Le 13 mai dernier, Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie et de l’Innovation, était à la tribune de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Il a prononcé une allocution revenant sur ses quatre années à la tête du ministère de l’Économie et de l’Innovation et présentant les grandes lignes de son projet en cas de réélection au mois d’octobre.
Il a ouvert son discours en rappelant les progrès économiques du Québec par rapport à ses voisins durant ces quatre dernières années.
« Notre objectif, c’était de faire exploser les investissements pour rattraper l’écart avec l’Ontario. En quatre ans, le salaire des Québécois a augmenté de 20 %. Nous nous enrichissons plus vite que nos voisins. » – Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie et de l’Innovation
Éduquer et former la population pour préparer l’avenir
En réponse aux demandes pressantes sur les seuils d’immigration, Pierre Fitzgibbon a rappelé la ligne du gouvernement sur le sujet.
« La hausse des seuils à 80 000 n’arrivera pas, ce n’est pas souhaitable pour le Québec. Nous devons arrêter de centrer toute la conversation sur les seuils, ce n’est pas le sujet. »
Le ministre a notamment insisté sur la nature des postes vacants et la disponibilité d’une force de travail capable d’être requalifiée rapidement.
« On a des centaines de milliers de personnes qui pourraient être ajoutées à la force de travail. Sur les postes vacants, 13 % seulement requièrent des diplômes universitaires. Ça fait 210 000 postes qui pourraient être pourvus par des requalifications. »
Enfin, le ministre Fitzgibbon a précisé sa vision de la place de l’école et des universités dans le développement économique du Québec.
« Nous devons orienter nos jeunes vers les sciences et les technologies pour accélérer la numérisation et la transition écologique. Nous visons un objectif de 35 % de jeunes qui obtiennent un diplôme dans ces domaines. »
Tirer une meilleure valeur économique de l’innovation
Au cœur de son allocution, le ministre est revenu en détail sur l’importance de l’innovation pour le développement économique du Québec. C’est particulièrement vrai pour l’écosystème des start-ups, qui doit encore progresser selon lui.
« On a un problème en ce qui concerne nos start-ups. On est la province canadienne qui crée le moins de nouvelles entreprises depuis le début des années 2000, et en plus faible proportion dans les secteurs d’avenir. »
Parmi les solutions clés, Pierre Fitzgibbon a notamment illustré sa stratégie avec l’exemple israélien de synergie entre la recherche et le secteur privé.
« Il faut tirer davantage profit du savoir de nos universités. Nous avons de grands chercheurs, respectés dans le monde entier. Faisons comme Israël et transférons ce savoir vers les entreprises. Il manque encore ce trait d’union entre l’idée et le marché. »
Autre signe du retard québécois, les entreprises locales tardent à prendre le virage de la numérisation. C’est pourtant une solution majeure d’après le ministre.
« Pour innover, il faut numériser les entreprises. En 2020, nous avons lancé l’offensive de transformation numérique, et nous avons déjà ajouté des montants supplémentaires. La numérisation permettra de rendre nos entreprises plus compétitives et de faire baisser la pression sur la main-d’œuvre. »
Pierre Fitzgibbon est aussi revenu sur l’arrivée de Moderna, prenant cet exemple pour montrer la force d’attraction liée aux talents locaux et au potentiel d’innovation du Québec.
« L’arrivée de Moderna, c’est la plus grande nouvelle du secteur depuis 20 ans. Son critère, c’était le talent et la recherche. C’est ça qui a pesé. Avec la Stratégie québécoise des sciences de la vie, on va développer de nouvelles filières et renforcer les secteurs où l’on domine, comme la génomique. »
Optimiser l’utilisation des ressources et de l’énergie verte
Face aux défis du changement climatique et de la lutte aux GES, la transition énergétique est une question inévitable pour le Québec. Le ministre Fitzgibbon a fait de ce processus le troisième pilier de sa vision d’avenir pour l’économie de la province.
Au cœur de son discours, il a placé la nécessité de maîtriser nos sources d’énergie et d’en faire bénéficier les Québécois.
« La demande économique d’énergie excède nos capacités de production. On risque d’accroître encore ce déficit et de manquer d’énergie. Nous voulons que l’électricité du Québec soit d’abord au service des Québécois. »
Le ministre a ensuite tempéré les ardeurs sur l’hydrogène vert en précisant que le Québec veut se positionner dans le secteur tout en protégeant l’approvisionnement local en énergie.
« On ne veut pas exporter nos derniers mégawatts alors qu’il reste du travail. Ce secteur est incontournable, on va développer une expertise avant d’investir des milliards dans des projets. Pour l'instant, c’est trop cher pour être économique, on cherche à réduire les coûts. »
Enfin, il est aussi revenu sur le succès de la filière batterie, rappelant le rôle joué par son gouvernement dans le développement de ce secteur au Québec.
« En matière de batteries, il fallait agir rapidement pour se tailler une place dans cette industrie d’avenir. On a rencontré les grands acteurs, on a appris et on a reproduit la recette asiatique. Aujourd’hui, on est dans la bonne direction pour avoir une chaîne complète. On va pouvoir faire des batteries propres. »