Le débat économique municipal de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain s’est tenu le 18 octobre dernier en présentiel et en direct au Centre Sheraton. Il était animé par Esther Bégin, cheffe d’antenne et animatrice à la Chaîne d’affaires publiques par câble (CPAC).
Les deux principaux candidats en lice, Valérie Plante, mairesse sortante de Montréal et cheffe de Projet Montréal, et Denis Coderre, chef d’Ensemble Montréal, étaient invités à échanger sur les enjeux économiques de la métropole. Les discussions entre les candidats ont tourné autour de cinq grands thèmes reflétant les préoccupations du milieu des affaires montréalais : le développement économique du territoire, les activités commerciales et le logement, l’environnement et les changements climatiques, la capacité budgétaire et le compte de taxes.
« La prochaine administration aura plusieurs défis à relever : le centre-ville, le transport, etc. Aujourd’hui, nous offrons une plateforme pour que les candidats puissent réellement débattre des enjeux propres à Montréal. » – Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain
Le développement économique au service de la relance du centre-ville
Malgré des signaux économiques positifs à l’échelle de la métropole, le centre-ville de Montréal et sa trame commerciale continuent de souffrir des conséquences de la crise, y compris la perte d’achalandage liée à l’absence des travailleurs, des étudiants et des touristes. Alors que les initiatives se multiplient pour relancer le secteur, un engagement fort des candidats était attendu à ce sujet.
Selon Denis Coderre, les leviers d’action sont multiples pour rehausser l’achalandage et le dynamisme du centre-ville.
« On veut s’assurer que le centre-ville soit habitable et agréable à visiter en le rendant propre et sécuritaire. Il faut aussi requalifier les immeubles inoccupés en logements sociaux. On a les capacités financières pour s’attaquer à ce problème. » – Denis Coderre, chef d’Ensemble Montréal
Quant à Valérie Plante, elle insiste sur les efforts déjà engagés par l’administration actuelle et sur l’importance de préserver la qualité de vie pour les habitants.
« Au cours des trois dernières années, on a investi directement 3 milliards de dollars dans le centre-ville. Je suis attachée à notre qualité de vie et à l’habitabilité de nos quartiers. » – Valérie Plante, mairesse sortante et cheffe de Projet Montréal
Stimuler l’activité commerciale et soutenir les entreprises montréalaises
La pandémie a permis de mettre en lumière la lourdeur de certains processus administratifs auxquels sont confrontées les entreprises montréalaises. Devant l’urgence de répondre à certains besoins liés à la crise, de nouvelles pratiques ont émergé, plus agiles et plus efficaces pour les entrepreneurs. Priorité du milieu des affaires, l’allègement du fardeau réglementaire pour les entreprises est l’un des rares sujets ayant fait consensus entre les candidats.
« Il faut toujours diminuer le fardeau des commerçants, parce que le temps, c’est de l’argent. Nous avons mis en place l’obtention en ligne des permis, le guichet unique des entreprises, le prix symbolique des terrasses. Tout ça, c’est du concret. Nous devons viser un service qui soit le plus simple possible. » – Valérie Plante
« Nous avons besoin d’une meilleure politique d’accompagnement des entreprises. On avait débuté avec le concept de ville intelligente. En travaillant plus sérieusement avec des indicateurs, on pourra améliorer la qualité de vie des commerçants. » – Denis Coderre
La question de l’agilité réglementaire n’était pas sans rejoindre celle plus globale du soutien aux activités commerciales. Pour les deux candidats, s’il est essentiel de stimuler l’activité sur les grandes artères commerciales de la métropole, les moyens à préconiser pour le faire sont toutefois différents.
« Il faut des outils concrets pour répondre aux besoins des petits et moyens commerçants. Les terrasses gratuites ont sauvé des entreprises. Il faut éviter le statu quo. » – Valérie Plante
« Si on est capables de faire des projets pour les commerces, c’est grâce au statut de métropole. On veut une stratégie de vitrine au détail pour améliorer l’expérience. On veut une fiscalité modulaire pour les commerçants. Plus que tout, il faut travailler avec l’ensemble des partenaires sur ces questions. » – Denis Coderre
Les défis en matière de mobilité et de transport collectif
Les enjeux de fluidité des déplacements, de gestion des chantiers et de mobilité sont en tête des préoccupations exprimées par le milieu des affaires. Sur le point de la congestion routière, un problème structurel pour la métropole, les candidats ont voulu marquer clairement leur différence d’approche, Denis Coderre insistant sur la gestion des chantiers alors que Valérie Plante a plutôt rappelé l’importance de la collaboration sur ces enjeux complexes.
« Il y a un problème de mobilité à cause des chantiers, de leur gestion et de la signalisation. L’escouade mobilité, elle est ‟pognée dans le trafic”. Ça prend un leadership assumé et nous, on a fait nos preuves. » – Denis Coderre
« On va renforcer la charte des chantiers, autoriser les travaux 24/7. On ne peut pas se contenter dire ‟Moi, je vais tout régler”, sinon ça serait déjà réglé depuis bien longtemps. » – Valérie Plante
Deux visions opposées ont émergé sur la question du transport. Chaque candidat a pu mettre en avant ses priorités, entre la nécessité d’un réseau routier efficace et l’importance donnée au transport collectif et au transport actif.
« On peut être pro-vélo, mais il ne faut pas être anti-voiture. Il faut avant tout penser la cohabitation sur le réseau routier. » – Denis Coderre
« Je ne suis pas anti-voiture, je suis pro-sécurité. Sécurité, verdissement, chacun a sa place et une dynamique se crée. Sur Saint-Denis, 7000 personnes par jour utilisent le REV et la rue se porte très bien. » – Valérie Plante
Quelles solutions pour une métropole verte?
Devant l’urgence climatique, la transition vers une économie plus verte a fait consensus chez les candidats. Au niveau municipal, cela passe par la promotion de mécanismes comme l’écofiscalité, dont la pertinence a été reconnue par Valérie Plante et Denis Coderre.
« L’écofiscalité est extrêmement importante, elle demande du courage et de l’accompagnement. On en parle depuis longtemps pour diversifier les revenus de la Ville. Que ce soit la taxe kilométrique ou l’imposition sur la collecte des déchets, ce sont des solutions très pertinentes et nous travaillons avec tous les partenaires. » – Valérie Plante
« Il y a eu un problème de leadership au sein de la CMM sur l’écofiscalité. Je souhaite mettre sur pied un comité sur la fiscalité verte, avec des obligations vertes sur le marché primaire pour financer le transport collectif et le verdissement. Nous devons sortir de la dépendance aux taxes foncières. » – Denis Coderre
Taxation des entreprises et capacité budgétaire de la Ville
Le budget de la Ville de Montréal a été lourdement plombé par la pandémie. Dans ce contexte, les candidats étaient invités à expliquer les stratégies à mettre en place pour reprendre le contrôle des finances publiques sans augmenter le fardeau des entreprises de la métropole. Pour Denis Coderre, cela passe par une fiscalité modulaire.
« On va travailler avec tous les secteurs pour alléger le fardeau fiscal et permettre un paiement modulaire. Les augmentations de taxes n’iront pas au-delà de l’inflation. L’objectif est de rétablir le lien de confiance avec les partenaires économiques. » – Denis Coderre
Pour sa part, Valérie Plante insiste sur la bonne santé économique de Montréal et la réduction de la différence entre la taxe foncière des particuliers et celle des entreprises.
« On a la meilleure relance économique du Canada, je refuse de dire que la Ville va mal. Les agences de cotation aussi ont dit que tout allait bien pour Montréal. Depuis notre arrivée en poste, nous travaillons pour réduire la différence entre la taxe foncière des entreprises et celle des particuliers. On a déjà mis en place des allègements de taxes importants pour les petits commerces. » – Valérie Plante
Les questions et mises en contexte du débat étaient basées sur l’avis publié par la Chambre sur les priorités du milieu des affaires pour une métropole attractive, verte et prospère.