Notes pour une présentation de
Madame Isabelle Hudon
Présidente et chef de la direction de
la Chambre de commerce du Montréal métropolitain
à l’occasion de la
Consultation du ministre du Développement durable,
de l’Environnement et des Parcs sur le Plan de développement durable du Québec
Montréal, le 14 mars 2005
Fraternité des policiers et policières de Montréal
480, rue Gilford, bureau 300
Montréal
Monsieur le Ministre,
Mesdames et messieurs,
Bonjour.
Monsieur le ministre, j’aimerais tout d’abord vous remercier de nous accueillir et de nous donner la possibilité de vous présenter le point de vue de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain sur le Plan de développement durable du Québec.
Avant d’aller plus loin, j’aimerais d’ailleurs vous dire quelques mots sur notre organisation. La Chambre regroupe quelque 7 000 membres provenant de la communauté des affaires de la région métropolitaine. Sa mission est d’analyser et de comprendre les enjeux économiques et, surtout, d’agir en conséquence sur le terrain.
Ainsi, la Chambre met de l’avant des politiques autant que des services dont l’objectif est d’appuyer concrètement le développement de l’économie du grand Montréal, à savoir : les 110 000 entreprises et les 1,8 million de travailleurs qui font de la métropole la figure de proue du développement économique du Québec.
C’est à la lumière de cette mission que la Chambre a étudié le document de consultation sur le Plan de développement durable.
De façon générale, je tiens à vous dire que la Chambre accueille très favorablement la volonté exprimée par le gouvernement d’inaugurer une nouvelle ère où le développement économique se fait au profit de l’environnement et de l’épanouissement des personnes et non plus à leurs dépens.
La Chambre est particulièrement sensible à la nécessité de trouver le bon équilibre entre l’activité économique et l’amélioration du milieu et des conditions de vie.
Le nouvel accent mis sur le savoir, l’innovation et la créativité fait ressortir le fait que la richesse première d’une économie réside, plus que jamais, dans les individus qui y participent. Or, reconnaître l’importance économique des individus et de leur talent suppose également de reconnaître les facteurs qui favorisent leur attraction et leur présence durable parmi nous. Et indéniablement, la qualité de vie, la qualité de lieu et la qualité d’environnement font partie des facteurs qui sont les plus déterminants.
Cela est particulièrement important pour le Québec. D’une part, nous n’échappons pas à la tendance mondiale selon laquelle les travailleurs sont de plus en plus mobiles. D’autre part, le Québec fait face à un ralentissement démographique qui laisse présager une pénurie de main-d’œuvre. D’ici une dizaine d’années, il est même prévu que la croissance nette de la main-d'œuvre de Montréal dépendra exclusivement de l'immigration.
Dans ce contexte, Monsieur le Ministre, offrir un environnement attrayant et une qualité de vie exceptionnelle représente, pour Montréal et le Québec, rien de moins qu’une nécessité pour notre compétitivité économique.
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C’est cette préoccupation économique qui nous amène à proposer, dans l’avis que nous vous avons soumis, que le développement urbain durable soit reconnu comme une composante fondamentale du Plan de développement durable.
Pour la Chambre, l’idée est que l’importance critique de la métropole pour le développement durable du Québec soit reconnue à l’intérieur même du Plan. Ce faisant, nous souhaitons que les particularités du milieu urbain qui caractérisent la région métropolitaine soient également reconnues.
Bref, nous croyons que le développement durable de Montréal, au même titre que son développement économique, est un enjeu d’une telle importance pour le Québec qu’il y a lieu d’en faire une priorité clairement énoncée.
Afin d’appuyer mon propos, j’aimerais vous parler, monsieur le Ministre, de qualité de vie urbaine.
Le document de consultation identifie la qualité de vie comme l’objectif ultime du développement durable, un objectif auquel nous adhérons. Il précise aussi que la qualité de vie est constituée de l’interaction entre le milieu de vie, le mode de vie et le niveau de vie, une analyse que nous partageons.
Toutefois, nous croyons que pour faire un portrait complet de la situation, une nuance importante s’impose : l’interaction entre le milieu, le mode et le niveau de vie relève d’une dynamique profondément différente selon qu’on se trouve en milieu fortement urbanisé ou à l’extérieur des grands centres.
En milieu urbain, cette interaction possède en effet un degré de complexité qui est unique. Pensons, par exemple au phénomène de la congestion routière.
48 % de la population du Québec vit dans la région métropolitaine de Montréal. Si cette concentration permet à la région de produire 50 % du PIB québécois, elle entraîne également des conséquences dont l’ampleur n’a rien de comparable ailleurs au Québec – comme la congestion routière, pour ne citer qu’un exemple.
C’est évidemment sur le milieu de vie que l’impact de ce phénomène est le plus facile à percevoir et à mesurer. Sans surprise, c’est à Montréal que l’émission de gaz à effet de serre par les voitures est la plus importante et c’est aussi dans la région métropolitaine que les épisodes de smog sont les plus fréquents.
Mais les conséquences de la congestion routière ne s’arrêtent pas là. Au contraire. Sur les plans du mode de vie et du niveau de vie, la congestion a des impacts qui, sans être aussi spectaculaires qu’un nuage de smog, n’en demeurent pas moins concrets et complexes.
On n’a qu’à penser
- au temps perdu sur les routes et aux difficultés que cela comporte pour la conciliation travail-famille;
- aux coûts économiques de la congestion pour les entreprises;
- aux impacts sur la santé publique et aux dépenses en soins que cela entraîne;
- à la recherche par certains d’une meilleure qualité d’environnement, aux conséquences et aux coûts de l’étalement urbain …
Bref, vous en conviendrez, l’approche globale et exhaustive nécessaire à une planification durable du développement dans la région métropolitaine est en soi un défi intellectuel de très grande envergure !
Et il ne s’agit là que d’un exemple : la consommation d’eau et d’énergie, la gestion des matières résiduelles, l’utilisation du transport en commun, la revitalisation et la densification urbaines sont autant d’enjeux qui prennent une dimension et une importance particulières au sein des plus grandes agglomérations urbaines.
Ainsi – et c’est là l’essence des commentaires de la Chambre sur le plan de développement durable – pour assurer la crédibilité même du plan, la Chambre considère que le développement urbain durable doit être considéré et retenu par le gouvernement comme un axe d’intervention prioritaire.
À notre avis, il faut que le plan évite de reprendre la vision incomplète du développement du Québec présentée dans le document Briller parmi les meilleurs où, tout en identifiant le développement régional et rural comme une priorité, rien n’est dit à propos de la métropole et des agglomérations urbaines.
J’ajouterais enfin que le développement urbain durable doit être abordé sous l’angle métropolitain plutôt qu’en fonction des territoires régionaux administratifs tels que nous les connaissons. L’activité économique et humaine transcende quotidiennement les frontières de la « région 06 »; le développement urbain durable de la métropole nécessitera aussi que le gouvernement sache aller au-delà des frontières administratives et qu’il planifie en fonction de la grande région métropolitaine, telle qu’elle est incarnée par le territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal.
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En tant que principal pôle d’attraction au Québec pour les investissements – et surtout les talents –, Montréal connaît la valeur d’un environnement de qualité et d’une qualité de vie exceptionnelle. Il est aussi vrai qu’une bonne stratégie de développement durable est particulièrement importante pour la compétitivité et la prospérité de la métropole. Conséquemment, une métropole développée de manière durable est essentielle pour que le Québec puisse briller parmi les meilleurs.
Je vous remercie.
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