Le 9 mars dernier, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain recevait à sa tribune virtuelle le Dr Karl Weiss, chef de la Division des maladies infectieuses de l’Hôpital général juif de Montréal. Le Dr Weiss en a profité pour faire un état actuel de la situation sanitaire et présenter de nouvelles approches pour vivre avec le virus.
États des lieux de la COVID-19 ici et ailleurs
Entre janvier 2020 et mars 2022, 450 millions de personnes ont été infectées par la COVID-19 et près de 6 millions en sont décédées. En réalité, selon le Dr Karl Weiss, on pourrait multiplier ces chiffres par cinq à l’échelle planétaire. Le nombre de personnes vaccinées atteint en revanche des niveaux assez élevés.
« Le variant Omicron est très éloigné des autres variants et de la souche originelle de Chine, lesquels étaient très proches les uns des autres. C’est pourquoi Omicron s’est répandu très rapidement dans la population. » – Dr Karl Weiss, chef de la Division des maladies infectieuses de l’Hôpital général juif de Montréal
Au Québec, Omicron représentait de 23 % à 24 % des cas le 12 décembre, puis plus de 90 % le 25 décembre. En deux semaines, ce variant s’est répandu dans notre population et deux millions de Québécois ont été infectés. Si cette cinquième vague s’est fait sentir dans les hospitalisations, le nombre de patients admis aux soins intensifs est demeuré stable. Les hospitalisations regroupaient principalement des personnes vaccinées, admises pour une autre raison qu’une infection à la COVID-19, et qui ont reçu un test positif.
« Omicron a fait un échange : une moins grande virulence contre une augmentation de la sévérité. C’est ce qu’on voit souvent avec les virus. »
Dans les hôpitaux canadiens, parmi les patients admis avec la COVID-19 pendant la cinquième vague, 40 % n’étaient pas admis en raison de cette maladie. Le virus n’est plus la condition primaire de l’admission à l’hôpital.
COVID-19 : la nouvelle influenza?
Le virus de la COVID-19 est plus inflammatoire que l’influenza et son taux de mortalité est plus élevé. Par ailleurs, la science ne connaît pas encore les aboutissants du syndrome de la COVID longue. Et puis, contrairement à l’influenza, de nombreux vaccins – bien meilleurs que ceux contre la grippe, d’après le Dr Weiss – sont disponibles, ainsi que beaucoup plus de médicaments qui arrivent sur le marché ou qui vont l’être.
« C’est peut-être notre nouvelle influenza, qui va nous permettre de passer du stade de pandémie à celui d’endémie. »
Des solutions pour apprendre à vivre avec le virus
«Les masques ont encore une efficacité : le masque tout seul, ajouté à une population vaccinée, réduit significativement la chance de recevoir un test positif.
En effet, le masque en tissu réduit de 56 % les risques de contracter la COVID-19, le masque chirurgical de 66 % et le N95 de 83 %.
Une autre approche pour apprendre à vivre avec le virus a été donnée en exemple lors de la causerie : l’initiative « test and treat », lancée aux États-Unis en mars 2022. Les Américains sont invités à se rendre en pharmacie pour se faire tester s’ils se croient infectés par la COVID-19. S’ils reçoivent un test positif, ils se font administrer sur place un traitement, peu importe s’ils sont à risque de développer des complications ou non, qui vient réduire de 85 % le risque d’être hospitalisé. La société a de meilleures chances de continuer à fonctionner avec une telle initiative, selon le Dr Weiss.
Cela étant dit, l’utilisation de tests rapides et leur disponibilité sur les lieux de travail constituent un pilier des nouvelles stratégies permettant de contenir les éclosions.
«On doit passer à cette COVID 6.0 où l’approche du futur ne peut pas être celle du passé. Est-ce qu’on va avoir d’autres vagues? Possiblement, probablement. On ne devrait plus parler de vagues, mais d’une situation endémique. »
Le Dr Karl Weiss recommande d’aborder la gestion de la COVID-19 par une approche semblable à celle de la grippe, c’est-à-dire plus démocratique en matière de tests, plus fonctionnelle, et ce, en mettant tous les éléments en place pour créer un système qui permettra une plus grande flexibilité.
«Dorénavant, il faut regarder la COVID dans la société et non la société dans la COVID. »