ALLOCUTION DE PIERRE ROY
DEVANT LA
CHAMBRE DE COMMERCE DU MONTRÉAL MÉTROPOLITAIN 6 novembre 2003
Bonjour. Merci M. Labonté. Je remercie la Chambre de commerce du Montréal métropolitain de me donner la parole aujourd'hui et merci à vous tous d'être venus m'entendre.
Ce matin, je suis venu vous parler de ma passion. Une passion que je partage avec beaucoup de Québécois, celle de la télévision.
Un loisir auquel les Québécois consacrent en moyenne 24 heures par semaine!
24 heures
C'est le temps moyen qu'un athlète d'élite consacre chaque semaine à son entraînement
C'est l'équivalent de 5 parties de golf par semaine, et ce, 52 semaines par année.
A moins que Tiger Woods ne soit parmi nous, qui, dans cette salle, peut se vanter de consacrer autant de temps à son hobby préféré?
Et combien d'entre vous pourraient se passer de télévision pendant une semaine entière ?
Pour moi, comme pour une majorité de Québécois, la télévision a été, et continue d'être, un formidable instrument de divertissement, d'apprentissage, d'émancipation et d'ouverture au monde.
Son avènement, en 1952, nous a conduit à la Révolution tranquille.
La télévision a profondément modifié notre vision du monde. Elle nous a ouvert de nouveaux horizons. Elle a fait revivre nos traditions et les grands pans de notre histoire. Elle nous a fait voyager d'un bout à l'autre de la planète. Elle nous a fait sentir les arômes des trattoria d'Italie et découvrir les sushis du Japon.
Et elle nous a fait vivre en direct certains grands événements de notre siècle. On n'a qu'à penser à l'assassinat de Kennedy, à la chute du mur de Berlin ou, plus récemment, aux événements du 11 septembre à New-York.
On doit énormément à ce médium.
Mais cette reconnaissance vient malheureusement presque toujours après coup. Une ou deux décennies plus tard.
La plupart du temps, si on se plaît à reconnaître les vertus de la télévision d'hier, c'est pour mieux critiquer celle d'aujourd'hui.
Plusieurs ont parfois la nostalgie des grandes émissions rassembleuses du passé. D'après moi, c'est qu'ils oublient qu'elles étaient rassembleuses par défaut. Quand on n'avait que deux ou trois choix de chaînes, on était forcément plusieurs à regarder la même émission.
Mais était-ce vraiment celle qu'on aurait voulu voir ?
Je vais vous confier une chose. Je suis fils d'épicier. Quand j'étais jeune, mon père ne pouvait offrir qu'un choix très limité de sortes de pain dans son épicerie. Et à l'époque, ça faisait l'affaire de tout le monde!
Aujourd'hui, nous avons accès à des dizaines de variétés de pain, de toute provenance. Chacun peut désormais choisir le pain qu'il préfère, selon ses goûts ou sa diète. Le « pain blanc mou qui colle au palais » n'est plus seul sur les étalages. Mais qui s'en plaindrait ? Qui voudrait revenir en arrière ?
Pas grand monde, que je sache. Et sûrement pas moi !
Il en va de même pour la télévision. Elle offre maintenant un éventail de choix d'émissions absolument incomparable avec celui qui était le nôtre il y a 10 ou 20 ans.
Non seulement la diversité s'est accrue mais la qualité a aussi augmenté, quoi qu'en disent les nostalgiques!
Pourtant, dans certains milieux intellectuels, il est souvent de bon ton de décrier la télévision actuelle, de souligner toutes ses faiblesses, en passant soigneusement sous silence tous ses apports positifs. Combien de fois entendons-nous dire qu'il y a 50 canaux accessibles et « rien à la télévision ». Je dis foutaise!
En fait, il y a une certaine gêne à avouer qu'on aime la télévision
à reconnaître qu'elle enrichit nos vies.
Vous avez sans doute remarqué que ce n'est pas mon cas.
J'aime en faire comme j'aime la regarder. À mon sens, la télévision d'aujourd'hui est plus stimulante que jamais. Et elle joue toujours un rôle moteur dans le développement de la société québécoise.
Je ne nie pas, bien sûr, que la télévision ait aussi ses lacunes. Mais je m'insurge contre la tendance à mettre systématiquement en évidence les aspects négatifs de la télévision.
Vous savez, Montréal se vante à juste titre de présenter annuellement plusieurs grands événements internationaux qui attirent ici des centaines de milliers de visiteurs et génèrent des retombées économiques extrêmement positives.
Or, sans droits de télévision, aucun événement sportif d'envergure ne pourrait survivre, qu'il soit ponctuel, comme les Internationaux de tennis ou le Grand Prix de Formule 1, ou saisonnier, comme le hockey ou le football.
Et plusieurs grands événements culturels comme le Festival de Jazz ou Juste pour rire - ne se seraient pas développés comme ils l'ont fait, sans les droits de diffusion versés par la télévision, qui représentent une part significative de leur financement et de leur rentabilité.
Récemment, Daniel Lamarre du Cirque du soleil rappelait que c'est la diffusion d'émissions de télévision consacrées aux spectacles du Cirque qui lui a ouvert de nouveaux marchés à travers le monde et qui contribue à faire vendre les billets des spectacles. Des émissions produites ici, pour les diffuseurs d'ici, qui, une fois vendues à l'étranger, sont devenues les accélérateurs de l'expansion phénoménale que connaît cette entreprise à l'échelle internationale.
Et cela est vrai pour une multitude d'autres secteurs d'activités.
On se gausse souvent des nombreuses émissions que la télévision consacre à la cuisine, aux vins et fromages, à l'alimentation en général. Mais qui peut nier que ces émissions ont largement contribué à modifier, de façon positive, les habitudes alimentaires des Québécois ?
Sans compter qu'elles nous ont fait connaître une foule de produits du terroir, et ainsi contribuer à l'essor de l'industrie agroalimentaire québécoise.
Je pourrais multiplier les exemples de retombées positives de la télévision sur une foule de secteurs d'activités, du commerce au détail à la chanson québécoise. Mais revenons-en, si vous le voulez bien, à l'industrie de la télévision elle-même.
En 2002, la télévision québécoise a réalisé un chiffre d'affaires de l'ordre de 1,2 milliard de dollars. C'est loin d'être négligeable. Et cela se compare avantageusement avec plusieurs autres secteurs industriels qu'on dit majeurs.
Aux seuls titres des salaires, c'est plus de 400 M$ qui ont été versés par les diffuseurs québécois à près de 6000 employés.
Bien que les réseaux conventionnels aient des stations en régions, leurs têtes de réseau, leurs infrastructures principales de production et de mise en ondes, leur personnel de direction, leurs services principaux de ventes et de promotion sont tous basés à Montréal. C'est aussi le cas pour les réseaux spécialisés et payants.
On peut donc supposer que la majorité des dépenses d'exploitation des diffuseurs et des emplois générés par la télévision sont concentrés à Montréal.
Et ce n'est là qu'une partie de l'activité économique générée par la télévision québécoise.
En amont, la télévision québécoise alimente la télédistribution par câble et par satellite. Une industrie qui a réalisé, au Québec, des revenus de l'ordre de 900 M$ en 2002 et qui emploie près de 8 000 personnes.
Les distributeurs par câble et par satellite représentent une source significative de revenus pour la télévision spécialisée et payante québécoise, mais l'inverse est tout aussi vrai.
En effet, une des caractéristiques fondamentales de notre télévision, c'est son extraordinaire popularité, qui ne se dément pas - même si les Québécois ont aujourd'hui accès à une centaine de services de télévision canadiens anglais et étrangers.
À l'automne 2002, les 21 réseaux de télévision canadiens de langue française - c'est-à-dire les 4 réseaux conventionnels, les 16 services spécialisés et Super Écran - ont accaparé à eux seuls 90% de l'écoute totale des téléspectateurs québécois francophones.
C'est dire que sans la qualité, le dynamisme et le pouvoir d'attrait de notre télévision, l'industrie de la télédistribution au Québec ne serait pas ce qu'elle est aujourd'hui.
En aval - et c'est très important - la télévision québécoise alimente toute une industrie de production indépendante. Une industrie qui est la source principale d'emplois et de revenus pour une foule d'auteurs, réalisateurs, techniciens et artistes-interprètes de chez nous.
En 2002, on a tourné au Québec pour plus de 1,4 milliard de dollars de productions audiovisuelles.
Les experts estiment à près de 40 000 le nombre d'emplois directs et indirects générés par cette activité de production. Auxquels s'ajoutent les emplois générés par les activités de programmation, de distribution, d'exportation et de télédistribution.
Encore une fois, c'est à Montréal que se concentre très fortement cette production : c'est donc là que se concentrent du même coup les retombées économiques directes et indirectes.
Et c'est la télévision québécoise qui est le moteur de ce secteur, puisque la production d'émissions de télévision représente plus de 70% du volume total de productions audiovisuelles.
C'est en grande partie grâce à cette masse critique de productions que le Québec dispose d'un imposant bassin d'acteurs et de techniciens, ainsi que d'une infrastructure de services techniques de grande qualité. Et ce, aussi bien dans les secteurs traditionnels que dans les domaines de haute technologie.
Au total, la contribution de l'industrie de la télévision à l'économie québécoise, et tout particulièrement à celle de Montréal, s'élève donc à plus de 3 milliards de dollars et à plusieurs dizaines de milliers d'emplois.
Je voudrais maintenant attirer votre attention sur deux caractéristiques de cette contribution significative de la télévision à l'économie québécoise et montréalaise.
La première est son caractère permanent.
Dans d'autres secteurs économiques, les efforts consentis pendant plusieurs années pour soutenir une industrie peuvent être annulés par la décision de fermer une usine ou de re-localiser les activités dans un autre pays. Qu'on pense à General Motors à Boisbriand ou à Biochem Pharma/Shire à Laval.
La télévision québécoise, elle, est là pour rester. Ce qu'on bâtit autour d'elle ne risque pas de partir en fumée. Dans le domaine de la télévision, on construit donc sur du « solide » et du « permanent ».
L'autre caractéristique, c'est son taux de croissance annuelle soutenu. Entre 1999 et 2003, le taux de croissance du volume de production audiovisuelle québécoise a été de l'ordre de 50%.
Il s'agit là d'une conséquence extrêmement positive du développement de la télévision spécialisée de langue française, dont les dépenses d'exploitation ont elles aussi crû de près de 50% au cours de la même période.
La télévision spécialisée est un secteur d'activités qui englobe les services spécialisés, la télévision payante, la télévision à la carte et la vidéo sur demande.
Chez nous, la télévision spécialisée a déjà 20 ans! Elle est mature et solidement établie. Elle fait partie du paysage, même si plusieurs la considèrent encore comme une composante de moindre importance du système canadien de radiodiffusion.
Les décideurs gouvernementaux ont généralement tendance à la sous-estimer et à élaborer des politiques pensées et modelées d'abord et avant tout en fonction de la télévision conventionnelle.
Pourtant, les Québécois fréquentent de plus en plus assidûment la télévision spécialisée.
Combien d'entre vous savent qu'au cours de la dernière année, les Québécois francophones ont regardé 2,3 fois plus la télévision spécialisée de langue française que le réseau français de Radio-Canada, par exemple ?
Combien savent qu'individuellement plusieurs chaînes spécialisées québécoises - dont Super Écran, Vrak.tv, RDS et Télétoon - ont réalisé chacune des parts de marché supérieures à celle de Télé-Québec, pourtant accessible gratuitement à plus de 98% des foyers québécois ?
Combien savent que, chaque année, la télévision spécialisée de langue française verse aux producteurs indépendants québécois, en droits d'acquisition d'émissions, 3 fois plus d'argent que le réseau français de Radio-Canada ? Et qu'elle leur verse 25% plus d'argent que ne le font ensemble TVA et TQS ?
La contribution de la télévision spécialisée québécoise à l'économie générale de la télévision est donc très loin d'être marginale.
Elle occupe en fait le premier rang en ce qui a trait au développement du secteur indépendant de production et elle accapare près de 30% de l'écoute des téléspectateurs québécois.
Et qu'on ne vienne pas me dire que la télévision spécialisée ne produit que des émissions à rabais et favorise le nivellement par le bas.
S'il est vrai que nous avons développé, avec les producteurs indépendants, des modèles économiques de production très performants, qui font l'envie de nos collègues du Canada anglais, il reste néanmoins, à titre d'exemple, que le budget de production de la série dramatique Hommes en quarantaine diffusée à Séries le printemps dernier était plus élevé que celui de La vie, la vie diffusée par Radio-Canada au cours de la même saison.
Et il semble bien que la qualité était au rendez-vous puisque Hommes en quarantaine s'est méritée 8 nominations aux prix Gémeaux 2003.
Par ailleurs, en dépit des prophètes de malheur qui parlent sans cesse de saturation du marché, les parts d'écoute de la télévision spécialisée ne cessent de croître. Elles ont augmenté de 12% en 2003 par rapport à l'année précédente.
Et je me permets de souligner que la croissance d'écoute qu'ont connu les chaînes spécialisées dont je m'occupe a été encore plus forte, en fait de 16%. Sans oublier les recettes publicitaires qui, elles, ont connu une croissance encore plus spectaculaire de 33%.
Ça, c'était le message du commanditaire!
Pourquoi cette croissance ? Parce que la télévision spécialisée répond efficacement aux besoins des téléspectateurs comme des annonceurs.
Nous vivons dans une société où les choix sont abondants mais où le temps nous est compté. En télévision, cela se traduit par un désir d'accéder rapidement à une masse critique d'émissions qui rejoignent nos attentes les plus spécifiques, et ce, au moment qui nous convient le mieux.
C'est précisément ce qu'offre la télévision spécialisée: avec sa programmation extrêmement variée, regroupée en fonction de thèmes ou de publics cibles, avec ses rediffusions fréquentes à diverses heures du jour et de la nuit, ou encore grâce à un accès transactionnel à la pièce.
C'est clair. Il faut désormais composer avec la télévision spécialisée et reconnaître son apport inestimable à la dynamique de l'industrie de la télévision.
On ne peut parler de l'industrie de la télévision, sans évoquer l'apport des fonds publics à son financement.
Cet apport, il est réel, significatif et essentiel.
En 2002, près de 460 M$ ont été consacrés par les gouvernements en soutien au fonctionnement des diffuseurs publics de langue française ou à la production d'émissions québécoises de télévision.
C'est en grande partie grâce à cet apport :
- que la télévision québécoise connaît un tel succès;
- que les réseaux de télévision d'ici accaparent 90% de l'écoute totale des Québécois;
- que 28 des 30 émissions les plus écoutées chaque semaine sont québécoises;
- que la télévision peut apporter un appui déterminant à l'ensemble des industries culturelles québécoises.
Compte tenu de l'apport économique, social et culturel de la télévision à la société québécoise, une telle contribution gouvernementale apparaît tout à fait justifiée. Et elle est sûrement très inférieure aux revenus que tirent les gouvernements des retombées économiques suscitées par cette activité.
D'autant plus qu'à l'heure actuelle, les efforts qui sont consentis profitent majoritairement à la télévision publique. Il n'en revient que très peu à la télévision privée, qu'elle soit conventionnelle ou spécialisée.
En effet, sur les 460 M$ de contribution gouvernementale évoqués plus tôt, il faut savoir que plus de 60% ont été versés en subventions de fonctionnement à des producteurs ou diffuseurs publics, comme Radio-Canada, Télé-Québec et l'ONF.
Un peu moins de 40% va au soutien de la production d'émissions québécoises indépendantes. Les sommes en question se partagent entre émissions destinées à la télévision publique et à la télévision privée.
Or, on peut estimer que les émissions destinées à la télévision publique accaparent au moins 50% des aides totales consenties aux producteurs indépendants.
En résumé et au total, c'est donc 80% des aides gouvernementales qui sont accaparés par la télévision publique et seulement 20% par la télévision privée.
Ceux qui, par intérêt ou ignorance, s'obstinent à affirmer que la télévision privée est tout autant subventionnée que la télévision publique ne savent donc pas de quoi ils parlent.
Quand on sait que les diffuseurs privés québécois accaparent plus de 70% de l'écoute télévisuelle des Québécois francophones contre moins de 20% pour Radio-Canada et Télé-Québec, on peut se demander si ce ratio est bien équitable ?
Évidemment, ma réponse c'est non.
En fait, les diffuseurs conventionnels privés et spécialisés sont ceux qui contribuent le mieux à rejoindre les téléspectateurs, à maintenir les habitudes d'écoute en français, à renforcer la cohésion de la société québécoise et le partage de valeurs communes.
Bref, les diffuseurs privés de langue française « livrent la marchandise ». Ils génèrent les bénéfices économiques, sociaux et culturels que la société québécoise est en droit d'attendre d'eux et même beaucoup plus.
En cette époque où l'on parle volontiers de partenariat et de partage de risques privé/public, espérons que dans son projet de ré-ingénierie de l'État québécois, le gouvernement aura à cur de corriger cette iniquité.
Avant de terminer, parlons un peu d'avenir.
Au cours des prochaines années, notre industrie devra passer de l'analogique au numérique et à la haute définition.
Voilà un premier enjeu bien réel et de taille, qui exigera des investissements considérables de la part des diffuseurs, et qui ne peut être reporté.
En effet, les câblodistributeurs ne pourront indéfiniment maintenir, comme ils le font actuellement, deux modes parallèles de distribution des services de télévision: l'un analogique, l'autre numérique. Car un tel dédoublement est coûteux, surtout dans un univers où les besoins en bande passante sont croissants et l'espace disponible limité.
Nous vivons dans un univers nord-américain où nous ne pouvons nous permettre de rester très longtemps derrière les innovations qui s'implantent et se généralisent chez nos voisins du Sud.
Il y aurait même des risques considérables à demeurer sur une plate-forme analogique, dans un environnement où le numérique domine. Car cette technologie autorise une interactivité à laquelle la télévision se doit de participer, puisqu'elle lui ouvre de nouveaux horizons et de nouvelles sources de revenus.
Le second enjeu est celui du maintien de la qualité et de la popularité de la télévision québécoise.
Le fait que la télévision québécoise ait aussi bien résisté à la multiplication de l'offre de services canadiens anglais et étrangers nous réjouit et nous inspire, mais nous ne devons pas pour autant nous reposer sur nos lauriers.
La multiplication des services va se poursuivre, la fragmentation des auditoires aussi. Et la recette pour résister sera toujours la même: proposer une programmation de grande qualité :
- qui réponde à des besoins de plus en plus variés
et
- qui exerce un pouvoir d'attrait suffisant pour retenir l'attention et susciter l'appréciation des téléspectateurs de chez nous.
La technologie permettra au téléspectateur d'être de plus en plus en contrôle sur sa consommation télévisuelle. Dans ce contexte, s'il ne trouve pas ce qu'il veut sur nos chaînes, il n'hésitera pas à aller le chercher ailleurs. Et il aura de plus en plus la possibilité de le faire.
Ce qui veut dire que nous devrons:
? continuer d'investir des ressources considérables dans la recherche sur les attentes des auditoires;
? susciter la créativité dans le développement de nouveaux concepts d'émission;
? continuer d'innover dans le développement de nouvelles stratégies de programmation;
? contribuer à la formation d'une main d'uvre qualifiée adaptée aux nouvelles exigences du marché;
? développer avec les annonceurs et les agences de publicité de nouvelles façons de rejoindre les consommateurs et de retenir leur attention.
Cela veut dire aussi, et cela m'amène au troisième enjeu majeur, trouver le financement nécessaire pour assurer la création ou l'acquisition de cette programmation variée, attrayante et de qualité. Ce qui ne sera pas un mince défi à relever.
Cela exigera sans doute que la télévision privée se trouve de nouvelles sources de revenus, complémentaires à la publicité et à l'abonnement. Il faudra aussi qu'elle tire le meilleur parti possible des opportunités offertes par sa nouvelle plate-forme technologique.
Les distributeurs par câble et par satellite, d'une part, la télévision spécialisée, d'autre part, devront tenter de mettre un terme au climat de confrontation qui a souvent marqué leurs relations depuis quelques années. Ils devront essayer de mieux comprendre l'intérêt réciproque que chacun peut tirer du succès de l'autre, développer des projets en commun et s'épauler davantage.
Enfin, comme je l'ai dit précédemment, les pouvoirs publics devront continuer à faire leur part pour soutenir la production d'émissions québécoises de qualité, et s'assurer qu'il y ait un partage plus équilibré de ces argents entre télévision privée et publique.
Si toutes ces conditions sont réunies, je ne doute pas que la télévision québécoise puisse continuer de réaliser de grandes choses et de connaître le succès.
Puisqu'on dit qu'une image vaut mille mots, je m'arrête ici pour laisser parler la télévision
Merci