Le 29 novembre dernier, le ministre des Finances Eric Girard était à la barre du déjeuner-causerie organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain pour discuter de la récente mise à jour économique.
Devant 300 invités rassemblés à l’hôtel Bonaventure, le ministre Girard a profité de l’occasion pour revenir sur la présentation du minibudget de 2 milliards de dollars dévoilé par le gouvernement le 25 novembre dernier. Bilan de son allocution en quatre points importants.
Une situation économique positive
Les signaux économiques de la province sont très positifs. Avec une croissance du PIB à 6,5 % en novembre 2021, la dynamique de la province a dépassé les prévisions, et ce, malgré l’incertitude liée aux différentes vagues de contamination de la COVID-19.
« La croissance québécoise est incroyable cette année : 6,5 %. Nous avons fait mieux que la moyenne au Canada, mieux que les états-Unis. C’est grâce au travail des entrepreneurs, au bon climat d’affaires et à l’aide gouvernementale. » – Eric Girard
D’après les projections présentées par le ministre, l’écart de production se résorbe rapidement et devrait retrouver son niveau prévu dès 2025. Une dynamique qui doit, selon lui, permettre de renforcer la position du gouvernement sur l’environnement.
« L’économie va bien, donc nous devons en faire plus pour l’environnement. Nous avons un plan sur cinq ans pour l’économie verte. C’est une bonne base, mais ce ne sera pas suffisant. Nous nous sommes engagés à revoir ce plan chaque année. »
Lutter contre la hausse du coût de la vie
L’inflation continue de croître depuis plusieurs mois. Le ministre Girard a tenu à rappeler que cet enjeu était de la responsabilité de la Banque du Canada, et non du gouvernement provincial. Il a toutefois mis de l’avant les mesures qui seront mises en place pour aider les personnes les plus touchées.
« Nous allons lancer une prestation exceptionnelle pour le coût de la vie, bonifier le montant du soutien aux aînés et soutenir les ménages dans l’accès au logement abordable. Nous devons soutenir la consommation pour préserver l’élan économique du Québec. »
Faire face à la pénurie de main-d’œuvre
La pénurie de main-d’œuvre représente un défi majeur pour l’économie du pays. Déjà importante aujourd’hui, elle pourrait s’aggraver dans les années à venir du fait des tendances démographiques lourdes du Québec. Un risque dont le ministre est conscient.
« Il y a actuellement plus de 200 000 postes vacants au Québec. La pénurie de main-d’œuvre pourrait devenir une perte généralisée. Elle a un impact économique très grand. »
Parmi les solutions privilégiées par le milieu des affaires, l’immigration est une des solutions clés pour soutenir la croissance de nos entreprises. Eric Girard a tenu à rappeler les promesses récentes sur cette option tout en rappelant les investissements importants à venir pour lutter contre la pénurie de main-d’œuvre.
« On reçoit déjà 50 000 immigrés par an, auxquels vont s’ajouter 20 000 personnes en 2022 pour rattraper le retard pris pendant la pandémie. On va aussi investir 2,9 milliards de dollars sur cinq ans pour lutter contre la rareté, dont 1,7 milliard, qui sera alloué à des bourses à la persévérance. »
L’objectif de ces investissements est de créer 170 000 emplois dans six secteurs stratégiques : la santé et les services sociaux, l’éducation, les services de garde éducatifs à l’enfance, le génie et les technologies de l’information, et la construction.
Soutenir les communautés grâce à une gestion saine des finances
Le ministre Girard a tenu à mettre en avant la bonne gestion des finances publiques du gouvernement et l’importance de poursuivre les objectifs de réduction de la dette publique.
« Les chiffres dévoilés dans le minibudget sont meilleurs que ceux attendus pour l’année 2021. Nous devons poursuivre ces efforts de réduction, c’est une priorité pour le gouvernement. »
Pour le ministre, cette bonne santé budgétaire permet au gouvernement de présenter des mesures ambitieuses pour soutenir les communautés, notamment sur les enjeux comme la prévention des violences conjugales ou encore la lutte contre la violence liée aux armes à feu.
Quels objectifs à moyen et à long terme pour l’économie québécoise?
À moyen terme, l’objectif du gouvernement est de rattraper économiquement l’Ontario. En 2021, l’écart projeté de PIB réel par habitant est de 16 200 dollars. Au rythme actuel de croissance des deux provinces, le Québec pourrait avoir rejoint le niveau de l’Ontario d’ici 2036. Le ministre Girard se montre cependant plus ambitieux.
« On veut fermer l’écart de richesse avec l’Ontario. On aimerait qu’il soit à -10 % dans cinq ans. Dans 15 ans, on veut qu’il soit complètement fermé. »
Une progression qui devrait s’accompagner d’une réflexion sur l’allègement du fardeau fiscal. Interrogé sur le sujet, le ministre des Finances a confirmé que c’était un objectif pour le gouvernement, une promesse qu’il avait déjà faite lors de son précédent passage à la tribune de la Chambre. Le ministre a inscrit cet axe dans un optimisme général sur la situation économique du Québec pour les années à venir.
« Avant la pandémie, le Québec allait extrêmement bien. Nous pensons qu’en 2025, on aura rattrapé l’entièreté de la trajectoire économique du Québec. »