L’un des plus grands leaders créatifs québécois s’est entretenu avec le milieu des affaires, dans le cadre de la série Leaders internationaux Bell, le 8 novembre dernier : Guy Laliberté, entrepreneur et philanthrope, fondateur du Cirque du Soleil, de la fondation One Drop et du Groupe Lune Rouge, son nouveau projet créatif. Engagé auprès de la relève, il a répondu aux questions de deux étudiants et leur a transmis ses conseils pour réussir dans l’entrepreneuriat créatif.
L’intégrité, qualité fondamentale d’un leader créatif
Selon Guy Laliberté, c’est grâce à l’intégrité qu’un leader créatif parvient à réaliser ses objectifs. Cette qualité est essentielle dans le processus entrepreneurial afin de ne pas compromettre ses valeurs de départ, plus particulièrement dans des périodes de défis, par exemple lorsqu’on reçoit une proposition d’affaires qui ne correspond pas pleinement à notre vision ou qu’on fait face à une situation venant remettre en question notre plan initial. Le secret pour conserver son intégrité? « Être bien préparé, savoir où l’on va et avoir des objectifs clairs », répond l’homme d’affaires.
La recherche de l’équilibre parfait : 50 % de création, 50 % de gestion des affaires
« Ton rêve doit idéalement être à 50 % créatif. »
Cet équilibre est une règle absolue lorsqu’on travaille dans un tel secteur. « Le succès du Cirque du Soleil résulte de ce parfait équilibre entre les affaires et l’aspect créatif de l’entreprise », explique son fondateur. C’est aussi un défi, notamment pour toute start-up en recherche de capital et de financement, car il est tentant de modifier sa stratégie créative sous la pression de ce besoin et, par conséquent, de perdre son intégrité. La solution? D’une part, distinguer ses objectifs de réalisation créative de ses objectifs de réalisation financière. D’autre part, concéder qu’à certains moments, la direction créative aura plus d’importance que le reste, alors qu’à d’autres – par exemple lors d’un moment crucial pour la croissance de l’entreprise –, l’aspect financier prendra le dessus, donnant ainsi de la rigueur au processus créatif. Un constat toujours aussi pertinent pour l’homme d’affaires, qui travaille depuis trois ans à mettre sur pied un nouvel écosystème avec la naissance du Groupe Lune Rouge. « Lune Rouge est, certes, une grosse start-up qui avait certains moyens dès le départ; néanmoins, je vis sensiblement les mêmes défis que tout entrepreneur qui souhaite lancer son projet. »
La créativité est présente dans tout type d’entreprise
La créativité n’est cependant pas l’apanage des organisations qui en ont fait leur spécialité, nuance l’entrepreneur en série. Pour les entreprises plus traditionnelles, la créativité doit être un pilier du processus de croissance, cette notion renvoyant de manière générale à la volonté de réaliser des choses, de trouver les moyens pour le faire et de générer un impact auprès de sa clientèle et de sa communauté. En bref, la créativité se retrouve partout, que ce soit dans son équipe administrative ou dans celle du marketing, et il est important de la laisser s’exprimer au profit de l’entreprise.
Une force mentale inébranlable
L’énergie de Guy Laliberté vient de l’équilibre qu’il a su trouver entre vie professionnelle et temps personnel. « Il y a des gens qui consacrent leur vie à travailler. Ce n’est pas mon cas. Pour moi, les moments passés sur tes dossiers professionnels doivent s’équilibrer avec ceux consacrés à tes proches, à ce qui te fait vibrer, à ce qui te fait rire ou à ce qui te permet de te reposer. Ces périodes me sont essentielles pour avoir ensuite le jus nécessaire pour réussir mes projets », explique-t-il. Cette recette du succès a nécessité de l’organisation pour l’homme d’affaires, qui a dû, dès le début de sa carrière, faire confiance à plus de personnes en élargissant rapidement son bassin de talents et en sachant s’entourer, tout comme aujourd’hui avec Lune Rouge, d’une équipe formidable. « Cet équilibre m’a donné beaucoup plus de force mentale pour faire face à l’adversité », conclut-il.
Ces messages clés résument en quelque sorte les quatre piliers sur lesquels Guy Laliberté fonde chaque décision d’affaires : premièrement, le défi créatif doit être présent dans tout projet envisagé; deuxièmement, il faut s’entourer des meilleures personnes pour réaliser le projet; troisièmement, le projet doit avoir du sens sur le plan financier; quatrièmement, le projet doit intégrer un engagement social ou philanthropique, ce dernier volet étant, pour Guy Laliberté, « une obligation pour toute entreprise ».
La participation des étudiants à cette conférence s’inscrit dans le cadre du programme Leaders de demain, réalisé avec l’appui de Bell, de CGI et de Power Corporation du Canada.