Le 25 mai dernier, la CCMM accueillait à sa tribune Joanne Castonguay, commissaire à la santé et au bien-être du Québec. Elle a profité de sa prise de parole pour commenter son rapport sur la gestion de la pandémie et offrir sa vision de la nécessaire transformation du système de santé et de services sociaux du Québec.
Une augmentation considérable de la proportion des dépenses publiques en santé
Au début de son allocution, la commissaire Castonguay a rappelé l’importante augmentation de la proportion des dépenses publiques consacrées au secteur de la santé depuis 30 ans.
« Au début des années 90, les dépenses publiques de santé et de services sociaux représentaient 35 % des dépenses du gouvernement du Québec. On en est maintenant à plus de 50 %. » – Joanne Castonguay, commissaire à la santé et au bien-être du Québec
Elle a ensuite indiqué que cette hausse des dépenses en santé était nettement supérieure à l’augmentation de la richesse du Québec.
« Au cours des 20 dernières années, la croissance des dépenses en santé a été supérieure à la croissance de la richesse de l’économie québécoise. On diminue notre capacité d’investir dans les autres secteurs. »
Rapport de la commissaire sur la gestion de la pandémie par le gouvernement : un échec collectif en matière de préparation et de gouvernance
À la sortie de la grippe H1N1, des experts ont émis plusieurs recommandations pour favoriser une meilleure gestion des futures crises sanitaires. Aucune d’elles n’a été appliquée.
« En matière de gestion du système de santé publique, il y avait des plans pandémie, mais ils n’avaient jamais été mis en place, ils n’étaient pas adaptés à la situation. Après la crise de la H1N1, un rapport a été fait sur la gestion de crise. Malgré tous les constats, aucune des recommandations n’a été suivie. »
La commissaire Castonguay a également rappelé les éléments majeurs ayant contribué à la situation désastreuse des premiers mois de la pandémie.
« On est entrés en pandémie avec un système de santé déjà très faible. Il y avait un manque ressenti d’infirmières, mais aussi de gouvernance – un aspect qu’on ne considère jamais dans les analyses de santé. Quand on a regardé les résultats, c’était dramatique, surtout dans les maisons pour aînés. »
Des partenariats public-privé pour régler les problèmes d’accessibilité, de personnel et d’attente dans le domaine de la santé
Au Québec, le secteur privé n’est pas sollicité dans la gestion publique du système de santé.
« Il n’y a pas une grande consultation du secteur privé. C’est dû à la façon dont on octroie les contrats ainsi qu’aux balises que s’est données le gouvernement pour s’assurer que les fonds publics sont bien gérés. »
La commissaire a ensuite enchaîné sur la méfiance présente dans la population concernant le secteur privé et a indiqué qu’une éducation globale était à faire sur ce plan.
« Il faut montrer comment on peut contribuer à la pérennité du système de santé. Si on veut le conserver, il faut informer la population sur la façon de l’améliorer et créer des liens avec le secteur privé. »
Des données peu accessibles pour appuyer les décisions gouvernementales
La commissaire Castonguay a également mis de l’avant la non-disponibilité des données, qui empêche le gouvernement de justifier les mesures implantées en cas d’une crise sanitaire.
« Le fait que notre système de données soit si peu accessible, ça devient un enjeu politique. On n’a pas les données pour soutenir les mesures mises en place. C’est la première chose à faire pour régler ce problème. »
Bien qu’elle demande une plus grande accessibilité des données, la commissaire souhaite qu’un système soit mis en place sans mettre en péril la protection de la vie privée.
« On doit passer d’un système opaque basé sur la protection des données privées à un système intégré et transparent qui exploite le potentiel des données pour éclairer les décisions, sans compromettre la vie privée. »