Texte d’opinion signé par Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain et publié dans La Presse+.
Montréal a retrouvé son statut de hub aérien nord-américain. Il s’agit d’un revirement spectaculaire.
Pendant des décennies, nous avons assisté à une baisse progressive du nombre de vols directs vers les villes du monde à partir de Montréal. Illustration forte du déclin relatif de la ville, cette diminution du nombre de liaisons aériennes semblait inexorable. En 2004, on ne comptait plus que 30 destinations internationales accessibles directement depuis Montréal.
Cet accès plus difficile au reste du monde avait pour effet d’allonger considérablement nos temps de déplacement et nuisait au positionnement de Montréal comme ville d’affaires internationale.
Quel revirement !
En 2018, il sera possible de rejoindre 146 destinations, tant nationales qu’internationales, à partir de Montréal-Trudeau.
C’est 16 de plus qu’en 2014. C’est aussi plus de trois fois l’objectif que s’étaient fixé en novembre 2014, à l’occasion de Je vois Montréal, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Montréal International, Aéroports de Montréal et Tourisme Montréal.
Derrière cette hausse se cachent d’autres éléments très positifs. D’abord, un bon nombre de destinations, comme Lisbonne ou Lyon, qui étaient desservies de manière saisonnière, le sont maintenant à l’année. Pour d’autres, c’est le nombre de vols par semaine qui s’est accru.
Ce qui est encore plus frappant, c’est l’évolution de la desserte internationale. Sur les 146 destinations accessibles à partir de Montréal-Trudeau, 28 sont des villes américaines et 89 sont des villes de l’extérieur du continent, comme Shanghai, Lima et, dans quelques mois, Tokyo.
Ce revirement fait en sorte que Montréal-Trudeau est redevenu le plus international des aéroports au Canada en proportion de son achalandage, et celui avec la plus forte croissance. Voilà qui rajoute un argument lorsque Montréal International et son président Hubert Bolduc tentent de convaincre des investisseurs internationaux de choisir notre métropole.
Air Canada, pilier de cette renaissance
La hausse du nombre de vols directs est l’affaire de plusieurs transporteurs. Transat, notre fleuron du voyage vacances, a poursuivi sa croissance en offrant un nombre toujours plus grand de destinations. Six nouveaux transporteurs ont aussi choisi de desservir Montréal depuis 2014, notamment Air China depuis Pékin.
Il faut toutefois reconnaître le rôle déterminant joué par Air Canada dans cette renaissance. L’organisation, sous le leadership de Calin Rovinescu, a adopté il y a quelques années une stratégie qui a généré des retombées positives immédiates pour Montréal. Profitant du positionnement avantageux de Montréal et d’une capacité inexploitée à Montréal-Trudeau, Air Canada a entrepris de relier la métropole à un plus grand nombre de destinations susceptibles de générer des passagers en transit.
Cette dynamique constitue la définition même de ce qu’est un hub aérien. Montréal-Trudeau reçoit maintenant des dizaines de milliers de voyageurs en transit sans qui plusieurs liaisons ne seraient pas suffisamment rentables pour justifier l’investissement que nécessite une nouvelle destination internationale.
L’Aéroport Montréal-Trudeau, un actif stratégique
Si Air Canada a joué un rôle clé, il faut également souligner l’excellent travail d’Aéroports de Montréal (ADM). L’agrandissement et la modernisation des halls et des équipements, l’amélioration des services – en particulier de restauration – et la rigueur avec laquelle les multiples investissements ont été réalisés sont connus et bien visibles.
Ce qui est moins connu, c’est la qualité de la relation qu’entretient ADM avec les transporteurs. Il a fallu trouver des solutions pour accompagner les nouveaux transporteurs et répondre aux besoins des voyagistes qui veulent que les vacanciers aient du plaisir avant même d’entrer dans l’avion. Surtout, il a fallu faire équipe avec les transporteurs qui voulaient établir de nouvelles liaisons aériennes.
Si une organisation doit être jugée à ses résultats, force est de constater qu’ADM a fait un excellent travail. Bravo à James Cherry, et à Philippe Rainville qui a pris sa relève il y a un an.
Une résolution pour 2018
Pour 2018, nous ne devons rien tenir pour acquis et continuer de travailler avec les transporteurs aériens pour les aider à faire le choix de Montréal. Nous devons aussi être sensibles aux besoins de l’aéroport, qui doit investir pour faire face à la forte croissance de ses activités, tout en payant des taxes municipales et un loyer fédéral très lourds.