énergétique. »
Les mesures pour une transition réussie
Le PDG d’Énergir a ensuite pointé un autre changement : les nouveaux coûts de l’énergie seront plus élevés que les coûts historiques. Pour lui, il y a un processus de sensibilisation des parties prenantes qui sera très important afin de ne laisser personne derrière.
« Notre clientèle doit faire partie du processus de décarbonation, et non la subir. Elle doit embarquer. »
Selon M. Lachance, des mesures gouvernementales doivent être mises en place pour réduire les coûts sociétaux de la décarbonation. Il doit y avoir un modèle d’affaires qui équilibre les aspects social, climatique et financier.
« Je vois trois mesures concrètes qui peuvent nous permettre de réussir la transition : tirer parti du gaz naturel renouvelable, assurer une complémentarité avec Hydro-Québec et diversifier nos activités dans de nouveaux secteurs comme l’hydrogène vert. »
Éric Lachance a tenu à conclure avec un message d’espoir et de mobilisation. Il a souligné l’ampleur des défis actuels et futurs, mais a rappelé que la prudence pouvait souvent freiner la volonté de changement. Il faut, selon lui, oser penser l’énergie autrement.