Le débat économique fédéral de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain s’est tenu le 14 septembre dernier en présentiel et en direct au Palais des congrès de Montréal.
À cette occasion, quatre candidats économiques représentant les principaux partis politiques étaient invités à échanger sur les enjeux économiques de la métropole : Mélanie Joly du Parti libéral du Canada (PLC), Vincent Duhamel du Parti conservateur du Canada (PCC), Jean-Denis Garon du Bloc Québécois (BQ) et Ève Péclet du Nouveau Parti démocratique (NPD). Les échanges entre les candidats ont tourné autour de quatre grandes thématiques reflétant les préoccupations et les défis du milieu des affaires montréalais : la relance verte, la rareté de main-d’œuvre, la fiscalité des entreprises et les infrastructures stratégiques pour la métropole.
« Montréal est un centre économique de classe mondiale, une métropole universitaire et culturelle, une ville de hockey, une destination gastronomique et une ville portuaire majeure. Montréal est tout ça en partie puisque Montréal a été et reste une ville portuaire ouverte sur le monde. » – Michel Leblanc, président et chef de la direction, Chambre de commerce du Montréal métropolitain
Des pistes pour une relance verte
Alors que les événements climatiques extrêmes sont de plus en plus fréquents, tous les partis politiques conviennent que la relance économique se doit d’être verte. Si les quatre candidats se sont entendus sur la nécessité d’accompagner les entreprises, Vincent Duhamel a insisté sur la nécessité de fixer des objectifs clairs et réalistes.
De son côté, Mélanie Joly a proposé de renforcer l’accompagnement aux entreprises qui prennent des risques dans la recherche et le développement, alors que Jean-Denis Garon a mis l’accent sur l’arrêt de la croissance du secteur pétrolier. Pour Ève Péclet et le NPD, la relance verte doit passer par l’établissement d’une Banque canadienne du climat :
« Nous sommes pour la création d’une Banque canadienne du climat. Elle aurait pour objectif de financer les projets en recherche et développement pour les nouvelles technologies et de soutenir les énergies renouvelables et les projets de transports en commun. » – Ève Péclet, candidate dans Outremont pour le Nouveau Parti démocratique
Des solutions pour contrer la rareté de main-d’œuvre
Les entreprises montréalaises font face à un défi d’envergure alors que plusieurs peinent à combler leurs besoins en main-d’œuvre. Dans de nombreux secteurs clés de l’économie, les entreprises courent le risque de ne pas pouvoir servir leurs clients et honorer leurs contrats en raison du manque de personnel.
D’après Vincent Duhamel, la solution à la pénurie est à chercher du côté des incitatifs pour ramener rapidement les gens sur le marché du travail. Pour Ève Péclet, en revanche, le problème est structurel et il faut réfléchir à la création d’emplois de meilleure qualité, avec de meilleures conditions et des salaires plus élevés. Jean-Denis Garon a quant à lui évoqué l’importance de l’immigration et de l’intégration des travailleurs par la francisation. Un point partagé par Mélanie Joly, pour qui l’immigration est une solution clé :
« On veut un plan d’immigration ambitieux, et nous soutiendrons les immigrants dans leur processus de francisation. Nous voulons traiter plus rapidement les dossiers et augmenter le pourcentage de travailleurs étrangers temporaires afin de leur permettre de devenir résidents permanents. » – Mélanie Joly, candidate dans Ahuntsic-Cartierville pour le Parti libéral du Canada
L’importance du contrôle des finances publiques
D’après un sondage mené par la Chambre en collaboration avec le Conseil des grandes villes canadiennes et Léger, 77 % des entreprises de la métropole sont inquiètes d’une hausse du fardeau fiscal en raison de l’augmentation de la dette fédérale.
Interpellés sur cette question, les candidats ont présenté des solutions fort différentes. Alors que Jean-Denis Garon a particulièrement insisté sur les transferts inconditionnels aux provinces pour stabiliser le ratio dette/PIB, Mélanie Joly a souligné l’importance d’assurer un retour de la croissance économique pour augmenter les revenus du gouvernement plus rapidement que ses dépenses. Pour Ève Péclet, la priorité se trouve dans la redistribution des richesses grâce à la taxation accrue des grandes corporations.
À l’inverse, Vincent Duhamel a souligné que sa priorité serait la création de richesse avant son partage :
« Le programme conservateur vise à créer de la richesse avant de la partager. Il faut ramener les travailleurs sur le marché du travail pour contribuer avant tout à la création de cette richesse et à la robustesse de l’économie. » – Vincent Duhamel, candidat dans Brome-Missisquoi pour le Parti conservateur du Canada
Des infrastructures stratégiques pour la métropole
L’économie de la métropole repose sur des infrastructures stratégiques dont la compétitivité dépend aussi du soutien du gouvernement fédéral. À ce titre, il était important pour la Chambre d’entendre les propositions des candidats sur le sujet.
Alors qu’Ève Péclet a insisté sur l’importance d’inclure les considérations environnementales dans toutes les décisions prises sur les infrastructures, Mélanie Joly a rappelé les nombreuses interventions du gouvernement fédéral pour soutenir le transport collectif montréalais dans les dernières années. De son côté, Vincent Duhamel s’est prononcé en faveur des systèmes de péage pour financer le transport en commun.
Jean-Denis Garon estime qu’il faut surtout de la prévisibilité à long terme de la part du gouvernement fédéral :
« Le transport collectif, c’est le chantier du futur. C’est avant tout un bien public. Le fédéral bénéficie d’une marge de manœuvre. Il doit assurer la prévisibilité du déploiement des infrastructures et prévoir un fonds stable pour les soutenir. » – Jean-Denis Garon, candidat dans Mirabel pour le Bloc Québécois
Surtout, les candidats se sont tous engagés à soutenir le financement de l’expansion de l’aéroport de Montréal, reconnaissant son importance cruciale dans l’attractivité et le rayonnement international de la métropole.
« Le consensus trouvé par l’ensemble des candidats autour du financement de l’expansion de l’aéroport de Montréal est une excellente nouvelle. C’est un signal fort pour notre métropole et la reconnaissance de l’importance stratégique majeure de cet actif, qui est au cœur de l’attractivité et du rayonnement international de Montréal. » – Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain